Bomber X

Durant ma jeunesse, j'ai pu bouffer pas mal de programme, mais une série avec des marionnettes m'avait particulièrement marqué. Je n'ai jamais pu mettre le nom dessus, jusqu'aux soldes de juin 2018. En effet, pour 10€ voilà la possibilité d'avoir une série intégrale de Science-Fiction, avec des marionnettes. « Bomber X » est son nom, et c'est sans avoir la certitude que c'était cette série qui m'avait plu que je me prends le coffret.

24 épisodes, 4 DVD, format 4/3 et VF obligatoire. D'accord. Un épisode dure environ 24 minutes, et voit un générique franchouillard attribué. Lionel Leroy le chantera et nous verrons qu'il est au niveau de la VF, à savoir puéril et blindé de cliché, mais passons. Car en fait cette série est avant tout une création, ou du moins inspirée d'une idée, de Go Nagai, le créateur de « Mazinger » ou « Goldorak ». Le principe pompe allégrement « Les Sentinelles de l'air », mais en plus sérieux.

Vidéo de tomaok.

2999, le monde est en proie à l'Empire Uranor qui n'est pas content et veut tout péter. Allez savoir pourquoi, l'Empereur envoie sa meilleure lieutenant, Gorgona, assistée par Carzule, détruire la Terre. Non, pas détruire, nous apprendrons qu'ils viennent chercher « Force Wouane » ou plutôt « Force one ». Après la destruction de la première ligne de défense du système solaire, sur Pluton, la Terre demande au professeur Ben si son arme révolutionnaire, le bombardier X est finie ou non. Euh, pas tout à fait, mais après tout ils n'ont qu'à lui envoyer de jeunes recrues et il accélérera la fin de la construction de cette arme.

Du coup, voilà Cyril, Léo et Éraclès. Tout juste sortis de l'école, les trois jeunes vont devoir faire équipe et apprendre à maîtriser l'imposant Bomber X. Chacun aura sa fonction, Cyril (avec son casque Shiro pourtant, la VF nous mentirait-elle ?) se charge des propulseurs, Léo pour les communications et la trajectoire et Éraclès l'armement. Ben ne sert à rien, si, à faire le chef en fait. Oh, et il y a PPA (sans D), un robot qui pompe Nono de « Ulysse 31 », mais en plus violent. Alors qu'ils font connaissances, ils terminent les travaux pour rapidement intercepter Gorgona.

Cependant, la première sortie est un échec et le fleuron de la défense Terrestre se retrouve coincé sur la Lune, comme un étron qui ne veut pas s'évacuer. Ils seront alors rejoint par Floriane (putain on nous sort tous les prénoms les plus pourris du monde ou quoi ?), accompagnée par son garde du corps, une peluche à mi-chemin entre le Yéti et un Insecte. Raspoutnik est son nom. Si. Non, ce n'est pas une blague. Et attention, pas touche à Floflo sinon c'est un tarte dans ta gueule.

L'équipe enfin au complet, ils arrivent à repousser Gorgona après une lutte intense. La Terre est sauvée, mais pour combien de temps. On découvrira qu'il sera question de « Force One », que les ennemis veulent obtenir afin de dominer la Galaxie, car cette force mystérieuse (on ignore ce que c'est) marquera la destruction de Uranor une fois le prochain millénaire atteint, soit dans moins d'un an.

Contrairement a ce que le langage châtié et les prénoms rigolos laissent penser, c'est une série violente. Ici des personnages vont mourir, surtout dans la seconde partie. En plus, on découvrira tardivement que Cyril, Léo et Éraclès sont les pilotes de vaisseaux qui, une fois assemblés façon « Bioman », devient le Grand Dan. Pour Daniel ? Je ne sais pas. En tout cas ce n'est clairement pas une série conventionnelle.

Déjà, l'équipage passe pas mal de temps à réparer le vaisseau, ce qui fait bizarre, on n'a pas trop l'habitude de voir une telle perte de temps. En plus les personnages possèdent leur caractère. Ainsi Éraclès gueulera souvent sur Cyril (qui est un peu con aussi fô avouer). Je repense aussi à cet épisode où Floriane demande à l'équipage de ne pas faire de mal aux animaux de je ne sais plus quelle planète, seulement les peluches empêchent le Bomber X de décoller. Là Éraclès va insulter (de façon châtiée) Cyril, ce dernier tuera les peluches après avoir longuement hésité. Oui bah ça surprend, et ceci n'est qu'un détail. Quand le jeune homme se retrouve à affronter son ancien mentor, passé à l'ennemi, ou qu'il ne respecte pas les ordres de son supérieur et aide Floriane dans une mission limite suicide, autant de situation montrant que nous sommes pas dans le monde des Bisounours, que le danger est présent.

Bizarrement, les épisodes se suivent, mais ne se ressemblent pas trop. Oui, à chaque fois il y est question de lutter contre Uranor, mais avec des pièges et des tentatives mesquines. Un petit défaut à noter, la triche en terme de narration, qui se servira 2 fois d'images déjà vues pour en faire un épisode flashback complet. Un épisode pour les méchants, où ils frôlent le châtiment ultime de la part de leur grand chef, très grand chef, immense même, sa tête est énorme. Et donc un autre épisode pour les gentils, quand Cyril, je spoile, regrette d'avoir tué son mentor. Disons que nous avons donc plutôt 22 épisodes que 24. Mais bon, ça fait une pause dans la série, et voir Gorgona et Carzule supplier l'Empereur de donner une chance supplémentaire, c'est marrant.

