Babysitting

Tout d'abord, merci, merci d'avoir tout de même accepter de lire cet article, merci d'être curieuse et curieux. Car oui, je sais bien que Philippe Lacheau n'a pas une très bonne réputation. Surtout depuis que l'on sait qu'il "adapte" le "City Hunter" de TSUKASA Hojo. Le film se basera plus sur la version censurée et aux doublages rigolos que nous avons eu en France (son nom de "Nicky Larson" en est la preuve), mais il n'empêche pas les fans de se déchaîner contre le réalisateur/comique Français.

Je ne vais pas déblatérer 10 ans dessus, mais après tout, pour les vrai.e.s fans, l'adaptation de Hong-Kong avec Jackie Chan (nommée "Niki Larson", avec la faute voulue) est très mauvaise quand on connaît le matériaux d'origine. Pourtant, nous avons un divertissement de série B rigolo au final. Donc pourquoi ne pas lui laisser sa chance ? Je ne dis pas que je cautionne pareille infamie, mais tirer à boulets rouges sur Philippe Lacheau, alors que le film n'était même pas tourné, c'est difficile à encaisser. Vous pensez que ce sera du caca ? Bah n'allez pas le voir, laissez le se planter comme le film "Budapest", c'est la meilleure réponse à offrir je pense. Après ceci ne m'a pas empêché, par curiosité, de voir "Babysitting", premier film du jeune réalisateur. Ici aidé par Nicolas Benamou (qui a signé le plutôt drôle "À fond" avec José Garcia). Regardons une bande annonce avant toute chose.

Vidéo de Universal Pictures France.

Le film est sorti en 2014, dure environ 1h25, et met en scène une partie de la bande de troublion nommée "La bande à Fifi". Philippe Lacheau, Tarek Boudali et Julien Arruti sont ainsi les "stars" de ce film se voulant comme un mélange de "Project X", "Very Bad Trip", mais aussi un peu de "Blair Witch Project". En effet, le film est une comédie, mais dont on nous révélera une partie façon "found footage", comprenez par là qu'une bonne partie du film sera filmée avec un caméscope, un peu comme "Cloverfield".

Mais qu'en est-il de l'histoire ? Oh, rien de foufou. Franck est employé à l'accueil d'une maison d'édition, et rêve de devenir un artiste dessinant des BD. Seulement il n'arrive pas à percer. Le soir de ses trente ans, il décide de prendre les choses en main et va voir son boss (Gérard Jugnot). Seulement ce dernier est trop occupé et snobe un peu le jeune homme. Quand Schaudel aura besoin d'une personne pour garder son fils Rémi, il pensera tout de suite à Franck. Ce dernier accepte en espérant pouvoir présenter ses dessins le lundi matin à son patron.

Seulement, il n'avait pas prévu que, d'une, Rémi est un garçon assez rebelle, malgré ses 10 piges. Et surtout que de deux, ses potes ne le laisserait pas en plan le soir de ses trente ans. Bon, le film triche un peu, on découvre Rémi, puis la maison des Schaudel. Claire (Clotilde Courau) parle de l'assiette à ne pas casser, de l'asthme de son fils, et elle part avec son mari pour 24 heures. On sent que le courant a du mal à passer entre Franck et Rémi, puis on arrive au lendemain. Les Schaudel, de la chambre d'hôtel, reçoivent un coup de téléphone de la Gendarmerie, à propos d'un délit de fuite avec le 4x4 et aussi de l'état de leur maison.

On constate le merdier mis, et on devine que la soirée a été agitée. Mieux que de l'imaginer, grâce à la caméra "empruntée" par Alex, le livreur dangereux avec un volant, nous allons découvrir, en même temps que les Schaudel et la Gendarmerie, le déroulement de la soirée. On découvrira par la même occasion que l'inspecteur en charge de l'enquête ne possède aucun tact. Caillaud (Philippe Duquesne) parlera tout du long de rapt d'enfant ayant mal tourné (Rémi et Franck ont disparu), il ira jusqu'à demander si le congélateur a été vérifié. Il faut dire que le personnage de Caillaud est drôle au début, mais devient rapidement lourd. La réaction de Clotilde Courau est nickel, tandis que Gérard Jugnot ne s'en tire pas trop mal dans son rôle. Disons que contrairement à ce que le cinéma français nous habitue, ici ce n'est pas surjoué, c'est assez rare pour être précisé.

