Cultivons la curiosité
Prendre comme postulat de départ un ancien anime des années 80 qui parlait de façon légère du monde des idols Japonaises, et en faire un manga presque 30 ans plus tard, c'était un pari risqué. D'autant plus quand on sait que Yû Morisawa, l'héroïne de "Creamy, merveilleuse Creamy" (ledit anime) peut se transformer en Creamy à la façon des magicals Girls. Devenant ainsi une artiste réputée et qui va voir sa popularité exploser aussi rapidement qu'elle est apparue.
Seulement, l'arrivée impromptue de Creamy dans le monde de la chanson va provoquer la chute de Megumi Ayase, l'artiste du moment, et celle-ci va mal le prendre. Ainsi, le manga prend le pari du point de vue de Ayase. Jugée trop âgée, sur le déclin, moins fraîche que Creamy, elle va cristalliser tout ce qui ne fonctionne pas dans ce monde sans pitié.
À travers les yeux de Ayase, nous allons en quelque sorte assister à l'éclosion de Creamy, avec les doutes que l'idol en place va devoir affronter. Permettant aux lecteurs et lectrices de mieux comprendre la personnalité de la "méchante" de l'anime. Pas si odieuse que cela, sachant que c'est juste le monde artistique qui l'a conçue ainsi.
Dans le premier tome, nous avions droit à un petit rappel sur comment Morisawa se transforme, son environnement avec Midori et Toshio, ainsi que Shingo, second directeur du label qui a découvert Ayase, et qui va jeter son dévolu (en quelques sortes) sur Creamy. Nous avions assisté à la tentative de Megumi pour démasquer Creamy. Personne ne connaissant son identité. Rapidement, les doutes porteront sur Yû, au point de l'enfermer dans une cage.
Si on pouvait finir le tome 1 sans vraiment apprécier Ayase à sa juste valeur, malgré tous les efforts fait pour devenir idol, son travail incessant et le fait que la chute s'annonce rude, le deuxième tome va finir de vous convaincre. Si on tombe sur un début de tome léger, avec une Ayase toujours aussi violente contre Shingo, et qui va encore essayer de piéger Creamy (ses doutes persistent concernant Yû), on va surtout découvrir une histoire inédite et captivante.
En effet, nous allons voir comment Shingo, fils du directeur de Parthenon Productions, va plus ou moins découvrir un diamant brut en la personnalité (pourtant renfermée) de la jeune Ayase. Seulement, les combines vont mener une autre jeune fille à éclore avant, même si elle n'a pas de talent particulier. Ici, la critique sur le monde impitoyable des idols est acerbe et violente. Shingo sait que son boulot consiste à trouver des filles qui présentent bien, et à se débrouiller pour que personne ne remarque qu'elles n'ont pas spécialement de talents en chant.
Mais sa découverte de Ayase va lui faire prendre une autre voie. Quitte à aller à l'encontre de la jeune fille pistonnée. Ce qui va forcément exploser dans le tome 3 comme le laisse à penser les vignettes qui aguichent sur le prochain livre. Je vous garantie que la mangaka MITSUKI Emi, qui dessine et scénarise, n'y va pas par 4 chemins.
Le dessin reste très propre, alliant la simplicité de l'anime des années 80 avec une finesse plus propre aux shôjô actuels. J'avais zappé l'histoire du fantôme d'ailleurs. Qui est à la fois lourde et légère, car c'est en voulant saboter la publicité de Creamy que Ayase se retrouve en mauvaise posture. Mais passons, car si les actes de Megumi sont condamnables, la voir refuser la proposition de Snake Joe, un sale paparazzi capable des pires crasses, a quelque chose de réconfortant. Même si la seconde fois elle finit par accepter. Ce qui semble provoquer le retour en arrière, quand Shingo lui dit qu'elle a mal agi, un peu comme ce qu'elle a pu subir à ses débuts.
Plongée effrayante et effarante dans le monde d'un label d'idols, nous allons surtout débuter un récit sur le passé de Ayase qui s'annonce fort en émotion et bien glauque. Ce qui pourrait expliquer son côté acariâtre et prête à tout pour rester au sommet. Condamnation sans détour du mode de fonctionnement de l'industrie musicale des idols, ce manga est à la fois loin du côté mignon et sympathique de l'anime, tout en le respectant pourtant. Cette fois-ci c'est une vision sombre et non plus magnifiée de ce monde là, et c'est captivant à lire. J'ai adoré.
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