Cultivons la curiosité
Voilà un film qui m'émoustille quelque peu. Voilà un film qui va me faire remonter en 1995-1996, mais aussi au début de ce blog, en 2014. Cette introduction va être ennuyeuse, car je vais y raconter mon expérience personnelle avec la saga, du coup vous pouvez passer après la vidéo. Surtout que je risque de répéter des choses déjà dites sur Ashou.
Qu'elle ne fût pas ma surprise lorsque j'appris, en fin d'année 2019, qu'un troisième film Bad Boys allait sortir. En effet, alors que l'arrivée dans mon foyer du magnétoscope fût une révolution, je n'ai plus l'année, mais c'était entre 1991 et 1993 je pense, très vite je découvris moult films, et la joie des vidéo-clubs. C'est en 1995, ou 1996, qu'avec mon argent de poche (j'avais 13-14 piges), je m'offris ma première cassette vidéo.
C'est con, on garde toujours un souvenir des premières choses achetées, sauf que je ne me souviens pas de mon premier jeu acheté avec mes sous, ni du CD, ni de la cassette audio. Pourtant, le DVD et la cassette vidéo, ça, je m'en rappelle. Pour l'antique support VHS, ce fut donc "Bad Boys : Flics de choc", dont j'ai signé une chronique nulle à chier en août 2014. C'était les débuts d'Ashou, et d'ailleurs ma première chronique d'un film. Je n'ose pas vous mettre le lien, vu que c'était absolument nul. Il faudra que je le reprenne en "Replay", mais j'ai trop de films à voir pour m'y attarder.
La même année, j'avais proposé ma chronique de "Bad Boys II". Tout aussi merdique. Pourtant, ces deux films m'ont marqué. Le premier car la cassette a tourné dans le magnétoscope un nombre impressionnant de fois. Le second car je l'ai vu au cinéma, un jeudi soir, dans une ancienne salle de la ville dans laquelle je réside. Les deux films étaient réalisés par un Michael Bay débutant en 1995, puis hargneux en 2003. Ils fonctionnent sur le principe du buddy movie, film de potes, et font bien partie de leurs temps. Avec une Porsche 911 (immatriculée à Paris) dans le premier, une Ferrari 575M Maranello pour le deuxième. Ce sont des divertissements débiles, voire choquant pour "Bad Boys II".
Ce dernier est en effet difficile à voir en 2020 sans débrancher son cerveau. Homophobe, misogyne, raciste, dégueulasse, il possède énormément de défauts, dont une réalisation brouillonne, que j'apprécie pourtant. Du coup, un troisième opus paraissait inconcevable. Et voilà donc "Bad Boys for life", qui va rendre hommage à ses prédécesseurs, tout en prenant une direction étonnante. Regardons ensemble la bande annonce.
Vidéo de SonyPicturesFr
Depuis le 22 Janvier 2020, les salles françaises diffusent donc le troisième épisode, 17 ans après "Bad Boys II". On retrouve le cast d'origine, Will Smith en Mike Lowrey, Martin Lawrence est Marcus Burnett, Joe Pantoliano demeure l'indéboulonnable capitaine Howard, qui ne cesse de stresser. Theresa Randle reste la femme de Marcus. On reste en terrain connu, surtout avec en introduction une scène de course poursuite à travers les rues de Miami.
L'occasion de constater que Mike est revenu à la firme de Stuttgart avec la nouvelle Porsche 911, délaissant ainsi Maranello et sa Ferrari 575M. Si Michael Bay n'est plus réalisateur, le duo de Belges Bilall Fallah et Adil El Arbi conserve le dynamisme du clippeur. En étant plus lisible par moment. Nous constatons que cette poursuite était juste pour présenter son petit fils à Marcus. Sa fille vient d'accoucher. Revoir Reggie ici, alors qu'il avait été plutôt bousculé dans "Bad Boys II", est un régal.
Et des easter eggs ou clin d'œil de ce genre, il y a une tonne. Entre certains plans, certaines répliques, des chansons (issues aussi bien du premier que du deuxième film), même des lieux, comme la ruine finale, qui remémore le palais de l'antagoniste Cubain du précédent film. Bref, si vous connaissez les deux premiers Bad Boys, vous serez en terrain conquis.
L'histoire est assez simple. Marcus, devant l'émotion d'être grand-père, veut encore prendre sa retraite. Sauf que cette fois-ci c'est différent. Un évènement dramatique va le pousser à la prendre. Je vous laisse le soin de le découvrir. Car le scénario de Chris Bremner, Peter Craig et Joe Carnahan, paraît classique au début, mais s'avère plus violent et plus sombre que ce à quoi on s'attend de la licence. Un ancien ennemi de Mike va refaire surface, ne désirant que la vengeance.
Si en terme de structure, on retrouve un peu l'ossature de "Bad Boys II", avec un final hors de Miami, qui se déroule même à Mexico City, la façon d'y venir est beaucoup moins stupide que les précédents films. Je passerais outre le fait que les dates ne me semblent pas correspondre, genre dans "Bad Boys : Flics de choc" Marcus et Mike ne font équipe que depuis un an ???? Difficile à croire. Tout comme cette "origin story" qui fait de Mike Lowrey une sorte de Ryo Saeba, revenu de loin. Le scénario n'est pas toujours très cohérent, mais ça passe.
Surtout que du côté du développement des personnages, il y a du mieux. On apprécie voir Marcus tenir tête à Mike. D'ailleurs, ce premier est le penchant comique du duo. Toujours à balancer des vannes alors que l'action est tendue. On retrouve les dialogues débiles à double sens de "Bad Boys II". On le voit dans la bande annonce, avec une question de pénétrer profondément une personne. D'ailleurs, si les vannes sont plutôt drôles, le film est pourtant plus sombre et violent. Quand le premier gros événement intervient, on se retrouve surpris ou surprise. Mais ceci ne sera pas le seul gros choc du film. Un personnage meurt de façon abrupt et ultra choquante. Je vous laisse découvrir qui.