Ainsi on remonte le fil de la soirée, constatant que Sam (Tarek Boudali), le dragueur bossant chez Manpower et Alex ont voulu faire une surprise à Franck. Ils ont invité du monde, et aussi Sonia (Alice David), une jeune femme qui a tapé dans l'œil de Franck. Et c'est donc parti pour une nuit dingue. Partant sans cesse dans le "toujours plus", tout en restant plausible. Oui, il y a la disparition de Rémi qui poussera les 4 personnages principaux à prendre la route, faisant un délit de fuite. Ce passage est marquant. Assez angoissant, il règne dans le véhicule une crainte communicative. Je crois bien avoir rarement vu une comédie française capable de couper le souffle à ce point. Ce passage est effrayant, parfaitement bien joué et marque donc.

On pensera aussi à la saga vidéoludique "Mario Kart", quand, pour fuir la fête foraine, ils empruntent des karts et jettent, des peluches de banane et tortue. Passage excellent j'ai trouvé. Bon, au niveau du scénario (signé Philippe Lacheau), c'est simple. Certes, on verra de bonnes idées dans le "too much", mais on devine la fin aisément, le coup du père trop pressé, presque indigne, la façon dont tout s'arrange, le coup de Sonia. Enfin bon, aucune surprise ici, c'est même presque ennuyeux. Pire, des gags ne fonctionnent pas du tout. Le fait que Alex soit un dragueur invétéré, et dont on devine rapidement qui est cette femme mariée qu'il se tape, ou alors le coup du perroquet. Par contre, j'avoue que le cigare m'a fait bien rire.

On notera la présence de David Marsais et Grégoire Ludig, jouant des rôles habituels de potes relous à qui on ne peut pas faire confiance. Malgré ça, les voir m'a bien fait marrer, le coup de la saucisse de David Marsais "lui c'est mon pote alors il n'a pas besoin d'attendre" ou un truc du genre, ça m'a fait marrer j'avoue. Si Philippe Lacheau n'est pas très fort comme scénariste, il est bon acteur. Jouant le mec gentil, un peu coincé, même carrément emmerdé quand la situation dégénère, là dessus il n'y a rien à redire. Le ton est toujours juste, jamais surjoué. Une franche réussite. Que ce soit l'acteur principal ou le reste du cast. Tout y est parfait, et on ne force jamais la (télé)spectatrice ou le (télé)spectateur à rire ou pleurer ou ressentir telle émotion.

Une expérience étonnante, et drôle. Voilà ce qui ressort de ce film imparfait mais attachant. Le principe du found footage est bien exploité (perroquet, cigare, personne présente dans le bois à prostituée), rendant le film haletant. On y verra quelques allusions bienvenues, comme pour "Mario Kart" ou le film des studios Pixar "Là-haut". Si certains gags ne fonctionnent pas, il y en a d'autres pour rattraper le coup. J'ai un peu pensé à la fin du film "Lascars", où l'on se demande jusqu'où ça va aller, et comment les personnages vont s'en sortir. Sauf qu'ici, on le devine. On sait comment Franck va pouvoir tout arranger. Comédie oblige, ça se passera bien. Dommage, une fin plus abrupte aurait été intéressante. Le pire étant qu'une suite a vu le jour, et que j'ai envi de la voir. J'ai aimé, sans non plus surkiffer, ce film. Et si vous pouvez le trouver en DVD à 2-3 €, essayez-le. Ou moins cher, quand il passe à la télé. C'est un divertissement inégal dans les blagues, mais très bien joué, haletant dans sa mise en scène, et qui offre un bon moment. J'ai bien aimé, à voir je pense.

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