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Cultivons la curiosité

Tueurs-Nés

Tueurs-Nés

C'est le mois de mai presque terminé que nous allons parler d'un film de 1994 que j'ai découvert à l'occasion de ce mois spécial cinéma sur Ashou. Alors que Quentin Tarantino aurait aimé mettre en image son script, ce dernier se retrouve dans les mains d'Oliver Stone qui en réécrira une partie, recentrant le récit sur le couple principal. On sent la présence de Tarantino en arrière plan, bien que celui-ci désira ne pas voir apparaître son nom tant la réécriture changea son scénario.

Pendant 120 minutes, Woody Harrelson et Juliette Lewis donneront vie à un couple particulièrement dangereux, les Knox. Au cast, on note les présences de Tommy Lee Jones, Tom Sizemore et Robert Downey Junior.

Vidéo de Films YouTube

Je l'ai déjà dit, mais nous allons suivre pendant un peu moins de 120 minutes, le parcours violent de Mickey et Mallory Knox. Nous les découvrons en train de manger une tarte au citron vert dans un restaurant de bord de route. Alors que Mallory kiffe la vibe (elle danse quoi), des locaux font irruption, et aimeraient faire des choses à la jolie fille. Forcément, ça part en sucette, et tout le monde meurt, sauf un monsieur, chargé de dire aux médias ce que viennent d'accomplir les Knox.

Après cette introduction violente, on part dans le passé, et Oliver Stone en profite pour nous montrer une façon originale de réaliser, à savoir qu'il modifie la qualité de son film. Il ne cherche pas à cacher les effets quand les personnages roulent en voiture, on devine que c'est une projection en arrière plan. En plus de tordre son cadre, qui est rarement de niveau.

Ainsi, nous voilà chez Mallory, avant qu'elle ne rencontre Mickey. Ici, Stone emploie le ton de la sitcom, avec rires enregistrés, alors que les propos sont d'une violence incroyable. La jeune femme est régulièrement violée par son géniteur, sans que cela n'offusque sa mère ou son petit frère. Heureusement, un livreur de viande arrivera, et ils partiront ensemble en volant la voiture du paternel.

Ils n'iront pas loin et Mickey va faire un an de prison, tandis que Mallory va devoir déménager. Ceci provoquera la volonté d'évasion de Mickey, qui y arrivera grâce à une... tornade (?!?) et abattra les parents de Mallory, en laissant son petit frère vivant. Sa sœur lui dira qu'il est libre désormais, parlant plus d'elle que de son petit frère, mais peu importe.

Nos deux tourtereaux vont se marier en faisant un pacte de sang sur un putain de pont qui m'a bien refilé le vertige. Cette caméra qui nous montre le vide avant de passer par dessus la barrière, un mouvement qui est répété, comme pour travailler à l'économie (ce qui rappelle les téléfilms). Ceci marque le début de la cavale des deux amoureux, qui ne cesseront de tuer.

En parallèle, Wayne Gale (Robert Downey Jr.) s'occupe d'un show télévisuel sur les tueurs en série. Il fera une émission sur les Knox, particulièrement suivie. Ce qui poussera l'animateur à essayer d'en savoir plus sur les Knox, et à vouloir les interroger une fois ceux-ci en prison. Ici, on nous montre la télévision à sensation, faisant d'assassins des superstars, de façon assez gerbante.

Alors qu'ils continuent leur macabre voyage, les Knox vont connaître une crise dans leur couple, Mickey étant plus excité par l'otage que par sa femme. Mallory ira chercher à s'envoyer en l'air avec le premier jeune pompiste qu'elle croisera, en vain, la jeune femme étant encore marquée par le souffle de son père la violant. Ceci finira aussi dans un bain de sang.

Et c'est là qu'intervient le policier de l'extrême, Jack Scagnetti (Tom Sizemore), que l'on a découvert en train d'étrangler une prostituée juste avant. Montrant que le mec est aussi taré que ses proies. Ce qu'il faut savoir, c'est que le film se compose en 2 grands actes. La cavale meurtrière aboutissant par l'arrestation du couple, et la vie en prison. La première partie est réalisée comme le ferait la télévision, Stone dénonçant le côté nauséeux dont les médias parlent d'êtres aussi abjects et violents que les Knox.

