Cultivons la curiosité
À son annonce, l'an dernier, le film que nous voyons aujourd'hui avait dû essuyer pas mal de critiques. Ceci en ne montrant qu'une affiche. Des photos ont fuité, et les critiques ont continué. Ce fût pire lors de la bande annonce. Des torrents de choses pas gentilles se sont déversés sur Philippe Lacheau et son équipe.
Alors si je n'ai rien exprimé publiquement sur ces affiches, photos et bande annonce, j'avais pourtant une opinion bien définie quand au résultat. Un truc affligeant, insipide, franchouillard et bas du front. Le pire est que c'est ce que laisse penser la bande annonce qui ne met pas du tout en valeur le film. Contrairement à ce que le cinéma hexagonal nous montre habituellement dans ses trailers, ici je crois que bien que ce sont des passages parmi les moins bons du film. Notamment sur l'incompréhension concernant ces personnages joués par Tarek Boudali et Julien Arruti. Mais nous y reviendrons après ladite bande annonce.
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Je confirme, la bande annonce dessert le film plus qu'elle ne le vend correctement. Mais parlons un peu du scénario. Rien de particulier là derrière. Dominique Letellier engage le garde du corps le plus réputé pour protéger sa découverte. Le parfum de Cupidon est une fragrance qui permet de rendre n'importe qui accro. Il faut se vaporiser l'antidote dans les 48 heures sinon l'amour que l'on vous portera ne disparaîtra jamais. Vous vous doutez bien qu'une telle chose est la proie de vil personnage.
Seulement le film débute par une lutte entre Umi... Mammouth et Ry... Nicky. Oui, j'avoue, mon seul gros, énorme problème même, vient du fait que je connais très bien l'œuvre originale de HOJO Tsukasa, mais que les noms de la VF, s'ils ne me sont pas inconnus, bah je ne les ai pas en mémoire. Donc on assiste à un combat impressionnant, plus spectaculaire que ce que laisse penser la bande annonce, dans une clinique de chirurgie esthétique. Puis on remonte le temps, alors que le sigle de City Hunter, XYZ est présent sur un tableau dans une gare.
C'est à partir de là que l'on constate que Philippe Lacheau est un vrai fan du manga et de l'anime. Ce qui est fort c'est qu'il place naturellement les détails qui font City Hunter. Le tableau dans une gare, c'est bon, le petit immeuble dans une immense ville moderne, c'est bon, la massue (brillamment introduite soit dit au passage), la Mini rouge... la vache. Alors qu'un imbécile aurait coché tout cela au chausse pied, ici, Philippe Lacheau, Pierre Lacheau et Julien Arruti, les scénaristes, font cela logiquement. Les personnes ne connaissant pas l'œuvre originale ne sont pas larguées, et les fans sont aux anges.
En fait, je m'arrête là pour le scénario, fidèle au manga, digne du manga d'ailleurs, et offrant un twist bien sympa que l'on tarde à voir venir. Pour parler de la pure adaptation. Déjà, sachez que Philippe Lacheau a certainement dû faire de la musculation, car il possède la carrure de SAEBA Ryo. De plus, les tenues sont là, même Kaori/Laura possède un look des années 80 qui pourtant ne choque pas en 2019. Cet équilibre si délicat entre respect de l'univers, adaptation en France (l'action est dans l'Hexagone), et aussi adaptation à 2019, c'était casse-gueule. Et telle une funambule, l'équipe du film s'en sort à la perfection.
De plus, pour ajouter un peu de piment, Philippe Lacheau a intégré sa bande. La bande à Fifi est là, Élodie Fontan (en une Laura convaincante), Tarek Boudali et Julien Arruti, mais aussi Reem Kherici et Pascal Boisson. Tarek Boudali et Julien Arruti jouent respectivement Poncho, un balayeur qui va subir les effets du parfum via Laura, et Gilbert Skippy, un monsieur-tout-le-monde dont la vie est bien pourrie, mais va devenir plus intéressante suite à un échange involontaire de mallette.
C'est à travers ces deux personnages que l'ont s'éloigne le plus du manga. Et pourtant, ils trouvent une place particulière. Si Poncho semble un peu simplet, c'est surtout Gilbert qui marque. Petit commercial détesté de sa famille, il ne s'exprime qu'à travers des expressions périmées et est fan de Jessica Fox (jouée par une Pamela Anderson jouant très bien, surprenante). Skippy (hommage évident au sketch "la secte" des Inconnus) va accomplir un rêve. Rencontrer Jessica et obtenir d'elle un amour inconditionnel. Ce que tout fan rêve. Quand il s'apercevra de son erreur, il sera trop tard, menotté au lit un peu comme dans le roman de Stephen King "Jessie". Enfin bon, ceci, vous le verrez.
