Cultivons la curiosité
Diffusée en 2015 sur Fuji TV, "Assassination Classroom" est donc l'adaptation du manga éponyme signé MATSUI Yûsei. Sachant que celui-ci s'est achevé après 21 tomes en mars 2016, la saison 1 intervient alors que le manga approche de sa fin. Bon, nous l'ignorions à l'époque, mais ceci explique les 9 mois qui séparent la diffusion de l'ultime épisode de la saison 1 (numéro 22), du premier de la saison 2 (numéro 23). Kana Home Video se charge de la sortie vidéo en France, tandis que ADN et Netflix ont les droits pour le streaming.
Ironie de la chose, c'est alors que je possède le beau coffret DVD regroupant les 2 saisons que je vais voir cet anime sur Netflix en version originale sous titrée en français. Il faut être con parfois. Le studio d'animation Lerche confiera le projet à KISHI Seiji pour la réalisation et UEZU Makoto au scénario. Vous l'aurez deviné, ce sont 22 épisodes d'environ 22 minutes qui nous attendent. On en parle après le premier générique d'introduction (ou opening).
Vidéo de JoshuaO95
Tout débute alors que la Lune vient de subir d'immense dégâts. Désormais elle n'apparaîtra plus ronde, mais bien sous la forme d'un croissant. Ceci est la faute à un être doué d'une force et d'une vitesse inimaginable. De forme poulpique et de couleur jaune, il n'est pourtant guère effrayant. Sauf qu'il impose un ultimatum à la Terre. Cet être va enseigner dans un collège d'un lycée japonais, et il autorise seulement sa classe à essayer de l'abattre.
Il ne choisit pas n'importe quelle classe, vu que c'est la 3E du collège Kunugigaoka. Un collège spécifique, qui n'hésite pas à envoyer ses mauvais élèves au sommet de la montagne attenante au collège, afin de les faire étudier loin de la ville et du bâtiment principal. Sorte d'humiliation qui permet au directeur de maintenir les élèves des autres classes à un niveau élevé. La classe 3E se compose des rebus en quelque sorte. Et celui qui sera rapidement appelé Koro Sensei, a choisi cette classe pour essayer de l'abattre et ainsi sauver le monde.
Je ne vais pas faire l'état des lieu des élèves, mais un sort du lot, Nagisa. Ayant une apparence involontairement androgyne, il va pourtant se révéler comme étant le personnage principal du récit avec Koro Sensei. Je n'en dirai pas plus, rassurez-vous, mais il offrira une fin de saison haletante, qui coupera violemment avec sa bonhommie habituelle.
Ainsi, pendant 22 épisodes, on découvre le quotidien de cette classe, qui va apprendre en compagnie de Koro Sensei, leur professeur principal, tout en essayant de l'abattre. Une prime de dix milliards de yens sera offerte aux personnes capables d'un tel prodige. Car le poulpe est vif, habile, malin. Cependant, il cache derrière sa puissance, une grande gentillesse et empathie envers ses élèves, rebus de la société je vous rappelle.
Son visage prend diverses couleurs selon ses émotions. Mais cependant, les élèves vont, au fur et à mesure de l'histoire, apprendre ses points faibles. Et il en a un paquet. Koro Sensei sera aussi secondé, enfin non, pas secondé, disons qu'il ne sera pas le seul professeur. Karasuma occupe un poste important au ministère de la Défense, et il va aider les élèves en leur apprenant des techniques de combats. Irina leur apprendra comment employer la ruse et se servir de ses charmes. Il faut dire que la tueuse professionnelle est très belle et sait en jouer. Elle servira pas mal de fan service au téléspectateurs et téléspectatrices, mais est loin d'être inutile.
En fait, il est assez drôle de voir des élèves essayer d'assassiner leur professeur principal. Et dit ainsi, ma phrase ne passe pas du tout. Disons que c'est fait dans une bonne humeur qui rend le principe beaucoup moins violent. Koro Sensei est tellement puissant, que l'on sent la Terre condamnée, malgré l'année qu'a laissé le poulpe pour essayer de l'assassiner. On découvrira les personnalités de la classe 3E, toutes atypiques et attachantes. J'ai adoré Kanzaki, qui ressemble, physiquement, énormément à Osaka de "Azumanga Daioh". Mais c'est évidemment Nagisa le héros de cette histoire.
L'animation est propre, pas sublime, mais ça fait le boulot, et les comédiens et comédiennes de doublage offrent de vraies personnalités aux personnages. Les élèves tenteront tout, et on découvrira de forts caractères, mais aussi une volonté d'être soudés qu'importe l'adversité. Car si on peut croire qu'offrir le sauvetage du monde à une classe de rebus est une erreur, on constate rapidement que la recherche de la performance à tout prix du milieu scolaire est une connerie pure et simple.
En effet, ici je vais m'attarder sur la seconde lecture qu'offre l'anime et donc le manga. Sous couvert d'un divertissement rigolo, quoique offrant des passages chocs (surtout en fin de saison), on y voit une critique ouverte du système scolaire asiatique. Qui pousse toujours plus à la réussite et enfonce les élèves n'y arrivant pas. On verra que c'est pour diverses raisons que les élèves ont atterri ici, et à travers ce but commun d'assassiner "l'intuable", les personnalités vont se révéler.
Car oui, c'est bien une critique du système scolaire qui arrive ici. La volonté d'humilier les moins doués et d'en faire un exemple de ce qu'il ne faut pas devenir. L'évolution de la classe 3E est spectaculaire. Koro Sensei s'avère de plus en plus difficile à abattre, malgré une liste de points faibles qui s'allongent. Et ceci parce qu'il est un des rares professeurs à les aider à avoir de meilleurs résultats. Il n'hésite pas à prodiguer d'excellents conseils et est un prof bienveillant dans le bon sens du terme. Les élèves commencent à s'attacher à lui, et on devine aisément que le final sera un crève cœur. Laisser ce monde qui les a exclu périr, ou alors abattre la seule personne qui a vu en eux (et elles) des qualités insoupçonnées ?
Drôle, violent (quoique Koro Sensei ne peut périr qu'avec des balles ou lames faites en matériaux inoffensif pour les humains et humaines), émouvant. "Assassination Classroom" est incroyable dans sa justesse mais aussi son évocation du milieu scolaire (asiatique notamment). On s'attache à tout le monde et rapidement, on oublie à quel point ce poulpe jaune pervers qui change de couleur est dangereux. Sa bienveillance auprès de ses élèves déteindra même sur les adultes qui l'accompagnent (Karasuma et Irina). On suit avec avidité cette histoire, dont la saison 1 offre un final en plusieurs épisodes haletants mais aussi violent. Il me tarde déjà d'enchaîner la seconde saison, même si je me doute que la fin sera triste. Un anime à voir en tout cas, que j'ai adoré.
@+