Dans la seconde partie, nous verrons un directeur de prison, McClusky (Tommy Lee Jones), aux méthodes expéditives, qui voudra absolument Scagnetti pour le transfert des Knox, afin de s'assurer que le premier tue les derniers. Seulement, il doit jongler avec la presse et notamment Gale qui demande une entrevue, pour faire toujours plus d'audience, du couple Knox. Une entrevue qu'il obtiendra d'ailleurs, retardant le plan de McClusky. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu, et une émeute va se déclencher, permettant aux Knox de s'évader, non sans mal. Afin d'assurer une conclusion horrible à leur histoire.

Le premier truc marquant avec ce film est le changement de qualité d'image, se servant d'anciens films souvent rediffusés de nombreuses fois à la télévision. Les cadrages sont loupés, digne des téléfilms, et la façon de rejouer les scènes dans l'émission de Gale, est hilarante. On peut dire que Stone signe ici un brûlot spectaculaire contre les médias, et notamment la petite lucarne qu'il juge responsable de tous les maux de la société Étasusienne.

Entre le changement de qualité, les plans mal cadrés, les morceaux de films rediffusés, la sitcom du début, les preuves que Stone hait la télé sont nombreuses. Si vous en doutez, regardons un peu la scène de la pharmacie. Le monsieur affrontera les Knox mal en point, et alors qu'il a entendu dire que ces derniers laissent toujours un survivant pour raconter leurs méfaits, le pharmacien rappelle à Mickey qu'il est seul. Ceci n'empêchera pas l'homme proche de la mort (à cause d'une putain de morsure de serpent) d'abattre le pharmacien, prouvant que les médias mentent.

Que dire aussi de ce final, où la télévision est présente en direct d'une émeute. Ou de Gale, l'animateur aux dents longues prêt à tout pour avoir une exclusivité, qui ira même jusqu'à utiliser une arme pour assister les Knox dans leur évasion. La pourriture par excellence.

Le film est extrêmement violent. On ne voit presque que de la violence. La scène d'émeute prend aux tripes, mais on pourra aussi citer ces serpents à sonnette, ou alors le pont. Le film ne manque pas de sensations fortes, et vous exposera sans concession le quotidien de personnages tarés, aussi bien les Knox que les autres. Le plus choquant dans cette histoire n'est pas la violence montrée, mais cette critique de la télévision. Stone crache ouvertement et clairement sur ce média, allant même jusqu'à, pardon du spoiler, il ira jusqu'à abattre devant sa caméra un Gale encore plus pitoyable. Incitant presque les gens à abattre les animateurs et/ou journalistes. Ceci m'a bien choqué, tant Stone nous le montre clairement.

C'est simple, à la fin du film, on a envie de casser sa télé. Bon, ne le faites pas, mais on sent que c'est ce que Stone a fait en réalisant ce film, qui reprend les (mauvais) codes de la télévision. Le réalisateur crie son amour du cinéma en faisant caca sur la petite lucarne. C'est ce que j'ai essentiellement retenu du film. Je peux me tromper, mais c'est mon analyse.

Sinon, nous voilà face à un film à la réalisation barrée, cadrant mal certains plans, perdant en qualité sur d'autres. Usant de trucage indigne du cinéma mais fréquent à la télévision. De plus, nous sommes face à une palette de personnages tarés. Aussi bien les représentants de l'autorité comme Scagnetti ou McClusky, que le reporter Gale ou le couple de psychopathe Knox. Je repense aussi à cette scène dans laquelle un psychiatre fait une analyse du couple d'assassin, une analyse que Stone va démonter lors de la scène suivante, prouvant, une fois de plus, que la télévision ment. Bref, si vous n'arrivez pas à accrocher dès le début du film avec cette façon dérangeante et spéciale de réaliser, vous n'arriverez jamais à plonger dedans. Une œuvre contre la télévision et ses dérives, viscérale, violente et choquante. J'ai aimé, mais ne compte pas le revoir tant Stone fait presque un appel à la haine de ce média. C'est dérangeant je trouve.

A+

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