Bon, à un moment viendra s'ajouter un vaisseau bizarre, avec des voiles, le Céphale, qui aidera bien les Bomber X et dont nous découvriront l'équipage et son chef tardivement. Au point de vue du scénario, ça reste donc de la Science Fiction Japonaise classique. Vous connaissez « San-Ku-Kai », « Bioman » ou « X-Or » ? Vous ne serez pas dépaysé, aussi bien par la fin, abrupte, un peu violente, que par les éléments des effets spéciaux ou les subterfuges employés par moment. Ce n'est pas immense, mais on passe par différentes étapes intrigantes et maintenant la téléspectatrice ou le téléspectateur en haleine.

D'autant que techniquement, le principe des marionnettes fonctionnent à merveille. Je ne parle même pas des explosions, du feu, des rayons lasers. Que dire aussi des vaisseaux ? Sublime. Le bombardier X me fait penser à une dinde qui vole, mais aussi au vaisseau mère de l'unité d'élite « StarFox », le jeu de Nintendo a dû s'inspirer du Bomber X, je ne vois pas d'autres possibilités. Les marionnettes bougent parfaitement, sauf le problème des mains, mais ceci est normal. Les lèvres bougent, et donnent l'illusion de vie qui impressionne. La chorégraphie des combats est bien menée, et que dire du Grand Dan, parfait aussi, permettant de faire le lien avec les Sentai. Si « San-Ku-Kai » avait pompé intelligemment « Star Wars » (nous en parlerons plus tard, mais ce n'est pas qu'une simple copie), le film de George Lucas (je parle bien de « Un nouvel espoir ») est ici cité à travers les tourelles du Bomber X. On croirait voir Han Solo par moment, tant c'est copié-collé.

Oui, le programme est fort alléchant, en plus on retrouve une âme d'enfant avec ces images de maquettes, marionnettes ou homme en costume (pour le Grand Dan) qui se mettent sur la gueule. Mais au point de vue du son, là nous sommes dans une autre dimension. Pour être poli je dirai que c'est le délire de « City Hunter » / « Nicky Larson » mais avec un langage de professeur de français un peu coincé. J'ai entendu ici des expressions inexploitées depuis au moins deux siècles. Ceci plus le fait que l'on sent les doubleurs et doubleuses contraints de s'adresser à des enfants, ça donne un truc, un OVNI, bizarre. Déjà Raspoutnik. Raspoutine qui rencontre Spoutnik. Sérieux ? Puis les engueulades qui ne fonctionnent jamais. Sans parler de Floriane, déjà que la marionnette et ses yeux tombants, semble avoir fumé un paquet de bédos, la VF est molle, cela en est presque énervant. Je préfère esquiver le cas de Cyril, archétype même du héros qui parle doucement et énerve, pourtant il me semble que c'est le doubleur de Seiya dans « Les Chevaliers du Zodiaque », mais je ne puis l'assurer. J'ai perdu le nom que Cyril donne au « pas gentil » Empereur du mal à la fin, mais j'ai manqué de m'étouffer. Alors oui, on ne peut pas trop critiquer une VF issue d'un temps où il y avait peu de moyen pour cela, mais je regrette que Kaze n'est pas proposé la VOSTFr, surtout que l'histoire est prenante en fait, et que techniquement je retombe en enfance.

Si la série est connue en Angleterre, c'est peut-être parce qu'elle a été mieux doublée que ce que nous avons eu. La VF a l'exploit de rendre les personnages encore plus énervants et cons. Ce langage soutenu, le fait que le ton ne monte jamais pendant les engueulades, ça dégrade le contenu visuel je trouve. Celui-ci est bon, intéressant à voir, mais possède-t-il un vrai intérêt aujourd'hui ? Honnêtement non. Je préfère (re)voir « San-Ku-Kai », qui n'a pas trop mal vieilli, plutôt que de me faire « Bomber X ». Pourtant, il subsiste des choses intéressantes. Le fait que le vaisseau ne se répare pas seul, les galères par lesquelles passent l'équipage, mais aussi les galères des ennemis. Sans parler des tensions entre membres d'équipages, mais aussi des nombreuses pertes en fin de série. Tout bascule quand Cyril est contraint de tirer sur les peluches (dont j'ai oublié le nom, pardon), là on se dit que cette série n'est pas forcément destinée aux enfants. C'est pourquoi la VF molle et légère, trop châtiée, déçoit. Ne parlons pas du générique, digne des programmes jeunesses des années 80-90, donc pauvre et dont les paroles ne veulent rien dire, comment Cyril, Éraclès et Léo peuvent-ils être fier de Bombombeur ixe ? Passons. Au final c'est une série de Science-Fiction avec des marionnettes, maquettes, homme en costume, ayant les codes du Sentai mais aussi du Tokusatsu, à savoir série à effets spéciaux. Ceux-ci fonctionnent bien, même si ils ont un peu vieilli il faut reconnaître. Honnêtement, sans le côté nostalgique (donc si vous n'avez pas connu petit.e), cette série n'a aucun intérêt. Oh, ça se regarde, mais sans plus. Sauf si vous le trouvez en VO, peut-être que l'intérêt y est supérieur, je ne sais pas. Quoique le combat final, qui débute de façon grandiose, termine de façon risible. J'ai moyennement aimé. Et ne compte pas la revoir.

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