On notera aussi les présences de Didier Bourdon en Dominique Letellier, Chantal Ladesu immense et parfaite en belle-mère odieuse qui subira l'effet du parfum pour un passage aussi gênant que drôle. Gérard Jugnot, sorte de Parrain de la bande à Fifi, qui jouera ici un psychologue pas très net. Audrey Lamy en femme méprisante de Gilbert Skippy, et vulgaire. Jarry en maire... Mokkori. Oui, encore un hommage flagrant à "City Hunter" et non pas "Nicky Larson". Bon, en vérité le maire n'est pas franchement drôle, mais ça passe et on le voit peu. Il y a aussi Jérôme Le Banner en bad guy imposant.
Les caméos de Dorothée, Jean-Paul Césari (qui chantera même le refrain bien connu), Vincent Ropion (le doubleur de Nicky dans l'anime) sont sympas, brefs, mais bien fichus, et n'insistent pas. La présence de Medi Sadoun, qui débute par un "qui vois-je qui va là" m'a fait marrer. Et c'est là que le film réussit un carton plein. Si certains gags ne sont pas marrant. Dans l'ensemble tout fait mouche. Je me suis retenu de rire par moment, car dans une salle de cinéma, on est en public, mais j'entendais la salle rire. Et c'est rare que je rigole au même chose que la salle en général. Sur le point de la comédie, moi qui avait aimé "Babysitting" (seul film du réalisateur que j'ai vu à ce jour), j'ai retrouvé cette ambiance délirante et sympa.
Seulement, l'autre point du film vient de son action. Non, je ne me moque pas de vous. "Nicky Larson et le parfum de Cupidon" est aussi un film d'action. Comment, mais comment Philippe Lacheau a-t-il pu réaliser ce film en mélangeant à la perfection tous ces points ? Je n'ai pas la réponse. La scène de la casse, en vue subjective, ne manquera pas de marquer les esprits. Et je ne parle même pas de la scène finale, offrant des ralentis bien pensés, superbement réalisés. La fusillade finale est tellement intense, que l'on ne se croit plus du tout devant une comédie française. Oui, je sais, je radote souvent là dessus, mais partir comme ça, dans une fusillade de cette intensité, c'est ahurissant. Je ne parle pas non plus de la course poursuite. Pas la peine.
Si vous n'êtes toujours pas convaincu, sachez qu'à un moment il y a un lance caneton (et les petits canards restent en bonne santé ne vous inquiétez pas). Rien que pour ça c'est à voir. Si vous connaissez l'anime ou le manga ou les deux, les citations sont subtiles, mais divines. On passe de la facilité avec des musiques de l'anime. Connaissant le côté pointilleux des Japonais pour laisser les autres se servir de leurs œuvres, entendre un "Footsteps" ou le début de "Get Wild" est un exploit. Et je ne vous raconte pas les frissons. Même certaines musiques accompagnant l'action dans l'anime sont là. On notera que "Get Wild" s'arrête assez tôt, comme dans la version diffusée en France dans les années 90. Surtout que c'est coupé par le titre de Jean-Paul Césari.
Seulement, il n'y a pas que "City Hunter" de cité. On trouve des easters eggs un peu partout. "Ranma 1/2", "Dragon Ball", les Musclés, Hélène, Dorothée aussi, à travers des titres de chansons, ou des paroles, "Jeanne et Serge", "Rémi sans famille"... argh... et encore, je suis certain d'en avoir loupé. Ceci me rappelle l'allusion à "Super Mario Kart" de "Babysitting". On le voit venir, ça vient, et c'est brillamment mis en scène. Une jouissance explosive qui provoquera la chair de poule. Par contre, pour les plus jeunes, je pense que le film fonctionne car il est accessible, seulement certains points demeureront obscurs. Le coup du bâtiment, le C-17, je ne m'en remets pas....
La façon dont le film se clôt, avec les premières notes de "Get Wild", argh, j'ai failli m'étouffer de bonheur. Surtout que c'est promptement coupé. Hein ? Je l'ai déjà dit ? Pardon. Je tourne en rond du coup. Donc voilà. Un film à voir. Un film que tout le monde va voir pour le démonter, et qui au final te refile une banane qui fait plaisir. Un film qui en plus se paye le luxe d'être une excellente adaptation du manga de HOJO Tsukasa. Philippe Lacheau est un vrai fan. Son frère Pierre Lacheau et son ami Julien Arruti aussi. On ne pond pas un scénario avec autant de clin d'œil seul. Le film se paye aussi le luxe d'être hyper bien réalisé, de tenter des trucs (vue subjective de la casse....), d'être drôle (parfois un peu lourd, mais ça passe), et offrant une action incroyable. Voilà donc, bravo aux scénaristes, bravo aux actrices, bravo aux acteurs, bravo à Philippe Lacheau le réalisateur. Bravo et merci. Ah, si, il y a quelques menus défauts. Parfois un humour bas du slip (mais du niveau de "City Hunter"), la sous-exploitation de Saeko/Hélène, et ce problème que j'ai eu avec les noms, me disant, mais là, Sophie Mousel, elle joue Saeko ou non ? Peu importe ces petites broutilles, vous passerez 1h30 marrantes, fun, avec de l'action et cette fameuse histoire de Nicky qui aime Laura mais ne lui dit pas et inversement. Absolument génial.
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