Stuntman

Qui n'a jamais rêver d'être Pouf le cascadeur. Bon, d'accord, le personnage joué par Pierre-François Martin-Laval avec la troupe de comiques « Les Robins des bois » n'est pas un exemple parlant, mais franchement, petit.e vous ne vouliez pas être « L'Homme qui tombe à Pic ». La série hein ? D'où le fait que je ne dis pas la femme, d'accord. Et bien Reflections Interactive, bien connu pour les « Destruction Derby » et « Driver », sort en 2002, sur PlayStation 2, un jeu nous mettant dans la peau d'un cascadeur. Vous allez devoir accomplir des tâches dangereuses, dans un temps donné, tout en étant spectaculaire. Tout un programme. Mais d'abord une petite vidéo.

Vidéo de alexp37.

Le programme sera imposant. Déjà, on peut s'entraîner à travers différentes épreuves, permettant de maîtriser la conduite, assez proche de « Driver » pour le coup. Si vous vous rappelez le tout début de ce jeu, vous aurez une impression de déjà-vu. On pourra aussi faire son propre spectacle de cascade, comme il en existe tant aux USA. Cependant il faudra débloquer des objets en jouant au mode principal, dans lequel on doit tourner des scènes.

En terme de graphisme, le jeu est joli je trouve. Bon, par moment il y a du clipping, mais rien de méchant. On arrive bien à discerner les indications du trafic par exemple. Celles-ci ne sont pas toujours claires, mais j'y reviendrai. En terme de mode de jeu, il n'y a pas grand chose, mais entre accomplir les épreuves pour s'entraîner et le mode de jeu principal, vous en aurez pour quelques heures, ou dizaines d'heures si, comme moi, vous galérez.

Manette en main, ça répond bien. Et la VF n'est pas trop mauvaise, enfin, sauf concernant les indications, mais j'ai dit que j'y reviendrai. Que dire de plus donc, bah le concept est original, marrant sur le papier. Bénéficiant de l'expertise de Reflections Interactive, les « Destruction Derby » et « Driver » ne sont pas trop mauvais et plutôt drôles, quoique imparfaits, et c'est ce que nous allons voir après les jolies photos qui suivent, ici, les imperfections sont particulièrement rédhibitoires.

Car si les autres modes de jeu sont rigolos, mais trouvent vite une limite, le principal attrait du jeu vient de son mode histoire. Vous allez passer de tournages en tournages, de Londres à Shangaï, avec donc 6 films différents à faire, et 4 ou 5 épreuves pour chacun d'eux. Petite cinématique rigolote présentant le film, celui de gangster à Londres, un pseudo « Shérif fais-moi peur » aux États-Unis d'Amérique, ou le film de pure action en Asie. Je ne connais pas les trois autres car j'ai abandonné sur ce dernier, et voici pourquoi.

La cinématique introductive du film est sympa. Puis, avec le moteur du jeu, on voit des bribes du plateau, avec votre personnage qui explique de façon sommaire, ce qu'il va faire. Et vous voilà sanglé dans votre véhicule. Euh, je vais où, c'est quoi les commandes, où est la prochaine cascade ? Voilà le genre de question que l'on ne cessera jamais de se poser tout le long du jeu.

Sachez déjà qu'il n'y a pas de briefing, même sous forme de texte, non, rien, vous ne savez pas le nombre de cascade à faire, le timing nécessaire, et donc à vous de vous démerdez quand vous êtes en face de l'obstacle. Pire, personne ne vous dira que pour la nitro c'est L1, ou je ne sais quelle autre indication précieuse.

Encore, l'absence de briefing pourrait aller, sachant que le réalisateur nous parle en permanence, et que des indications apparaissent à l'écran. Sauf que la voix arrive souvent trop tard, par exemple quand il faut aller sur la gauche ou la droite, nous l'entendons à retardement, résultat on échoue, et on ne peut jamais anticiper quand on découvre ce qu'il faut faire. Du coup on échoue. Tout le temps. Pire, le jeu pardonne peu l'erreur, alors quand il vous faudra prendre le train avec votre votre voiture, que ce soit sur son toit, ou pour le traverser, soyez prudent.e mais pas trop. La moindre erreur et c'est l'échec.

Les scènes durent environ 1 à 3 minutes maximum. Mais pour bien comprendre ce qu'il faut faire, savoir les conneries à ne pas faire, il vous faudra recommencer au moins une dizaine de fois. Pour ma part c'est plus, mais c'est parce que le jeu m'énerve rapidement. Quand vous maîtrisez un passage, méfiez vous, le moindre petit coup de volant peut vous envoyer contre un lampadaire invulnérable, gâchant la scène.

Si justement les scènes paraissent courtes, à force de les recommencer elles vous énerveront. On se dit que l'on en a pas pour longtemps, puis 30 minutes après on recommence pour la vingtième fois la scène car un défaut de la route, que vous n'aviez jamais vu jusque là, se montre à cause d'un tout petit coup de volant de merde. Ou alors un passage hyper facile que vous réussissiez tout le temps, se transforme en parcours du combattant car vous êtes à deux doigts de péter la manette de rage.

Là, vous vous dites que je suis une grosse tanche qui ne sait pas marcher sur l'eau. Les tanches ça nage, ça ne marche pas. Logique. Vous vous dites ça car une petite icône bien pratique vous indique le véhicule à doubler, la barrière à péter, et toutes autres cascades. De plus, des flèches vertes vous permettent de connaître le virage à prendre et ainsi toujours savoir où aller. Certes. Sauf que là aussi, comme pour la voix du réalisateur, c'est souvent en retard. Les flèches vertes parfois ne sont pas assez grandes pour indiquer précisément la direction à prendre. Si les icônes jaunes sont visibles, elles ne s'activent qu'après avoir passé (avec succès ou non) la cascade précédente. Il aurait fallu les afficher tout de suite, afin de pouvoir anticiper. Surtout que parfois le plateau de tournage est un peu grand, sans flèches vertes, et du coup vous vous retrouver à partir à droite alors qu'il fallait aller à gauche, bravo le veau comme dirait l'autre.

Bref, je ne vais pas m'étendre des plombes sur ce jeu qui, de toute façon est raté. L'idée est plaisante, les intentions sont bonnes, sauf qu'un décalage tardif dans les annonces de cascade, et une obligation d'être presque parfait pour les réaliser, tout ceci rend le jeu stressant, énervant, frustrant. Recommencer 30 fois une scène prenant 1mn30 parce que l'on est pas parfait au poil de fion, ça pète les nouilles croyez moi. Le pire est qu'un simple briefing, même sous forme de story board, ou la possibilité de manœuvrer sur la plateau afin de se familiariser avec les lieux, ceci aurait permis de rendre le jeu moins élitiste, rendant la joueuse ou le joueur moins aveugle, non-voyant.e pardon. Vous voulez que tout soit calqué au poil de fion, d'accord, c'est difficile, mais pourquoi pas, alors donnez nous la possibilité de préparer comme il faut la scène, pas juste en nous montrant un ou deux éléments du décor où l'on nous indique rapidement la dangerosité du truc. Comme quoi ça tient à peu de chose. Car quand vous lancez la scène, vous pouvez être sûr.e que vous n'y arriverait pas du premier coup, ou alors vous êtes extrêmement balèze. Un beau jeu, avec une idée originale, mais qui s'avère être injouable la faute à une absence de préparation, et un décalage immonde dans les indications. Passez votre chemin. Je crois que sa suite de 2007, « Stuntman Ignition » est pire. À éviter donc.

@+