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Cultivons la curiosité

Daron Quest : Les Héros refusent de vieillir

Daron Quest : Les Héros refusent de vieillir

En terme de lecture, vous aurez remarqué que le manga prédomine sur Ashou. Pas cher, vite lu, vite chroniqué, c'est parfait. J'ai plusieurs éditeurs favoris quand il s'agit de faire des découvertes qui sortent des sentiers battus. naBan éditions ou Mana Books par exemple. Bien que ce dernier possède aussi des séries plus classiques on va dire. Un troisième petit éditeur possède aussi une jolie place dans ma bibliothèque, c'est Omaké manga. Dérivé de Omaké books, vous l'aurez deviné.

 

il se trouve que cette maison d'édition mène en France des œuvres qui n'auraient jamais trouvées une place chez les Kurokawa, Crunchyroll, Kana ou Delcourt/Tonkam. C'est ainsi qu'un One Shoot (histoire en 1 tome) me fit de l'œil. La faute à ma quarantaine passée ? Peut-être. En tout, c'est bien une histoire de MIYAGAWA Satoshi, mis en dessin par NANJÔ Yoshimi que nous allons voir aujourd'hui. Le tout localisé, ou traduit, par Frédéric Malet. Et ceci aura son importance, vous verrez.

 

Donc, le principe est à mi-chemin entre Isekai, jeux vidéo et manga. L'Isekai réunissant souvent les 2 derniers points. Déjà, premier point, le titre français. "Daron Quest : Les Héros refusent de vieillir" donne le ton. Quand il sort au Japon en 2021, c'est sous le nom de "Level 41 Sai no Yûsha". "Le Héros au niveau 41 ans" si j'ai bien pigé. Ou non. Je n'y comprends rien au japonais, désolé. Bref, en France, en 2023, l'accent est mis sur le côté RPG (role playing game, pour jeu de rôle) du récit. Avec "Dragon Quest" en ligne de mire. Et ça, c'est un bon point.

 

Donc, on retrouve Evan Williams, un valeureux héros au niveau 41 ans, qui doit vaincre le démoniaque Calvados. Cependant, il n'arrive pas à tenir ses équipes, l'âge avançant, il devient plus un boulet perdant l'attention, qu'autre chose. Le combat introductif est un échec, et le voilà contraint de recommencer à former une équipe, ce qu'il fait depuis plus de 20 ans, pour arriver enfin à tuer ce démon. Nous allons le suivre dans cette quête, où il rencontrera Gin, un jeune voleur de 19 ans, en passant par la case prison. Puis une mage elfe aux capacités étonnantes. Avant que tout ne s'achève par une lutte épique contre le dragon du début.

 

Mais avant d'arriver là, Evan va devoir lutter contre son niveau trop élevé. Ses statistiques baissent à vu d'œil et ceci l'inquiète. On ne pourra échapper aux hémorroïdes, à la difficulté que le corps a pour récupérer des combats. Même carrément au fait que la vue baisse méchamment. Il y sera même question d'apprendre ce qu'est la paternité, à travers la fausse adoption d'un cyclope qui va offrir un moment ultra bizarre, ou what the f*ck si vous préférez.

 

On ne sait jamais si nous sommes dans un jeu, un Isekai, ou juste une histoire de fantasy classique. Tout ce que l'on sait, c'est que l'humour est omniprésent, et se paye le luxe d'égratigner une génération de quarantenaire de façon plutôt efficace. D'ailleurs, j'y reviendrai, mais cette humour est un peu le défaut du manga. Le tout est mis en dessin avec un talent impressionnant. C'est magnifique, toujours dans un soucis du détail exceptionnel, et nous n'avons pas d'effets rigolos façon SD (pour Super Deformed, quand les personnages change d'échelle, deviennent tout petits par exemple). La découpe est assez claire, même si des fois, il y a trop de chose dans la vignette je trouve.

 

Le récit s'amuse des divers déboires que l'on peut avoir en prenant de l'âge. Et sur ce point ça fonctionne bien. Le questionnement que l'on a dans ce que l'on appelle "la crise de la quarantaine" marche, et fait parfois sourire. Parfois. Car souvent, pour une œuvre de 2021, c'est trop poussé sur le sexe, le fait qu'il veuille coucher avec sa première partenaire (qui doit avoir 24 ans), ou qu'il lorgne sur la femme du maire sur l'île de chais plus où. Allant carrément nous offrir une scène "mokkori" digne de "City Hunter". Sur ce point, c'est plus désolant (pour 2021 je veux dire) qu'autre chose. Il y a forcément la beuverie, et le fait de se retrouver dans le lit d'un homme, c'est très drôle... bah non.

 

Dommage, car la fin s'avère nettement plus réussie. Avec un vrai questionnement sur la prise d'âge. Le coup de la perte de mémoire est hilarant, encore plus quand évidemment Evan oublie ce qu'il venait chercher. La localisation s'avère parfaite, et va peut-être même un peu trop loin dans l'humour. Avec un aspect méta (qui brise le quatrième mur, s'adressant carrément aux lectrices et lecteurs) qui intervient dès le début. On retrouve de bonnes allusions à la culture française, et on ne peut que penser à la bande dessinée Astérix & Obélix dans le choix des noms français. Au bout d'un moment cela en devient limite lourd même, pourtant, ça fonctionne.

 

En fait, le principe est bon. Parler des personnes d'entre deux âges dans un manga est rare. Je repense à "Kaiju n°8" qui met en scène un héros trentenaire, ce qui n'est pas fréquent. Ici, on pousse jusqu'à la parodie. Seulement, l'humour est resté dans les années 90, avec un côté gênant par moment, pas mal poussé sur la volonté de coucher de Evan. Bon, en fait ce n'est qu'une partie, mais je le redis, il est triste d'avoir mis tout un chapitre sur le fait que le héros veut coucher avec la femme du maire. On dirait un récit d'un oncle rigolo mais un peu gênant, mis en scène avec des moyens dingues. Le dessin et la découpe de l'action étant sublimes.

 

Impossible pour moi de vous le conseiller. Oui, si vous avez la quarantaine (comme votre serviteur), ça vous parlera. Mais on ne peut décemment plus trop rire de certaines choses dans les années 2020, et on a l'impression que l'histoire date d'un autre temps. L'humour, au début, vous fera probablement plus lever les yeux au ciel que rire. Heureusement, la mise en scène, le dessin et même la localisation, sauvent ce livre. J'avoue que je ne m'attendais pas à un humour des années 90 (avec tout ce que cela implique de pensées) enrobé comme une superproduction moderne. Pas vraiment décevant, mais tout de même dispensable. Je n'ai ni aimé, ni trouvé ça nul.

 

@+

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