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Cultivons la curiosité

Reservoir Dogs

Reservoir Dogs

Quelques années avant l'immense succès de « Pulp Fiction », Quentin Tarantino sortait son premier film. C'était en 1992, avec un cast impressionnant, mélangeant anciennes gloires du cinéma et petits nouveaux. J'en parle au masculin car, dans ce film du moins, les femmes sont presque absentes. Abreuvé dans sa jeunesse de cinéma dit « de genre », il en a gardé une connaissance qu'il n'hésite jamais à étaler à travers des dialogues racontant tout et n'importe quoi, mais étant toujours passionnants. Dès ce premier film, la « touche » Tarantino est présente.

 

Amoureux inconditionnel de certaines musiques des années 70, amoureux du cinéma de cette période, le jeune Tarantino a connu les programme double « Grindhouse », mais aussi la Blaxploitation, à laquelle il rendra un superbe hommage avec « Jackie Brown ». La particularité de ce réalisateur/scénariste, est de mettre ses personnages dans des situations classiques, où ils discutent de tout et n'importe quoi, permettant, au passage, à son auteur d'étaler sa science. On pensera à la discussion dans la voiture où Mr. Orange dit que Pam Grier a joué dans le film, pas la série, fô pô confondre. Ceci parmi tant d'autres.

 

Le film débute par une discussion enflammée autour de la symbolique de « Like a Virgin » de Madonna. Le scénariste/réalisateur aime bien apparaître dans ses films, ce sera la cas ici sous les traits de Mr. Brown, qui part dans un délire de bite tellement grosse que la Madone déclare avoir mal comme si elle était vierge. Cette conversation est inutile. Oui, on y découvre nos futurs braqueurs, qui ne se connaissent pas, et se nomment avec des noms colorés, on perçoit qui est le chef de cette bande, mais en vérité on n'apprend rien. Pourtant, à travers la réalisation, le jeu des acteurs, et la façon de découper tout cela, on se retrouve captivé comme devant un banc de poisson, la bouche grande ouverte.

 

C'est la force de Quentin Tarantino, avec un dialogue qui, sur le papier, paraît nul, insipide, inutile, une fois mis en image il devient captivant. Il en sera de même avec la station de radio ne diffusant que des titres des années 70, où un des hommes déclare déclare avoir enfin compris le sens de la chanson. Mais bon, j'oubliais presque de vous en montrer une petite vidéo.

Vidéo de Films YouTube.

Petit film rendant hommage au cinéma Noir, avec des braqueurs charismatiques à fonds, c'est surtout le cast qui vaut le détour, le scénario n'ayant rien de révolutionnaire, et encore moins de nos jours. Ainsi, nous suivons l'élaboration d'un casse, en passant tantôt après celui-ci, et souvent en remontant le temps pour mieux voir comment nos braqueurs ce sont rencontrés. Ici, Tarantino exploite à merveille l'unité de temps, en ne se concentrant que sur un personnage dans certain flashback. On voit rapidement que cela s'est mal passé, et que Orange pisse le sang, tandis que White cherche une solution.

 

La majeure partie du film a lieu dans cet entrepôt pourri dans lequel Orange (Tim Roth) perd rapidement connaissance après avoir fait part de sa panique de mourir auprès de White. On y apprend que Brown (Quentin Tarantino) est mort, Blue (Edward Bunker que l'on voit très peu) porté disparu. Mais surtout que Blonde (Michael Madsen) est un taré qui a la gâchette facile, ce qui précipita la troupe à déguerpir en catastrophe. Heureusement Pink (Steve Buscemi) a les diamants et les a caché. Je ne dis jamais à propos de tel ou tel acteur qu'il est excellent dans ce film. Car ils le sont tout simplement tous. Harvey Keitel dans le rôle de White le patriarche, éblouissant, Michael Madsen jouant le cinglé, qui va vous faire frémir en entamant une danse sur « Stuck in the middle with you » avant de torturer un flic, brrrr, j'en ai encore la chair de poule tant l'opposition chanson légère, danse comique et acte horrible est brillant.

 

On découvrira que parmi la fine équipe montée par Joe, une des couleurs est en fait un policier infiltré. Tout le jeu consistera à découvrir qui, rapidement, car le réalisateur nous dévoile assez tôt son identité en vérité. Avec tout ce que cela implique pour arriver à intégrer cette équipe. Le coup de l'histoire des toilettes à savoir par cœur, surtout les détails, est exceptionnelle. Ici aussi ça n'apporte pas grand chose en fait, même si du coup le gars gagne la confiance des truands avec ça, honnêtement c'est une scène dont la plupart des réalisateurs se passent, mais pas Tarantino. Ici il en fait quelque chose d'important, mieux, de vital. Si le flic veut survivre, il va falloir qu'il apprenne à jouer son rôle, à se souvenir du moindre petit détail, à bien raconter. Le réalisateur se permet même d'en faire un faux flashback, vu que l'histoire n'a jamais eu lieux. C'est juste exceptionnel et ça résume bien ce film, c'est à travers des petits détails que le film s'avère être immense.

 

La violence est très présente. Entre Orange qui tapisse la banquette arrière d'une voiture avec son sang (ce avant la boulette du personnage de John Travolta dans « Pulp Fiction »), et ce même personnage qui crée une flaque de sang immense à force de se vider, le film est sanglant. Et si le coup de l'oreille est filmé hors champ, on souffre malgré tout. Les fusillades sont courtes, mais toutes aussi sanglantes. Pourtant, ça n'est pas gore. Le tout passe aisément et indique bien que les truands sont prêts à tout pour sauver leurs peaux.

 

En 95 minutes, Quentin Tarantino arrive à nous faire ressentir de l'empathie pour des gangsters violents. Ce à travers des dialogues souvent inutiles, mais qui les rendent humains en vérité. Le tout est réalisé, monté et dirigé avec un immense talent. Le cast est faible en quantité, mais immense en qualité. Le scénario simple, mais la narration découpée à travers le temps (on voit le casse, la préparation de celui-ci mais aussi une fois qu'il a été fait), la musique aussi, bref le tout nous fait dire que oui, ce film mérite d'être considéré comme culte. Il doit tout simplement être vu et possédé, en DVD ou BluRay, peu importe. Avec pas mal d'humour (sur la dénomination des truands notamment, Pink ne veut pas être Pink...), ce film est un bijou à voir et revoir sans concession, j'adore.

 

@+

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