Cultivons la curiosité
Aujourd'hui nous allons voir un film n'ayant pas obtenu de succès. Il est sorti en toute fin d'année 2018 aux États-Unis d'Amérique, et le 2 Janvier 2019 en France. Robert Zemeckis est avant tout connu pour la trilogie "Retour vers le futur", "Forrest Gump" mais aussi "Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ". Il est aussi un grand amateur du principe de capture de mouvement (Motion Capture). Il l'a démontré avec le film test "Le Pôle express", et a bluffé son monde avec l'excellent "La légende de Beowulf". Et ce, avant que James Cameron ne sorte son "Avatar" en 2009.
Du coup, il décide de prendre un récit basé sur un fait réel, et d'y incorporer une grande partie de sa filmographie. Ainsi, le récit triste de Mark Hogancamp, déjà traité dans un documentaire de Jeff Malmberg nommé "Marwencol", voit une adaptation cinématographique arriver récemment dans les salles obscures. Avec un Steve Carell dans le rôle principal, très loin de son rôle dans l'adaptation étasunienne de "The Office". Regardons la bande annonce.
Vidéo de FilmsActu
Tout d'abord, j'ai pu voir ce film gratuitement, via le service de VOD Rakuten TV, qui parfois, si vous êtes inscrit.e.s sur le site de vente Rakuten, offre des codes. Ainsi, je prends souvent des "risques" dans ces cas là. Regardant des films qui m'attirent, mais que je n'ose pas prendre en DVD. Ainsi, rappelez-vous "3 Billboards, les panneaux de la vengeance", ou "The Big short : Le casse du siècle" (ce dernier avait déjà Steve Carell dans son cast). Du coup, il est vrai que ma vision est plus proche d'un film passant à la télé, qu'autre chose. Pourtant, nous allons voir que comme pour les 2 films suscités, l'achat en DVD n'aurait pas été une mauvaise idée.
On débute par une scène d'action. Hogie est un pilote venant des États-Unis d'Amérique, qui survole la Belgique durant la seconde guerre mondiale. Son avion est contraint de se poser de façon mouvementée. Seul, dans les Ardennes, Hogie se plaint de ses chaussures peu confortables. Heureusement, le destin lui offre une superbe paire de talons aiguilles, nettement plus confortable. Manque de chance il tombe dans une embuscade allemande. Contraint de dévoiler ses surprenantes chaussures. Mais une poignée de femmes fortement armées arrivent à temps pour sauver le pilote de son exécution.
Ici, nous avons eu droit à un mélange d'action, d'humour, mais aussi un brin de surprise quand on découvre que cette histoire, animée à l'écran, est en fait une création du photographe Mark "Hogie" Hogancamp (Steve Carell). L'homme a créé un village miniature, nommé Marwen, et semble "jouer" avec des poupées. Cependant, il raconte à travers ses photos, une histoire étonnante sur la seconde guerre mondiale. À moins que ce soit plutôt son histoire moderne qu'il projette sur la pellicule de son ancien appareil photo.
On s'aperçoit rapidement que ses poupées trouvent une résonance dans la vie tourmentée de Mark. En effet, depuis qu'il a été victime d'un passage à tabac par des extrémistes fan du nazisme, Mark a peur des inconnus, de sortir, et semble souffrir d'un grand mal qui le ronge. Le (télé)spectateur et la (télé)spectatrice découvre une partie de la vie de Mark juste avant l'arrivée de Nicol (Leslie Mann) dans la vie de celui-ci. La nouvelle voisine de notre héros est une belle femme rousse, gentille et qui s'intéressera un tout petit peu plus tard à son voisin atypique. L'occasion de voir comment Mark crée les poupées qui rappellent son cercle de proches.
Nous allons ainsi suivre Mark, jusqu'au procès de ses bourreaux, le voir péter des plombs, se faire des films, et au fur et à mesure, comprendre qui sont Julie (Janelle Monae), Caralala (Eiza Gonzalez), Anna (Gwendoline Christie), Roberta (Merritt Wever) et Elsa (Siobhan Wiliams). Mais une poupée a plus de valeur que les autres aux yeux de Mark. Deja Thoris (Diane Kruger) possède un pouvoir particulier qui tue n'importe quelle poupée s'approchant de Hogie. Elle lui demande en plus de construire une machine étonnante, que vous reconnaitrez sans mal vers la fin du film. Quand on découvre ce que représente ce personnage, on reste scotché.
Au début du film, j'ai eu un peu peur d'être perdu entre les enchaînements monde des poupées/monde réel. Mais Robert Zemeckis est très astucieux sur ce point, du coup, nous ne sommes jamais perdu. Il en va de même sur un scénario (cosigné par le réalisateur avec Caroline Thompson), que j'ai craint trop prévisible. Notamment avec Nicol qui semble destinée à Mark, et qui voit son ex-compagnon débarquer violemment à quelques reprises durant le film. On pense à un truc classique, genre Mark va devoir vaincre sa peur de se faire martyriser afin de sauver Nicol. Or, je fais une petite révélation, mais l'affrontement en Mark et l'ex de Nicol n'aura jamais lieu. Ce dernier disparaissant dans la seconde partie du film. Vous verrez aussi que l'évolution de l'amitié entre Mark et Nicol n'ira pas là où on s'attend.
