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Cultivons la curiosité

Chasse à l'Homme

Chasse à l'Homme

Tandis qu'il n'a plus rien à prouver en Asie, John Woo cède aux sirènes d'Hollywood et sa puissance financière. Complètement inconnu aux États-unis d'Amérique, c'est un Belge qui lui cartonne au pays de l'oncle Sam qui va l'introduire au premier marché du cinéma mondial. Jean-Claude Van Damme ne joue peut être pas excellemment bien, mais ses films d'action battent des records au box office. Il a le statut de star du film d'action, au même titre que Sylvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger. Sa renommée lui permettra d'avoir, en plus d'un cachet énorme, une certaine influence sur le choix des réalisateurs.

Bon, ceci est une légende, qui veut que JCVD aurait choisi John Woo, et lui aurait même donné des "conseils" pendant le film. Le fait est que, quand les producteurs devaient trancher et écouter quelqu'un, le Belge avait plus d'influence que le Chinois (John Woo est né à Canton, donc en Chine, du coup il est Chinois). Tout ceci arrive en 1993, avec un scénario signé Chuck Pfarrer, et nous voilà parti.e.s pour environ 1h40, et nous verrons que ce sera très poussif au début. En attendant, un petit trailer en V.O. tandis que j'ai vu ce film en version originale sous titrée français.

Vidéo de Stevens Ainé

John Woo est désormais connu pour son style de mise en scène classieuse. Il met en scène des fusillades comme personne, avec des ralentis, des éléments du décor qui se cassent, des cascades impressionnantes. Alors l'idée de combiner les qualités de JCVD au corps à corps, avec la mise en scène de John Woo, cela ne pouvait être qu'enthousiasmant. Mais nous allons voir qu'un souci de rythme et de scénario va quelque peu gâcher notre joie.

Le film débute par une chasse à l'homme dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Des hommes en moto et gros 4x4 traquent un fuyard. Seulement, ils ne cherchent pas à le tuer. On devine rapidement qu'un personnage est chargé de mettre fin à la vie du fuyard. Là, je ne sais pas pourquoi, mais la réalisation offre des effets bien vu, comme le fait de suivre le carquois, mais il manque du punch, du dynamisme. On découvre Fouchon (Lance Henriksen), qui est le chef de cette troupe. Il dirige les opérations afin que celui que l'on devine être son client, s'amuse et arrive à tuer sa proie.

Cette scène introductive marche assez bien malgré tout, mais on sent que le réalisateur est un peu bridé. J'ignore comment, mais on ressent ça. Surtout quand on sait que "Chasse à l'Homme" ("Hard Target" en VO) arrive une année après le dingue "À toute épreuve". Passons, car on constate que le monsieur assassiné est en fait un SDF, et, comme par hasard, ce meurtre arrive pile au moment où sa fille Natasha Blinder (Yancy Nutler) retrouve sa trace et débarque à la Nouvelle-Orléans. La belle et riche jeune femme ne passe pas inaperçue, et, heureusement pour elle, Chance Boudreaux (Jean-Claude Van Damme) veille au grain et l'empêche de se faire agresser par un quatuor de... voyous, on va dire ça.

L'occasion de mettre en valeur les qualités à la baston de JVCD. Et là, on constate que les ralentis sont surexploités. Mais quelque chose de pénible. John Woo veut mettre en place le côté classe du personnage principal, mais purée, il y a trop de ralenti, mais trop. On perd le dynamisme du combat, et on s'ennuie. Dommage, car les cascades sont spectaculaires, surtout le passage à travers la vitrine d'un des ennemis de Chance.

De fil en aiguille, alors que l'on devine que Chance galère, il va se retrouver engagé par Natasha, qui a constaté que la Police ne peut malheureusement rien pour elle et son papa. Une enquête va donc être menée par le duo, qui nous montrera les milieux des exclu.e.s. Mais entretemps, on en apprend plus sur Fouchon. Il organise des chasses à l'homme, pour que des riches personnes s'amusent. Les proies sont toujours choisies dans le milieu des personnes exclues de la société, et sont d'anciens combattants afin de pimenter le jeu macabre.

