Deux Frères : Ki & Hi Tome 1

Kévin Tran est connu via le duo qu'il forme avec son frère Henry. Connus sur le nom "Le Rire Jaune", la fratrie s'est mise en tête de prouver que des personnes d'origines asiatiques pouvaient faire rire sans partir dans les clichés, yeux plissés et accents en tête. Il n'y a qu'à voir un certain sketch signé Kev Adams et Gad Elmaleh pour voir à quel point ces clichés sont encore exploités pour faire rire.

Bizarrement, je n'ai jamais vu aucune de leurs vidéos. Et je n'en ai pas envie. Pourtant, par son côté grand, par sa couleur jaune moutarde attirante, par son principe de faire une BD française s'inspirant des mangas, me voilà testant ce premier tome. Sobrement nommé "Deux frères", on devine aisément qu'à travers Ki et Hi, Kévin va parler de son expérience personnelle. En ajoutant une touche de fiction bien entendu.

Ainsi, Ki s'apparente à Kévin, et Hi à Henry. Mais passons ceci pour préciser que Kévin Tran ne se charge que du scénario (et des croquis de mise en page). Le dessin est à la charge de la jeune dessinatrice Fanny Antigny. Choisie car elle avait brillamment créé une illustration du Rire Jaune. Il faut lui reconnaître un style net, précis, avec une excellente utilisation des trames.

Comme je l'ai précisé, le format est énorme. De la taille des versions Deluxe de "City Hunter" ou Perfect de "Dragon Ball". Ah, c'est édité chez Michel Lafon, pas spécialement connu pour ses mangas. Alors bon, une fois de plus, c'est en noir et blanc, ça se lit de droite à gauche en débutant par la fin, il y a quelques pages couleurs, des allusions à la culture asiatique, mais ce n'est pas un manga. Cela en reprend pourtant les codes et on devine que Kévin Tran est un grand fan de ce support. Tout comme Fanny Antigny qui s'empare de ces mêmes codes pour offrir une bande dessinée digne des productions Nippones, en y ajoutant sa touche personnelle.

Dans un monde qui semble sorti d'un Jeu Vidéo, notamment Pokémon, on voit plusieurs îles possédant leurs propres spécificités. Les combattants, les fans de nouvelles technologies, la nature. Deux îles sont inconnues pourtant. Mais celle qui nous intéresse le plus, celle sur laquelle vivent nos héros, est la plus petite, l'île jaune. Celle qui réunit un peu le meilleur de toutes les autres îles, avec sa culture, son art, sa joie de vivre.

Nous apprenons à découvrir Hi, enfant peu sûr de lui qui n'arrête pas de se faire embêter par son grand frère, Ki. Ce dernier est tranquille, ne se soucie de pas grand chose, et arrive à se sortir de situation délicate avec pas mal de chance. Sauf si c'est son côté optimiste qui invoque celle-ci. Alors bon, je ne vais pas révéler tout ce qu'il se passe ici, et du coup on va s'attarder sur les gags.

Il faut reconnaître que certains d'entre eux sont bien trouvés. Notamment les visuels, comme bébé Tortue qui ne doit pas aller fréquenter les Cyclopes, mais y va tout de même, à la façon d'un Mario lançant un Koopa Troopa sur ses ennemis. Il y a aussi cette ceinture de Taekwondo qui aura des yeux. Ou alors, cette excellente idée de donner une personnalité au Soleil et à la Lune. Avec des étoiles qui trinquent avec cette dernière lors du nouvel an.

Seulement, l'humour est assez simple par moment. Voire nul. Le fait que Ki s'en sorte miraculeusement à chaque fois notamment. Ou alors des chutes que l'on voit venir comme ce joueur de basket un peu trop prétentieux. Pourtant, toujours dans le chapitre du match de basket, il y a des choses marrantes. Comme le lézard par exemple.

SI l'humour est inconstant, mais passe quand même, certaines idées sont carrément géniales. Le coup du chapitre dont on décide le cheminement. Un régal. Inspiré des livres dont vous êtes le héros ou l'héroïne, vous faites des choix qui vous mènent vers certaines cases. À vous d'obtenir les 100 points. Plaisant à lire et rigolo, ce chapitre vous marquera. Tout comme le suivant, muet, et excellent lui aussi.

Par contre celui dans lequel Ki et Hi se lancent dans les vidéos sur Internet est moyen. Même si des conseils y sont donnés, même si la morale est sympathique (ne pas se moquer des gens sur leur physique), je ne sais pas, une chose me gêne ici. Le fait qu'un oiseau se face défoncer, que Kévin, même si il s'en amuse, face de la promo, bref, ce n'est pas la meilleure histoire.

Mais ceci n'entache en rien l'expérience sympathique que l'on a lors de cette lecture. Les bonus montrent que Kévin Tran se démerde pas trop mal en dessin. De plus ça offre à Fanny Antigny le moyen de se montrer un petit peu. Ce qui est toujours sympathique d'en apprendre plus sur la dessinatrice. Le tome 1 s'achève par un cliffangher, qui pour moi, me rappelle "FullMetal Alchemist", quand Edward et Alphonse doivent revoir leur maître. De plus on retrouve une façon de jouer avec les lectrices et lecteurs proche de la bande dessinée mettant en avant les Lapins Crétins. Ceci donne une diversité et casse un peu la monotonie de la lecture. Du coup oui, c'est un franche réussite. Une bande dessinée qui plaira à toutes et tous, qu'importe votre âge. Même si certains gags sont puérils ou faciles à voir venir, on se marre un peu plus loin, oubliant du même coup la vanne précédente. C'est à lire une fois, pour se rendre compte. J'ai aimé.

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