Cultivons la curiosité
Je ne suis pas trop, voir pas du tout western, mais une fois de plus, quand on a la possibilité de voir un film gratuitement grâce au fameux code Canal+ à la demande (si je vous gonfle avec, sachez que ce n'est pas fini), que Inod m'a gentiment offert. Bon, ce The Homesman pourrait faire peur avec son cast de folie, le fait qu'il soit produit par Luc Besson aussi, oui, Banlieue 13 toussa, bref, Western, grand nom du ciné et Besson à la prod, ça à de quoi m'effrayer. Je ne vais pas débattre des qualités de producteur du français, seul point positif, il n'écrit pas le scénar qui est une adaptation du livre de Glendon Swarthout. Tommy Lee Jones est à la réalisation mais aussi a co écrit le scénario. Pas mal quoi. Oh, j'oubliais, autre point sombre, la critique adora ce film à sa sortie, donc me voilà regardant ce film de 2 heures en me disant, je vais pas aimer. Regardons la bande annonce en VOST comme la façon dont j'ai vu ce film.
Bande annonce VOST, vidéo de EUROPACORP.
Nous sommes au milieu du XIXème siècle (putain c'est classe avec les chiffres romains!), aux USA, période Indien toussa. Une femme célibataire tente le tout pour le tout avec son voisin, bientôt trentenaire elle veut se marier, mais est trop rude et autoritaire pour cela. Sa foi en dieu va lui faire prendre la route pour mener 3 femmes folles se faire soigner dans une grande ville. Elle va devoir diriger ce convoi seule, sauf que Briggs est sur son chemin, non pas à la menacer, non, ce vieux personnages est proche de la mort, pendu, ne devant son salut qu'au calme de Brown son cheval.
J'aime bien, je vous spoile les noms d'entrée, mais bon, contre la vie, Mary Bee obtient un compagnon de voyage. Ils sont complétement opposés, elle est droite et autoritaire, lui est plus peinard, plus volage quoi. Ce couple improbable va donc chercher les femmes folles chez l'habitant, voir les différentes familles être plus ou moins déchirées en fonction des caractères est très bien vu... putain c'est con ce que je dis. Bon, au début on ne comprend rien, on découvre les personnages, Mary Bee, puis les 3 folles, tout est haché et complexe à comprendre au début, tout s'assemble bien avec la réunion de tous les personnages. Par contre les scènes chocs ont lieu ici, notamment quand on voit une des femmes jeter son bébé dans les toilettes.... ouch, j'ai du mal à être choqué, mais là, ouch ouch ouch quoi.
Après ce début à la fois brouillon et mou (le dîner entre Mary Bee et son voisin dont j'ai perdu le nom), les voilà enfin partis pour la ville donc, pour 5 à 6 semaines de voyage. Avec un chargement leur imposant un détour, histoire d'éviter les violeurs et les indiens (ou parfois les 2). Sur le papier, ce n'est pas sexy du tout, Briggs a un côté comique, et le fait que son caractère soit opposé à celui de Mary Bee rend certaines situations comique. Pourtant on en rit pas aux éclats, c'est plus un drame qu'une comédie dramatique. Surtout quand on découvre comment les femmes sont devenues folles, la scène de scarification, pourtant calme et presque pudique, est d'une violence, argh.
Pourtant, à travers les pleines désertiques, tantôt glaciales avec son blizzard, tantôt sec avec rien à l'horizon, on suit et s'attache aux personnages, même Mary Bee devient sympathique à essayer de faire la conversation. Bon, sa volonté absolue de service le seigneur est à 2 doigts de lui couter la vie, quand elle veut recouvrir une tombe pour se perdre seule dans le désert pendant 2 jours. Finalement il n'y a pas des masses de danger sur ce chemin, tout juste Mary Bee devra céder son cheval à des indiens et une des femmes folles manquera de peu de se faire violer par un péquenaud qui l'embarquait tranquillou quoi. D'ailleurs la résolution de ce conflit est inattendue. Mais ce qui est le plus inattendu intervient vers 1h15 1h20 de film, un évènement dramatique, suite à l'humiliante scène précédente, enfin je le vois comme ça, je ne spoilerai pas, mais la surprise est totale.
À la suite de cet évènement, nous y découvrirons le lien incroyable qui s'est créé, très émouvante, la scène de la rivière est elle aussi surprenante. Ensuite viendra l'hôtel, avec une certaine tension, une fois de plus la violence employée après sera surprenante, pas les fusillades auxquelles nous nous attendons dans les Western (et encore moins de duels). La fin du trajet et l'arrivée en ville marquent, la ville est verte, prospère, alors que les voyageurs ont galéré, failli mourir de faim, de froid. La différence entre les habitants et nos voyageurs est flagrante. Le film se termine de façon un peu bizarre, peu conventionnelle, mais c'est une très belle fin malgré tout.
Pas ultra bien réalisé, un rythme mou, et pourtant, le jeu des acteurs, le lien se tissant inexorablement entre eux, les grandes étendues désertiques, tout ceci rend le film captivant, c'est le mot juste. Si l'on en ressort pas joyeux ou triste, il reste tout de même une magnifique œuvre, parlant d'un sujet pas évident, surtout sur fond de Western, et en fait il y a plusieurs sujets, le pire étant qu'ils sont actuels encore, le handicap (la folie notamment), la vieillesse, le célibat pesant, la difficulté qu'ont les familles de gérer la folie d'un des leur, l'idée émouvante et sublime de Mary Bee pour que les filles d'une des folles gardent un bon souvenir de leurs maman, bref, pas le meilleur film du monde, et pourtant, j'estime qu'il est à voir une fois, non pas de la posséder, mais même en VOD à 3-4€ il les vaut largement. Par contre n'attendez pas d'action ou d'humour lourd, non, ici tout est dans l'émotion et la subtilité, ce qui ne vous empêchera pas de sourire par moment. Un bon film à voir donc.
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