Forcément, ce qui devait arriver arriva, à savoir que Fouchon et ses hommes vont croiser le chemin de Chance et Natasha. Juste après que ces derniers abattent en pleine ville, l'ancien pote à Chance. Cette chasse était plutôt sympa, mais une fois de plus on constate un souci de rythme. Heureusement, Chance va devenir une cible à abattre. C'est à partir du meurtre du monsieur obèse (j'ai paumé son nom) qui fournissait les SDF à Fouchon, que l'action façon John Woo débarque enfin. La fuite du duo Chance/Natasha, où l'on verra ce premier se dresser sur une moto en tirant sur le véhicule de ses adversaires. Et en faisant une roulade par dessus ce véhicule. Là, il y a des ralentis, mais c'est tellement impressionnant que l'on ne s'y ennuie pas.

Cette scène s'achève par un saut dans un train, qui va permettre de changer un peu d'air. C'est en effet le Bayou de Louisiane qui va servir de décor pour l'affrontement final. L'occasion pour Chance de retrouver son tonton Douvee. Qui parle à moitié français (Louisiane oblige je pense), mais avec un accent étasunien il me semble. Wilford Brimley, l'interprète de Douvee, m'a fait penser à l'oncle Jesse dans la série "Shérif, fais-moi peur", avec le même côté penaud. Douvee manie l'arc comme personne d'ailleurs. Juste avant, Chance avait laissé un petit cadeau aux chasseurs, à base de serpent à sonnette sans sonnette. Bon, voir Chance assommer ledit serpent est ridicule, mais le piège est bien conçu il faut reconnaître.

Alors qu'il éradique les hommes de main (mais aussi de riches chasseurs venus pour traquer cette proie savoureuse), Chance va se retrouver à affronter le bras droit Pik van Cleaf (Arnold Vosloo). L'espèce d'usine désaffectée qui sert de dernier niveau, et dans laquelle des chars de carnaval sont entreposés, bah ce lieu va partir en feu. On casse tout, ça explose de partout, JCVD fait des pirouettes improbables à l'aide de trampoline (à moins que ce ne soit sa doublure), bref, c'est n'importe quoi, mais il y a un côté jouissif dans la mise en scène qui fait que l'on se retrouve captivé par ce que l'on voit. Même si ça paraît risible. L'affrontement final entre Chance et Fouchon est lui aussi très sympathique, même si c'est abusé, c'est plaisant.

Après un départ mou et limite ennuyeux, on peut dire que la fin, grosso modo la dernière demi-heure, montre une petite partie du talent de John Woo. Tout le long du film, on retrouve la patte du réalisateur, avec les colombes, les ralentis, les gunfights impossibles mais classes. Sauf que l'on sent une forme de bridage, venant des producteurs, afin de mettre en avant la star du film qui est JCVD. Le premier combat, quand Chance affronte les 4 agresseurs de Natasha, est mou, mais mou. La faute à une exploitation trop abusée des ralentis. C'est clairement la scène pour JCVD, vu que ça le met hyper bien en valeur.

Si on passe ce début chiant, l'enquête en elle-même n'est pas folle. Une sorte de "The running man" en moins intelligent, plus simple. J'ai trouvé que le BluRay mettait en valeur la qualité de la photographie de Russell Carpenter, et c'est joli dans l'ensemble. L'image je veux dire. Je l'ai déjà dit, mais on sent que John Woo ne peut pas faire ce qu'il veut, et ça fait bizarre surtout après le sommet qu'est "À toute épreuve". Mais pour la partie finale, je pense qu'il vaut le coup d'être vu. Sans se prendre la tête. Malgré ses défauts, j'ai bien aimé voir ce film. Puis le mulet de JCVD est hilarant. À voir en se disant que le début est poussif.

@+

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Super page, merci :) au plaisir de vous voir.
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