Cultivons la curiosité
J'ai mis longtemps à me décider de prendre l'intégrale de Six Feet Under, j'avais entendu du bien de la série, et il me fallut une promo sur amazon pour franchir le pas. J'ai découvert comme un con, que Michael C. Hall était un des interprète principaux de ce show, mais passons, et attardons nous sur les treize premiers épisodes. Alors premier point, je suis un gros connard de dire cela, mais quand on lance les DVD, avant de pouvoir lire l'épisode, on se prend une sorte de mélange de scène, en VF... et j'ai eu bobo aux oreilles en entendant Nate se faire nommer Nath, vous ne voyez pas la différence, mais à l'oreille, j'ai manqué de saigner. C'est pour vous dire que faire le transfert VF --> VOSTFr ça va, mais l'inverse est impossible je pense. Je sais, je suis un gros connard de dire ça, et certains préfèrent la VF, mais bordel, ça m'a fait flippé quand même. En fait c'était histoire de rendre cette introduction un peu plus consistante, regardons un trailer de cette série de 2001 créée par Alan Ball.
Vidéo de Justinevids.
Je ne vais pas vous mentir en sortant une excuse genre "je veux pas spoiler" pour expliquer pourquoi cette chronique risque d'être courte (comme ma... euh), disons qu'elle ne sera pas à la hauteur de la qualité du show. Déjà les épisodes varient entre 52 et 59 minutes. C'est con à dire, mais c'est ainsi. Qu'en est-il donc ? On débute lorsque Nathanael Fisher a un accident avec son corbillard flambant neuf. Il est croque mort, ou gère une petite entreprise familiale de pompe funèbre on va dire, il bosse avec sa femme Ruth, son fils David, en sachant que Nathanael Junior a réussi sa vie loin de L.A. pour fonder une boîte de livraison ou je ne sais quoi. Il y a aussi Claire, la jeune femme de 17 ans qui est un peu perdue. Alors que tout ce monde s'apprête à célébrer noël, la mort du père va changer pas mal de chose. On peut y percevoir une sorte d'ironie, d'arroseur arrosé, car ils vont se retrouver du côté de leur client, si j'ose dire.
Bordel, comment c'est un peu bien expliqué, bravo, je crois avoir atteint un sommet de merde, je ne sais pas raconter, mais on va ainsi découvrir tous les personnages, en sachant que le pater sera toujours plus ou moins présent à travers un fantôme qu'imaginent les membres de la famille Fisher. David reste stoïque, comme il en a l'habitude, le jeune homme assistait son père et va devoir reprendre l'affaire en main, avant de découvrir que son père a légué la moitié à lui et l'autre à son frère Nate (ce dernier n'y connait rien en pompe funèbre). Si le premier épisode est un peu délicat à appréhender, entre la façon dont tout le monde apprend la nouvelle, les réactions différentes (David reste calme, Nate pète les plombs), on apprendra doucement à s'attacher à chacun des membres de la famille. Ainsi Claire avait expérimenté le Crystal meth, et c'est en étant stone qu'elle apprendra que son père est mort. Nate lui, dès son arrivé à l'aéroport de L.A., s'envoie en l'air avec une inconnue, ce qui nous fait penser complétement l'inverse de ce qu'il est vraiment. De plus, alors que c'était juste comme ça, un amour puissant naitra entre Brenda et Nate.
Non, mais je raconte trop mal, je ne vais pas essayer d'en rajouter plus. On tombe sur une galerie de personnages aussi géniaux les uns que les autres, sauf qu'au début on s'en fout un peu, on les juges rapidement, David est le chieur de service, Rico (l'employé des Fisher et génie de la restructuration de corps) est le rigolo de service. Nate le beau gosse, Claire l'ado paumée, et Ruth la catho coincée, veuve étant perdue aussi. On ajoute Brenda et sa famille de dingue (dont Billy est fou à proprement parler), Keith le petit ami flic de David, Gabe, qui jouera avec Claire avant de vivre quelque chose d'un peu plus intense avec elle, et c'est déjà pas mal. Car si au début on juge rapidement ces personnages, on s'attache doucement à eux, mais d'un lien fort.
Ainsi je me suis retrouvé comme un con quand David se décoinça enfin, révélant à son frère son homosexualité, ou alors en m'apercevant que Nate est loin d'être le playboy que l'on pourrait croire au début. Même Ruth, la coincée n'est pas si coincée et devient attachante avec sa façon de se chercher. Tout comme Claire, qui est la tête de turc de l'école, surtout quand une sale rumeur de suceuse de doigt de pied viendra à exploser au grand jour.
