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Cultivons la curiosité

Zebraman

Zebraman

Voilà, pour moi, un tournant dans la carrière de MIIKE Takashi. En 2004 le réalisateur connu pour ses films extrêmes, sanglants, loin d'être tous publics, décide de sortir un film plus familial. MIIKE ne délaissera pas les films sanglants, mais il apportera sa touche un peu folle à un autre type de public.

 

« Zebraman » est en quelque sorte, un film de super héros. Et ce bien avant que Marvel ne trouve la recette miracle en lançant son MCU. MIIKE et le scénario de KUDÔ Kankurô vont plus loin. Ils vont, en quelque sorte, parodier les tokusatsu des années 60-70 (voire 80). En créant une série où le héros porte le costume d'un Zèbre. Pour rendre la justice en noir & blanc. J'ai dit une sorte de parodie, car on pourrait aussi parler d'un hommage.

 

Seulement, quand le héros lâche une des phrases cultes de la fausse série « ne te mets pas....derrière moi », on ne peut que rigoler. Il faut effectivement éviter de se mettre derrière tout type d'équidé au risque de se prendre des coups de sabots destructeurs. Mais à côté de ça, on nous montre surtout une certaine désolation à travers Ichikawa (AIKAWA Shô), un instituteur peu sûr de lui, presque timide, cocu, dont les enfants, une ado et un garçon en primaire, ne lui montrent plus aucun respect.

 

Mais dans la ville de campagne où est notre héros, une invasion alien se profile. Des petits êtres verts translucides ont envahi le gymnase. Que le principal de l'école essaie de cacher. Seulement il n'empêchera pas les belliqueux extra-terrestres d'entamer la conquête du monde, à commencer par cette petite ville paisible Japonaise. Mais regardons la bande annonce.

Vidéo de France Mikalas

On se doute qu'un héros va se dresser face à l'envahisseur. Il s'agira de Zebraman. Cependant, on débute par un Ichikawa qui passe son temps à confectionner un costume de son héros préféré. En 1969, alors qu'il était petit, il a vu les 7 épisodes de la série avant que celle-ci ne soit annulée faute d'audience. Les critiques de ses camarades étaient virulentes. Nul, le héros est en noir et blanc alors que la télé est en couleur, enfin bon, personne n'a accroché au feuilleton, d'où l'annulation.

 

Ichikawa Shin'Ichi a une vie de rêve, un boulot sympa, une famille aimante avec deux enfants parfaits. Ah non, pardon, cela serait le cas aux États-Unis d'Amérique, mais il n'en est rien. Si il n'est pas maltraité non plus, son fils Kazuki ne voit pas en lui la figure paternaliste qu'il aimerait interpréter. Ne parlons pas de sa fille Midori, qui fricotte avec un adulte alors qu'elle n'est qu'au collège (ou lycée) et qui prend son père pour limite un paillasson. Yukiyo, la femme de Shin'Ichi, rentre tard le soir et le trompe sans honte. C'est limite si elle lui adresse la parole.

 

Du coup, le héros est dans son monde, presque seul. Il se fabrique un costume de Zebraman, le héros courageux de sa jeunesse. Et s'entraîne, enfin bon, s'amuse plutôt, à reproduire les gestes et les phrases du héros zébré. Puis il franchit une étape. Il va acheter une canette habillé ainsi. Si le distributeur est au coin de la rue, Shin'Ichi a un peu honte de sortir ainsi, et passe par les toits, se vautrant évidemment, mais arrivant à ses fins. La boisson a un tout autre goût vu l'aventure que ce fût pour aller la récupérer.

 

Le jour où Asano Shinpei, un garçon en fauteuil roulant, et sa veuve de maman Kana, vont entrer dans la vie de Ichikawa, sa passion va prendre une autre tournure. Kana est une jolie femme attentionnée, et Shinpei est lui aussi fan de Zebaraman. Voilà qui va accélérer le fait que Shin'Ichi décide de faire le bien avec son costume flambant neuf.

 

Ce qui tombe bien, c'est que le violeur crabe qui sévit dans la ville, va se voir coincé involontairement par Zebraman version Shin'Ichi. Dans un combat où bizarrement, les gestes sont parfaits. Le costume aurait-il une influence positive sur Ichikawa ? Après tout, si on veut, on peut. En parallèle, le principal a de plus en plus de mal à contenir les aliens dans le gymnase, et une équipe façon S.O.S. Fantômes est envoyée par le gouvernement pour voir si il n'y aurait pas des phénomènes paranormaux. On sent l'influence de « S.O.S. Fantômes » à travers le véhicule et les gadgets, mais aussi « X-Files » pour le côté duo bien habillé. Il y a même un peu de « Men in Black » car ils savent très vite qu'il va falloir lutter contre des aliens.

 

Ces derniers préparent une invasion façon « L'invasion des profanateurs » ou « The Faculty », tous deux remake de « L'invasion des profanateurs de sépultures », du moins on sent un peu l'influence par le fait que l'envahisseur débute par une petite ville. Et oui, il y a beaucoup d'influence, du moins c'est moi qui les sors car si ça se trouve l'inspiration vient réellement des séries à effets spéciaux de la télévision Japonaise des années 60-70-80.

 

Parlons-en des effets spéciaux. Je ne sais pas si c'est le design des aliens, ou la photographie, mais l'implantation des trucs verts translucides ne fonctionne jamais dans le film. C'est moche, on y croit jamais, c'est abusé, et mal fait. Dommage, car avec une apparence un tout petit peu plus réaliste, ça aurait pu le faire. Oui, le film a 15 ans, il ne faut pas être trop méchant, mais « Matrix » fait mieux. Oui, pas pour le même budget, mais il a 5 ans de plus quand même. Enfin bon, hormis les effets spéciaux sur les aliens qui sortent du film, le reste est impeccable.

 

Le début permet de s'attacher au pauvre Shin'Ichi qui est un quarantenaire perdu, n'arrivant à rien et que sa passion pour Zebraman va ériger au rang de super héros. Non sans difficulté. Mais voir Kazuki lui souhaiter « bon courage » vaut tous les sacrifices du monde. MIIKE nous montre cela avec une justesse parfaite. Une réalisation parfaitement lisible, un humour qui fait mouche, un scénario certes déjà vu, mais pas con. En plus il en profite, mine de rien, pour parler de certains maux de la société Japonaise, les familles divisées, l'absence d'amour dans certains foyers. La maltraitance scolaire, Kazuki est maltraité par ses camarades car son père est un mauvais instituteur. Mais aussi le fait que, par la volonté, on peut déplacer des montagne. C'est Shinpei qui prouve ceci à Shin'Ichi.

 

Et encore, j'oublie pas mal de choses. Que je vous laisse découvrir. On pardonnera donc sans problème les effets spéciaux moyens, pour se concentrer sur une histoire passionnante, rendant un superbe hommage aux séries tokusatsu, en les parodiant ce qu'il faut pour faire rire la spectatrice ou le spectateur. Un excellent film, qui ne démérite pas face au MCU. Et qui en profite pour parler d'un certain Japon, que l'on voit peu finalement. Une grosse et belle réussite. Puis la chanson du générique final, « Nichiyôbi yori no Shisha », que je connais grâce à la reprise des Puffy, qui est absolument géniale. Ici dans sa version originale de The High Lows. Un film à voir et posséder. J'adore.

 

@+

Vidéo de kazu H

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