Cultivons la curiosité
Alors que j'ai débuté mes achats chez naBan Éditions avec le financement participatif de "Old Boy", la jeune maison d'édition avait déjà édité "Demande à Modigliani!". Le manga de AIZAWA Ikue était assez récent au Japon, vu qu'il fût édité en 2016 et que naBan en assura la localisation 3 ans après. Un peu à l'image de cette maison d'édition, la mangaka était toute jeune au moment de sortir le premier tome. Dont nous voyons la fin de la première œuvre aujourd'hui. Six années furent nécessaires à priori pour finir de raconter les 4 années d'études supérieures en arts de 3 amis, dans une fac paumée du nord du Japon.
Nous avons ainsi suivi Chiba, Motoyoshi (Mo) et Fujimoto, un peu comme dans "Azumanga Daioh", durant un cycle d'étude. Si dans le manga humoristique de AZUMA Kiyohiko, ce sont les 3 années de lycée qui servent de base, ici, ce sont donc les études supérieures qui seront contées. Avec toute la difficulté que ça représente, vous n'êtes ni adulte, ni enfant, et cette fois-ci, vous devez impérativement choisir votre voie. C'est d'autant plus difficile pour nos protagonistes, que c'est dans le domaine assez méprisé et abstrait de l'art qu'ils ont choisi d'évoluer.
De plus, nos 3 héros doivent composer avec leurs passés, leurs doutes, leurs craintes. Nous en apprendrons plus sur leurs personnalités, ultra attachantes, à travers des scènes souvent émouvantes. C'est donc avec une certaine appréhension que l'on entame cet ultime tome, composé de 8 chapitres. Et comme d'habitude, nous allons alterner avec nos protagonistes le long de ces chapitres. En débutant par la petite sœur de Chiba (Kanako), qui permettre de revoir la petite amie de Fujimoto. Avec notamment une crainte de Kanako de se voir obligée de suivre un cursus scolaire qu'elle ne désire pas. La pression de la société déjà en marche sur une adolescente de 17 ans.
Puis arriveront les projets, respectivement de Chiba, qui va aussi renouer avec son aînée, l'élève aînée qui l'a initié au travail du verre. Le jeune homme impulsif n'hésitera pas à jouer, voire transgresser les règles pour accomplir un projet digne de ses amis. Il s'est toujours considéré à la traîne, mais Chiba possède une telle abnégation et énergie, qu'il compense largement ce qu'il estime être un manque de talent, par sa volonté de fer. Viendra le tour de Fujimoto, toujours aussi renfermé, mais qui arrive à passer outre ses craintes, et va se lier un peu plus avec Mo. Les 2 artistes accompliront une belle œuvre de fin d'étude. Fujimoto va même arriver à franchir le pas, celui d'être indépendant.
En parallèle de ça, Chiba accomplissait son projet, et lui aussi trouvera sa voie. Et il y a Mo. Orphelin talentueux, a qui tout sourit (il faut dire que le tsunami de 2011 lui a tout pris, donc il a bien morflé déjà), et qui va hésiter, adopter ou non une petite chatte abandonnée. Ayant pour ambition d'aller à Barcelone, il hésite beaucoup, avec, une fois de plus, une crainte que je comprends, à savoir qu'un animal domestique va forcément partir avant toi. Ce à quoi Chiba répondra magnifiquement par un : "oui, mais il reste les bons souvenirs passés ensemble".
Bref, on reste sur ce dessin atypique je trouve, mais plaisant. Une découpe claire, qui ne nous perd pas, et des personnages plus que jamais attachants, que l'on laisse avec une pointe de tristesse. J'aime beaucoup le fait que la mangaka termine son récit par l'idée que le livre, on peut le rouvrir à sa première page. Ceci atténue quelque peu la peine que l'on a de voir nos 3 héros entrer dans la vie active, à leur manière. On perçoit que leur amitié ne faillira jamais (lors des dernières pages).
Une fois de plus, AIZAWA voit juste. Dans la façon qu'ont les personnages d'exprimer leurs sentiments, de permettre aux lectrices et lecteurs de comprendre pourquoi certaines choses ne sont pas ouvertement dites. On trouve cette poésie, dont j'ai assez peu parlé finalement pour les tomes précédents, mais il y a pas mal de poésie le long de ces 4 années. Beaucoup de problème sociétaux y sont abordés. Qu'ils soient principalement Japonais ou Internationaux importe peu, on arrive à les comprendre, et ceci rend les personnages attachants.
Mais je m'égare. Car si j'ai longtemps hésité à prendre "Demande à Modigliani!", c'est parce que je croyais, à la couverture, que c'était un manga sur la peinture. Je ne sais pas pourquoi. Bon, au final, il y a de la peinture, mais ce sont surtout les personnages, leur évolution, leurs doutes, leurs peurs, qui nous guident le long d'un récit simple, mais juste. C'est totalement le genre de manga que l'on veut mettre sous les yeux des imbéciles qui hurlent à la violence à outrance des œuvres Japonaises. Ici, on ressent beaucoup d'émotions, tristes ou drôles, et on prend énormément de plaisir à suivre ces 4 années, dans une Faculté d'art paumée, où même les imbéciles sont admis. Ce manga est à l'image de naBan Éditions, simple, efficace, beau, et qui gagne à être connu. Foncez, j'ai adoré.
@+
Demande à Modigliani ! Intégrale 5 Tomes | Naban Éditions
Format : 15 x 21 cm - Autrice : Ikue Aizawa - Pages : 195 à 220 pages par tome Chiba, Motoyoshi et Fujimoto sont trois étudiants d'une modeste école d'art située dans les montagnes du nord-est ...
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