Ainsi de nombreux, mais genre ultra nombreux, thèmes sont évoqués dans cette série, tellement qu'on a l'impression d'avoir vu 40 épisodes quoi. La mort évidemment, pain quotidien des Fisher, avec les réactions diverses, ainsi quand David et Rico sentent venir le "elle va plonger dans le cercueil", on voit toute l'expérience que ne possède pas Nate. Ce dernier va d'ailleurs assumer sa nouvelle vie, en faisant d'énorme connerie au début, il ira déjeuner avec un corps dans la camionnette notamment. Je trouve que ce personnage est juste le plus intéressant, il est normal en fait, réagit normalement, a envie d'envoyer chier tout le monde à l'enterrement de son père, ne comprend pas pourquoi David est si stoïque, s'amusera de l'homosexualité de son frère, dans le bon sens du terme, à savoir qu'il essaiera de le maquer avec un prof de danse. Et ce n'est pas sans compter sur lui pour aider sa petite amie Brenda, qui a bien des problèmes et dont on se méfie (comme Nate au début).
Et que dire du personnage d'enculé par excellence, à savoir Gilardi, qui, le jour des obsèques du père de David, va lui proposer le rachat de son entreprise par la grande firme Kroehne, enfin je ne sais pas l'écrire, et au début, devant le refus de David, Gilardi va se tourner vers Ruth, puis Nate, manquant de peu d'arriver à les faire signer. Seulement les Fisher décident de conserver le tout, et dès lors ce sera une guerre assez violente, la firme faisant pression sur les fournisseurs des Fisher pour bien les mettre dans la mouise. Au bout d'un moment, on ne comprend pas trop comment ils font, mais les Fisher arrivent à s'en sortir, en s'occupant notamment de la mort d'un homosexuel victime d'un lynchage, et notamment aussi, d'un membre de gang, avec cette scène limite raciste où David et Nate demande à Rico (latino) si il pouvait les aider à accueillir tout le monde, Nate saura trouver les mots justes pour convaincre que des blancs s'occupant d'un enterrement d'un membre de gang mexicain, ça peut être mal interprété.
Ce sont surtout les derniers épisodes qui marquent, entre la mort subite du nourrisson, Rico nous offrant une scène d'une portée émotionnelle puissante, ou alors l'idée que la vie doit prendre le dessus quoiqu'il arrive, notamment via le dernier épisode qui, paradoxalement pour une série se déroulant dans le monde de l'accompagnement de familles meurtries, ce dernier épisode donc est un hymne à la vie, sublime, tout simplement. Et c'est comme ça avant aussi, sauf que là on a pris le temps d'aimer ces personnages, et que ce que l'on apprend sur la fin peut remuer. Ainsi si tout le monde semble avoir trouvé sa voie, il reste quelques questions en suspens, mais je n'en dirai pas plus.
J'ai eu beaucoup de mal à écrire cette chronique, car je sais que je ne serai pas à la hauteur des nombreuses qualités de cette série, saison du moins, si au début on se demande ce que l'on fait là, on arrive à s'attacher à tous les personnages, sans exception, même si je préfère Nate qui est le plus désinvolte, le plus normal, le plus génial dans ses réactions, Ruth, Claire, Gabe, David, Keith, Rico, tous, vous allez tous les aimer à leurs juste valeur. Les thèmes principaux sont la mort (et comment affronter la perte d'un être cher), mais aussi l'église, l'homosexualité, la folie, l'adolescence, le côté impitoyable de la société avec le gros groupe voulant écraser les Fisher (ouais je n'ai pas trouvé le mot pour décrire ça). Il y a aussi le couple, à travers Ruth notamment, et bien sûr la joie de vivre, la volonté de se dire que l'on s'aime tant que nous sommes vivant. La série oscille entre comédie et drame avec une justesse exceptionnelle, ce qu'il faut de pudeur, même si par moment on nous montrera des plans nichons, notamment cet éloge funèbre hilarante d'une star de porno, avec Nate disant "je la connais", enfin bon, une série à découvrir urgemment, une claque qui vous fera rire, vibrer, pleurer, et même vous poser des questions existentielles. On en ressort chamboulé, mais putain que c'est bon, à voir, en VOSTFr si possible, et à posséder dans aucun problème, j'ai adoré.
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