Le film traite aussi de la prise d'âge. Ainsi Mike et Marcus sont les vieux loups, usant de procédés vieillots, tandis que l'AMMO, la nouvelle équipe High-tech, est jeune et moderne. On y trouve Rita (Paola Nuñez) qui commande le geek Dorn (Alexander Ludwig), Harry (Charles Melton) et Kelley (Vanessa Hudgens). Une équipe qui m'a fait penser à la série "NCIS : Los Angeles", ayant des moyens modernes. D'ailleurs, cette jeunesse fait un peu du bien au film. Dorn étant tout musclé, mais ne prend pas part à l'action (pour une raison précise), Harry est un peu plus, comment dire, presque arrogant, mais efficace, et Kelley aussi. Une étonnante Vanessa Hudgens pour le coup, qui est ultra efficace en agent de l'AMMO. D'ailleurs Marcus fera une petite blague sur High School Musical, show qui a révélé la jeune actrice.
Des références comme celles-ci, il y en a des tonnes. Aux "Men in Black", je pense même à "Je suis une Légende". Bref, la filmographie de Will Smith est citée à de nombreuses reprises, sur le ton de la plaisanterie, et ces petites pointes d'humour fonctionnent bien je trouve, même si elles cassent le sérieux de l'action et de ce qui se déroule à l'écran (ce qui est flagrant dans le final du film).
L'action, parlons-en. Plus lisible que chez Michael Bay, elle est moins folle. Je n'ai pas eu de grosses sensations comme dans la brouillonne scène de l'autoroute de "Bad Boys II". Pourtant, les plans iconiques des autres films sont là. Que dire du cameo en rotation de Michael Bay himself. Putain j'ai kiffé là. L'action donc, elle reste efficace, et fait parfois mal. En fait, j'ai eu l'impression de voir pas mal de John McClane (de la saga "Die Hard") ici. Tout le monde morfle, les coups portent moins que chez "Mission Impossible : Fallout", mais ils font mal. Les gunfights sont moins bons que chez John Woo, mais là aussi ça reste d'une efficacité propre, assez pour refiler la banane.
Je suis chiant avec ça, mais on retrouve plein de choses des précédents films, l'autoroute, le basket (abordé de façon différente à travers la fille de Howard), plein de trucs qui, mis bout à bout, m'ont enchanté. Pourtant, on ressort du film loin d'être essoufflé. Ce n'est pas la faute au final, qui se présente comme un jeu vidéo, avec un Boss de fin de niveau, la caméra de côté rappelant les jeux de plateforme, ou le récent "My Friend Pedro". Non, en fait c'est cet espèce de twist qui arrive vers les 2/3 du film, qui gêne. Concernant le passé de Mike. D'un côté on ne peut pas reprocher au scénario d'être convenu, vu qu'on ne s'attend pas trop à ça à la fin. Si l'émotion ne prend pas, elle est pourtant bien présente.
En fait, c'est un peu comme pour "Rambo : Last Blood". J'ai adoré le film, mais on sent les personnages un peu vieux. Le pire étant qu'une suite semble s'annoncer. De plus, le côté complétement foutraque et fun du film est atténué par plus de noirceur. Seul Marcus essaye de faire des vannes, au point qu'il paraît être là sans être là, ça fait bizarre j'avoue. Je n'arrive pas bien à tout analyser, mais je pense qu'il y a un message encore plus profond, concernant le fait de vieillir.
Si le film ne réinvente pas l'action, ni le buddy movie, il est efficace. Le scénario est un poil moins con que d'habitude, mais parfois difficile à encaisser, notamment sur la révélation de Mike. Il y a des fulgurances qui surprennent et choquent, rendant le film plus sombre je trouve. Tout en conservant des traits d'humour pouvant énerver mais qui ont bien fonctionné sur moi. J'ai passé 2 belles heures, même si je n'ai pas retrouvé le côté absolument délirant, dégueulasse et bordéliquement jouissif de "Bad Boys II". Si vous n'aimez pas les films précédents, vous y verrez juste un film vite vu et vite oublié. Moi qui possède un rapport particulier avec ce duo, j'ai aimé et en garde un bon souvenir. J'ignore si il peut vous plaire, je ne peux ni vous le conseiller, ni vous le déconseiller. Je peux juste dire que j'ai bien aimé et que j'ai hâte de le revoir en VOSTFr malgré une VF correcte.
@+
P.S. : Après avoir un peu plus digéré le film, je constate deux trois trucs. Primo, il m'a marqué, dans sa partie sérieuse, le film m'a marqué, je me repasse des moments clés, et sur ce point, c'est une réussite. Deuxio, le scénario est bon, mais parfois très très con, et ça a plus de mal à passer maintenant qu'au moment où j'ai écrit la chronique. Par contre, je n'arrive pas à me souvenir d'un exemple précis. Tertio trimo, la réplique que l'on entend dans la bande annonce quand Marcus enfile enfin des lunettes, bah j'ai bien aimé, le "je vois tout en HD maintenant". C'est con, mais j'aime bien.
Ah, si, je me souviens ce qui me gêne au niveau du scénario, c'est le méchant qui est con comme pas permis, en 6 mois il est incapable de se renseigner correctement, il faut que sa môman l'appelle du Mexique pour lui indiquer ladite nouvelle... ce point là est débile, mais débile.