Cultivons la curiosité
Le premier tome avait laissé tout le monde sur un mini cliffangher. Après avoir quelque peu cherché les cyclopes avec une vidéo pas drôle sur internet, Ki et Hi verront leur maison détruite par les géants cyclopes pas contents. C'est pile le moment choisi par Mi, la maman de nos deux troublions, pour revenir à la maison. On devine aisément ce qui attend les deux frères rien que sur la couverture de ce deuxième tome.
J'avoue qu'avant de lire le premier tome, nommé "Deux frères", je ne connaissais Le Rire Jaune que de nom. Ils possèdent pourtant beaucoup plus d'abonné.e.s que Le Joueur du Grenier ou Valentine Lambert. Il se trouve que dernièrement, j'ai découvert quelques YouTubers comme on dit, et la chaîne de Kévin Tran (le Ki et auteur de cette BD) en fait partie.
Kévin forme avec son petit frère Henry, une fratrie qui cherche à prouver que des personnes d'origine asiatique peuvent faire rire en passant outre les clichés, comme l'accent notamment. Je doit reconnaître que leurs vidéos (même les plus anciennes) sont efficaces et font rire. Je n'ai pas encore rattrapé mon retard car il se trouve que je regarde Conkerax et Jhon Rachid en même temps. Mais vous me direz que l'on s'en moque, car nous sommes ici pour voir ce que donne ce deuxième tome.
Toujours édité chez Michel Lafon, on retrouve l'aîné de la fratrie à l'histoire, tandis que la talentueuse Fanny Antigny se charge du dessin. On débute par ailleurs par une explication bidon du pourquoi les îles septentrionales du monde de Ki & Hi n'étaient pas encore révélées. De façon humoristique, Kévin nous explique que celle située à l'ouest est une île polaire. Manque de chance, le nombre de pages couleurs allouées à l'introduction du monde arrive à la fin sans connaître l'île du nord-est. Une prochaine fois peut-être.
Comme on nous l'explique, l'éditeur a signé pour quatre tomes supplémentaires, ce qui permet à l'auteur d'étaler un peu son récit. Ainsi, l'île présentée d'emblée aura un intérêt dans la conclusion de ce tome 2. Afin de mieux créer un autre petit cliffangher, avec l'introduction d'un ennemi qui semble redoutable. Ah, oui, car il y a quelques pages couleurs ici, j'ai oublié de le préciser, et elles sont du plus bel effet.
Quand on ne connaît pas l'humour du Rire Jaune, on passe a côté de quelques petits détails. Comme le coup du plumeau (voir la première vidéo du Rire Jaune, "Les Asiatiques"), mais aussi pourquoi le choix du basket notamment. Ainsi, si vous ne connaissez pas les vidéos, vous pouvez lire le manga sans problème, mais vous risquez de passer à côté de petits détails toujours agréables à voir.
Bon, après un gros délire rappelant un peu Izumi et les frères Elric dans "FullMetal Alchemist", on se retrouve face à un affrontement musical entre l'île Jaune et l'île Bleue. C'est assez bien conçu, plutôt drôle, mais pas impérissable malheureusement. On voit venir le truc qui va faire chuter le champion, et évidemment on sent que ça va être débile. Juste avant cela on aura compris que Kévin est brillant en mathématiques. Avec ses opérations complexes qui perdent quelque peu la lectrice et le lecteur. En il explique un truc marrant avec le cosinus raciste et menteur tandis que le sinus est tolérant et honnête. Un passage déstabilisant, pas aussi drôle que cela car comme un abruti j'ai essayé de comprendre, sans y parvenir bien entendu. Je n'ai plus cette fibre des mathématiques que j'avais dans ma jeunesse, et là, j'ai eu un peu l'impression que l'on me prenait pour un con. Pourquoi ? Car je me suis senti con. Alors peut-être que la majorité comprendra ce qui est dit, que c'est moi l'imbécile du lot, mais je trouve que ça n'a rien à faire ici, de montrer sa supériorité intellectuelle comme cela.
Et croyez-moi que vous n'aurez pas fini de réfléchir. Car on retrouve l'histoire dont vous êtes le héros ou l'héroïne. On fait des choix, et il faut obtenir 100 points. J'ai eu beau tourner et retourner le chemin comme je voulais, je n'ai pas trouvé la solution. Je dois être trop stupide. Une fois de plus. Celui du premier tome était rigolo à faire, on recommence plusieurs fois, et on trouve. Seulement comme il y avait un moyen de tricher, Kévin a décidé de complexifier le truc. Du coup, je n'ai rien compris et me suis retrouvé à bloquer pendant 10 minutes sur les 10 pages de ce chapitre. Alors, une fois de plus, je n'ai peut-être pas assez réfléchi et je suis stupide. Mais voilà le problème. Une fois de plus je me suis senti stupide, et c'est peu agréable quand on lit une BD pour se détendre. Alors heureusement, le fait qu'il y ait des cases que l'ont n'est pas censé voir, avec lesquelles jouent l'auteur, ça apporte un humour qui désamorce la sensation désagréable d'être incapable de résoudre cette énigme. Il aurait fallu offrir une solution plus claire afin de ne pas sortir frustré.e de ce chapitre.
Et comme une bonne idée se doit d'être re-pompée à l'extrême, on nous ressort le chapitre muet. Encore une histoire d'amour. Avec une explication logique et marrante. Une fois de plus, tout y est question de mise en scène, et c'est du régal. De plus, on peut y voir comme message, qu'il faut se parler, communiquer, et là, enfin, j'ai compris ceci. Je me suis senti moins con, et je peux vous dire que ça fait du bien. En fin d'histoire, on retrouve un personnage un peu fou, qui rappelle le côté toujours énervé de la dessinatrice. Une fois de plus, les plans d'enrichissement de ce personnage tomberont à l'eau par la faute de Ki. En couleur, ce chapitre est marrant et clôt l'histoire légère, avant un épilogue introduisant un antagoniste virulent, qui apparaît sur l'île glacière.
Que dire de ce deuxième tome. L'humour est toujours imparfait mais efficace dans son ensemble. On regrettera juste les passages un peu casse-tête qui font passer la lectrice et le lecteur pour des imbéciles. À moins que je ne sois le seul à ne pas avoir tout compris, auquel cas il faudrait vraiment que je m'achète un cerveau. Ce n'est pas parfait, mais ça se lit super bien en vérité. Si on omet les passages suscités bien entendu. J'avoue que j'avais acheté les trois premiers tomes sans connaître, et que j'aime bien. Le dessin est nickel, ça fourmille de référence. La grande taille rend le tout agréable à parcourir. Si en plus vous connaissez Le Rire Jaune, vous y retrouverez des détails amusants, et cet humour sympathique. Bref, j'ai aimé malgré des passages délicats. Je vous le conseille fortement.
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