Cultivons la curiosité
J'annonce, introduction de merde à venir. Ce n'est pas parce que nous sommes jeudi qu'il faut tout de suite penser au titre de Brian De Palma, hein? Gérald Palmade? Gérald du Palmashow? Ah non le truc qui fait "j'étais sur la route toute la sainte journée, je n'ai pas vu le doute en toi s'immiscer", le titre de Gérald de Palma de Majorque. Non, ici c'est sérieux et nous sommes en pleine semaine cinéma, culte qui plus est, ce qui veut dire que ce film est très bon, voir excellent, mais pourquoi donc me direz vous? Surtout si il n'y a pas de chanson du natif de la Réunion (merci wikipédia ^^), vous noterez que j'aurai pu faire une blague sur Saint Denis, neuf trois tout ça, mais non, pas de ça chez moi. Ah oui, j'avais annoncé une intro pourrie. Surtout que là on rigole on rigole, mais le film en lui même, bé ça rigole pas, croyez moi. La route est réalisé par John Hillcoat, avec notamment Viggo Mortensen et Charlize Theron dedans. Dedans le film hein, pas dedans le réalisateur. Bon, on arrête la boutade là. Ce film est une adaptation du roman du même nom de Cormac McCarthy, regardons la bande annonce de ce film qui est une sorte de road movie post apocalyptique jouant beaucoup sur l'émotion. Je l'ai vu en VOST.
Bande annonce VO, vidéo de Cinetrafic.
Un jour le monde se renversa et tout commença à périr. De plus le tremblement de terre a provoquer un incendie, bref, c'est le bordel, et l'on voit un couple dont la femme va accoucher. C'est dans ce climat post apo que nos personnages vont survivre. Premier point, jamais aucun nom ou prénom ne sera cité, on ne sais pas comment se nomment les personnages, comme si ils étaient déjà un peu mort. Ensuite la réalisation joue sur le côté survie du père et son fils, en nous expliquant à travers des rêves flashback comment ils en sont arrivés là. Tenaillés par la faim, notre duo fuit vers le sud en espérant, l'espoir, chose bien fragile qui pousse le père à apprendre à son fils comment se suicider avec le pistolet qu'ils ont en leur possession.
Parce qu'au delà du problème du manque de nourriture, absence totale d'animaux ou de végétaux (le ciel est obscurci par une fumée ou des nuages gris), ce sont les autres survivants, les autres hommes qui représentent un immense danger. La cannibalisme est chose courante, et notre personnage apprend simplement à son fils qu'ils sont les gentils et qu'ils ne mangeront jamais d'autres personnes, ce sont les méchants qui font ça. Ceci peut paraître puéril dit ainsi, mais l'enfant n'a pas eu de vraie éducation, il est né le premier jour de la fin, ou proche de ce point de départ.
Sur cette route, ils essaient de survivre en évitant toute rencontre. Et quand celle ci est inévitable et qu'un homme prend en otage l'enfant, on y voit toute la violence, brute et abrupte, sèche, de ce monde. Le père n'hésite pas à la surprise générale à utiliser son arme, quitte à gâcher une balle (ils n'en ont que deux) et se faire repérer par les autres membres du groupe du kidnappeur.
Que dire de ce passage, presque salvateur pour notre duo, quand ils trouvent un abri anti atomique avec bouffe à volonté, eau potable et plein d'autres choses. Les conserves n'ont jamais été aussi bonnes. Nous les voyons revivre, jusqu'à ce que la peur reprenne le dessus et renvoie les 2 hommes sur la route vers le sud. Il est impressionnant de voir la photographie employée, grisâtre pour le présent, colorée pour les flashback, avec parfois une voiture rouge qui ressort, malgré la poussière dans le présent. Le vide, l'absence d'animaux, voir même de vie, est pesante, presque déprimante, et si l'on constate que le père est plein d'espoir, ce n'était pas le cas de la mère qui abandonna sa famille, voyant que son mari ne lâcherai pas son fils, elle se suicide en partant mourir dans la nature. Voir la valeur d'une bonne paire de chaussure, d'une couverture, ça fait réfléchir sur notre monde de consommation quand même.
L'ambiance avec seulement le vent en fond sonore, ça rappelle les jeux vidéo FallOut, voir, dans une certaine mesure, les ... of the dead de Georges A. Romero. Cette volonté de survivre, de voir ce qui peut se récupérer ou pas, de constater que l'homme reste le plus dangereux pour l'homme. Et ce n'est pas la découverte d'une charnier d'humain amaigri mais vivant, sorte de garde manger pour cannibales qui nous fera changer d'avis. On prend presque conscience de la condition des animaux, élevés pour nous nourrir.
Ici, pas d'action, pas de Rambo qui va enculer à sec les méchants cannibaux, cannibales pardon, non, nos héros sont faibles, frigorifiés, et ne restent vivants que parce qu'ils sont ensemble. Je ne vais pas spoilé, mais la fin est très émouvante, entre la rencontre avec le vieux (on se croirait dans Kaamelott avec Perceval), le voleur aussi, et finalement une toute petite touche d'espoir, et cette réaction normale du nouveau père de famille, bref, tout est juste, rien n'est surfait.
Ici, aucune explication n'est donnée, nous voyons juste un enfant et son père fuir à la recherche d'un nouvel espoir vers le sud, traversant des paysages vides, voir dangereux par moment (quand les arbres tombent sous l'effet d'un nouveau tremblement de terre), nos héros découvrent comment survivent d'autres hommes, en ayant recourt au cannibalisme donc, avec toute l'horreur que cela apporte, la scène de la maison du charnier est haletante, étouffante même, effrayante. Pourtant point de monstre, juste des hommes survivants comme ils peuvent, se sera aussi le cas à la fin, avec le voleur.
Pourquoi est je considère ce film comme culte? Par sa sobriété avec laquelle il nous montre deux personnages survivants à l'horreur de cette fin du monde. Sobre car point d'artifice ici, tout est basé sur la photographie magnifique, et l'interprétation incroyable du duo Kodi Smit-McPhee - Viggo Mortensen, c'est hallucinant de voir un gosse jouer aussi bien. De plus si quelques moments sont larmoyants, on ne nous impose par de chouiner, évidemment, il n'y a pas d'humour, mais des petits moments de bonheur, la découverte du bunker sauvant vraiment le duo. L'histoire ne raconte pas un truc fou, il n'y a rien qui surprendra le téléspectateur, on se contente de suivre ces 2 personnages, en apprenant avec avidité lors de chaque flashback, comment ils en sont arrivés là. Bon, ce n'est pas un film à voir en période dépressive c'est sûr, mais pourtant j'estime qu'il est à voir, pour l'ambiance générale du film, effrayante, et surtout pour ses interprètes qui sont exceptionnels. La fin est triste mais avec de l'espoir quand même. Non non, un film à voir au moins une fois, j'ai adoré.
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