J'en ai trop dit. Ce qui bluffe en premier lieu, c'est cette utilisation de la capture de mouvement pour donner vie aux poupées. Avec les visages des actrices et acteurs qui s'intègrent à la perfection sur ces corps de plastique. La scène où Hogie est poursuivit par le grand méchant, en montant des escaliers, j'ai vraiment cru à des acteurs, c'est spectaculaire. Mais en plus d'offrir des effets spéciaux impressionnants et qui nous permettent de rester dans le film, il y a une tonne de sujets traités.
L'homophobie, le féminisme, les petits travers, l'alcoolisme, la solitude, pfiou. Et j'en passe. J'avoue m'être un peu reconnu en Mark quand il déclare être condamné à vivre seul. D'ailleurs, la scène dans laquelle il verra ça est effrayante, angoissante même. Ceci pour mieux renaître, ou non. C'est là que l'on comprend qui est vraiment Thoris, ce qu'elle représente. Vous ne voulez pas de révélation, rendez-vous au paragraphe suivant, sinon, tant pis, j'aurais averti. En effet, on pense que cette poupée représente la mère, ou l'ex-femme de Mark. Or non. Il s'agit plus de son alcoolisme. En effet, il ne cesse de détruire sa vie, faisant s'évaporer les femmes qui l'approchent. Un peu comme Wendy, celle-là même qui le trouva à moitié mort après son tabassage. On peut aussi voir en Thoris, les peurs et craintes de Mark, qui comprend enfin qu'il faut lutter contre elles. Mais je pense plus à cette lutte contre cette maladie que j'ai cité un peu plus haut.
Le film n'offre pas toutes les réponses auxquelles on s'attend. En effet, Mark ne recouvre pas totalement la mémoire, tout juste sait-il qu'il était un brillant illustrateur (maintenant il ne peut même pas tenir un crayon, d'où le fait qu'il utilise un appareil photo). Qu'il était aussi fétichiste des talons aiguilles, dont on apprend que la création date de 1954, d'où l'impossibilité d'en voir durant la seconde guerre mondiale. On découvre aussi d'autre chose. Celle qui explique d'où vient la poupée que je nomme la Française (la faute à son bêret) est étonnante. On pourra aussi voir une partie de ce que dessinait Mark, où on comprend pourquoi Roberta se retrouve toujours torse-nue. Enfin bon, on ne nous explique pas tout, mais on en comprend assez pour s'attacher à Mark, sans pour autant le juger.
Combinant une histoire vraie (chose que je n'apprendrai qu'à la fin du film) avec de l'action, de l'humour et pas mal d'émotion, on plonge dans ce monde de Marwen sans retenue. Divinement bien interprété, réalisé, on nous offre des messages puissants. Comme l'avenir passe par les femmes notamment. Le film est accessible, pourtant il s'est planté. Il est vrai que voir ce genre de film au cinéma est délicat, tandis que dans le cocon de sa maison, ça le fait mieux. Tout y est très bon. On retrouve les sensations d'urgence de certaines scènes de "Retour vers le futur", le côté touchant du personnage principal un peu différent de "Forrest Gump". La performance capture des films "Le Pôle express" et "La légende de Beowulf", exploité ici à la perfection. Une performance capture qui est mêlée à des prises de vues réelles et aussi de vrai.e.s acteurs et actrices, comme pour "Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ". Et donc un récit d'une histoire vraie, comme pour "The Walk : Rêver plus haut" (que j'avais aussi vu gratuitement sur Rakuten TV, décidément). Oui, en gros "Bienvenue à Marwen" est un best of de ce que Robert Zemeckis a fait jusque là. Je ne parle même pas de la référence à "Retour vers le futur" qui saute aux yeux.
C'est un film qui mérite d'être vu. Même qu'une seule fois. Je l'ai vu en version française, et le doublage fonctionne parfaitement. On y suit un personnage atypique, un peu dérangé. On essaie de comprendre qui sont les personnes représentées par les poupées. Le film se regarde aisément, offre son lot de sensations fortes. Un film qui vous fera lâcher une petite larme à la fin, qui vous angoissera par moment, mais qui reste captivant du début à la fin. Un excellent film, que j'ai adoré voir. Comme pour "3 Billboards : Les panneaux de la vengeance" et "The Big short : Le casse du siècle", je ne sais pas si je le prendrai en DVD, mais j'ai passé presque deux très bonnes heures en compagnie de Mark et ses poupées. À voir.
@+