Cultivons la curiosité
Vous le savez peut-être si vous suivez Ashou, mais il m’est arrivé de faire quelques collections de bande dessinée, dont certaines de chez Hachette. Le genre de collection qui se lance aux rentrées (janvier et septembre), qui offre souvent des petits cadeaux au début, en plus d’un petit prix pour les numéros la débutant.
Ainsi, à travers la collection des éditions Hachette, j’ai fait celle des Schtroumpfs. Thierry Culliford, plus connu sous son nom d’artiste Peyo, créera ces petits Êtres bleus dès 1958, à travers une histoire de Johan & Pirlouit « La flûte à six trous », rapidement renommée « La flûte à six Schtroumpfs » lors de sa sortie en album en 1960.
Du coup, après avoir offert le premier tome de Poussy, « Ça c’est Poussy », qui marque les débuts de Peyo, nous eurent droit aux deux premiers tomes des aventures de Johan & Pirlouit. En vérité ces tomes parlent des aventures de Johan, Pirlouit n’intervenant qu’en 1956 dans « Le lutin du bois aux roches » le troisième tome de la série.
Ainsi, nous voilà aujourd’hui devant la première aventure du courageux Johan. Dans un monde médiéval, un royaume gouverné par le Roi (il n’a pas de nom), vaque à son quotidien. Ainsi, une joute doit avoir lieu dans la cour du château, ce dernier étant en effervescence.
Le champion invaincu, le Comte de Tréville, doit affronter sir De Basenhau. Le premier demande à Johan d’aller lui chercher sa lance afin qu’il puisse se préparer. On devine que le jeune homme adule le Comte, et que ce dernier l’apprécie également beaucoup. Alors, non, pas de BL ici, juste que le Comte n’est pas arrogant et/ou fier, et est un bon ami de Johan.
Cependant, le jeune Page va avoir une désagréable surprise. Il va surprendre sir De Basenhau en train de scier la lance du Comte. Partant avertir ce dernier du danger qui le guette, le Comte demande à Johan de ne pas s’inquiéter. Évidemment, le vil tricheur prendra une rouste, et sera même banni du royaume lorsque son acte immonde sera révélé au Roi.
De Basenhau, fier comme un caca, décide de tout faire pour se venger, tel Orangina Rouge. Il envoie un espion afin de trouver un faille. Espion qui est indigne du MI6, vu qu’il se fait attraper, malgré son identité de troubadour. Johan est en effet particulièrement éveillé, et ne lui fera pas confiance.
Profitant de la capture de ce troubadour, la cour (Johan en fait) décide de tendre un piège à l’odieux comploteur. Lui faire croire que le champion, et chevalier hors pair, le Comte de Tréville, s’absente et que le troubadour offrira une faille via le mur sud, ce à partir du huitième jour. Johan n’hésite pas et décide de partir pour le château de De Basenhau, sous forme de mendiant afin de lui porter ce message.
Et voilà donc le début de cette histoire qui s’avère prenante en fait. Il est dommage de constater qu’il manque un brin d’humour (ou alors ai-je trop l’habitude de Pirlouit ?), mais sinon, le reste est captivant. Par contre, en terme de dessin, ça surprend. Les premières planches ne sont pas propres. Elles paraissent même hésitantes dans le trait. Puis ça s’arrange rapidement.
Dès la cinquième planche, c’est bon, on arrête de cligner des yeux, et on peut commencer à rentrer dans l’histoire. C’est dommage, car la découpe, la réalisation et le dynamisme offerts dans la joute sont bien faits. On retrouve dans l’histoire, cet univers médiéval sympa vu dans « Robin des bois » ou « Thierry la Fronde ». J’ignore pourquoi je cite cette dernière série, car mise à part le sketch des Inconnus, et de brefs extraits, je ne connais pas bien.
Les déplacements prenant plusieurs jours surprennent aussi mais montrent une volonté de cohérence avec l’univers médiéval. On retrouve déjà la patte de Peyo, qui posera le Pays Maudit (celui des Schtroumpfs) dans cet univers. Mêlant forêt, château, nature, roublardise d’une personne plus « faible » face à un grand danger. Ici Johan se cachant de l’armée de De Basenhau. L’idée d’évasion est une des petites touches d’humour qui nous fera regretter de ne pas en avoir plus.
La fin arrive vite, après 43 planches, un chiffre impair, ce qui m’a surpris. On retrouve un côté festif assez classique. Même si j’ignore si c’était courant ou non en 1952 (date de la première publication des planches dans le journal de Spirou). La bataille finale reste impressionnante, bon, c’est relatif, ne vous attendez pas à une lutte épique façon «Le Seigneur des Anneaux ». Mais bon, quand même, on sent une certaine tension, bien que l’on devine que Johan s’en sortira.
En fait, l’expérience s’avère sympa à faire. Il n’y a pas le trait serein et propre qui viendra par la suite, du coup ça surprend un peu, mais sinon, la découpe des cases, l’action, les planches, fonctionnent bien. L’histoire peut être décrite comme « classique », mais je l’ai trouvée plaisante. Il est vrai que c’est difficile de plonger dedans, surtout face aux premières planches qui n’aident pas à continuer, la faute à ce dessin peu assuré. Sinon, le reste est très sympa, se lit vite, et montre ce que faisait Peyo à ses débuts.
Johan est un peu énervant car presque parfait. Mais c’est souvent ainsi avec les héros. Qu’ils soient contemporains ou non. Ici, on ne trouve pas trop de choses qui seront reprises par la suite chez les autres auteurs des bandes dessinées Franco-Belges. J’ai bien aimé le parcourir, mais de là à vous le conseiller, non. Il y a bien mieux à découvrir avant. Après, par curiosité si vous aimez les Schtroumpfs et/ou Peyo, c’est à lire. Sympa.
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