Cultivons la curiosité
Le retour dans les salles obscures sur Ashou se fait avec... un nouvel épisode du Marvel Cinematic Universe (MCU). Certes, ceci n'est pas très original, mais "Doctor Strange" étant un de mes films préférés du MCU, mon intérêt fut assez élevé. Encore plus en sachant que l'excellent Sam Raimi allait en être le réalisateur. Il sait mettre en images les super héros (c'est lui qui a lancé la mode avec son excellente première trilogie sur Spider-Man), et en plus il a toujours innové. Sa mise en scène est propre, et quand Disney promet de nous offrir le film le plus terrifiant de sa saga super héroïque, en connaissant le passif du réalisateur, ça ne pouvait qu'être intéressant.
Bon, il faut souvent se méfier de ce que disent les producteurs et productrices. Encore plus quand c'est un mastodonte lisse comme Disney qui le dit. Donc, on se doute bien que ce ne sera pas un film d'horreur gore que Sam Raimi va nous servir. Mais il pourrait proposer des choses issues du cinéma horrifique, capable de choquer le public habitué au côté propre des productions de la firme aux grandes oreilles. Regardons la bande annonce en version française, soit de la façon dont j'ai vu ce film. Alors, elle n'en révèle pas tant que cela, et je tâcherai d'en faire autant.
Vidéo de Marvel FR
Tout débute par une course. Dans l'entre-monde, ou entre-univers, le docteur Steven Strange fuit une étrange créature hostile en compagnie d'une jeune fille. Cette dernière semble posséder un pouvoir qu'elle ne maîtrise pas bien, et la bestiole aimerait bien le lui chiper. Strange morfle méchamment, jusqu'au moment où il se voit contraint de s'adjuger la pouvoir de America (la jeune fille qui l'accompagne), ce qui provoquerait sa mort (à America).
Rien ne se passe comme prévu, et Strange (Benedict Cumberbatch) se réveille en sursaut, c'était un simple cauchemar. Sauf si c'était plutôt ce qui l'attend en ce jour spécial qui est un cauchemar. En effet, Christine (Rachel McAdams), l'amour de sa vie, se marie, mais pas avec lui. Seulement, alors que nous en sommes aux festivités, d'étranges choses se produisent dans la rue adjacente. Des accidents de la route ont lieu en pleine ville, sans explication plausible.
Strange fonce voir de quoi il s'agit, et révèle un immense monstre cyclope aux nombreuses tentacules. Ce dernier a suivi America (Xochitl Gomez) dans cet univers, et lui en veut. L'occasion, après la scène d'action introductive, de redonner une dose de dynamisme. D'autant plus qu'il est rejoint par le sorcier suprême, Wong (Benedict Wong). Les deux hommes vont lutter contre ce monstre et essayer d'en apprendre plus sur la personnalité de America.
Au début réfractaire, elle va leur expliquer qu'elle vient d'un univers différent, et qu'elle possède le pouvoir de passer d'un univers à l'autre, sans arriver à s'en servir. Il ne s'active que lorsque qu'elle exprime une grande peur, et elle tombe dans des univers où elle ne souhaite pas forcément atterrir. Dès lors, Steven Strange va demander de l'aide à la magicienne/sorcière la plus puissante qu'il connaisse. Et c'est ainsi que Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen) revient dans les salles obscures après un passage sur Disney+ via la série "WandaVision". Série qu'il serait plutôt conseillé de voir avant ce film, même si ce n'est pas indispensable.
Dès lors, il va falloir protéger America de la personne qui en veut à son pouvoir, ce qui pourrait mener le monde, voir plusieurs univers, à leur perte. Et je vais tâcher de m'arrêter ici, car très tôt dans le film, on sait qui est l'adversaire. Peut-être le savez-vous déjà ? En tout cas, premier point que l'on constate, c'est que Sam Raimi n'a rien perdu de sa réalisation propre, tout est lisible, la caméra ne gigote pas dans les scènes d'action.
Mais surtout, même si ça reste édulcoré, la promesse de voir un film sombre, proche de l'horreur, est tenue. Entre la sorcellerie, les morts-vivants, les spectres, voire une histoire de possession, que je ne peux détailler ici sans trop en dire, on se retrouve surpris et surprise à de nombreux moments. Oui, il n'y a pas de sang, mais pourtant, on devine aisément la violence que les producteurs refusent de nous montrer.
Mieux, ce passage à travers plusieurs univers permet de voir des choses exceptionnelles. Comme la composition d'un bureau à un moment, avec des personnages qui font plaisir à voir, même si ce sont leur version d'un autre univers. D'ailleurs, ces autres univers sont assez recherchés et offrent de belles découvertes, comme celui où il faut passer au feu rouge. Hommage que l'on pourrait croire sorti de la série des années 90 "Sliders : Les Mondes parallèles".
Les effets numériques fonctionnent plutôt bien, et, hormis un passage sur fond vert que l'on perçoit au début du film, je trouve que ça passe. Bon, il ne faut pas y être allergique par contre. Les 127 minutes passent bien et rapidement, et on a un peu de tout, de l'action, de l'approfondissement des personnages. D'ailleurs America me rappelle furieusement Kate Bishop de la série "Hawkeye". Et petit à petit, le MCU pose sa future génération de héros et d'héroïnes.
Par contre, je n'ai toujours pas vu "Black Widow", "Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux" et "Les Éternels". Et ceci ne m'a pas du tout perdu. Je pense que connaître le premier film "Doctor Strange", ainsi que "WandaVision" sont un plus, mais il n'y a rien d'indispensable. Car hormis la présentation de America, la petite évolution de Strange et peut-être le statut de Wanda, le film ne paraît pas indispensable pour comprendre la suite. D'ailleurs, on dirait que cette phase IV du MCU, dont le film que nous voyons aujourd'hui est le cinquième si on ajoute "Spider-Man : No Way Home" aux autres cités un peu plus haut, bah on dirait que c'est une phase intermédiaire.
On ne fait pas trop d'origin story, quoique les films que je n'ai pas vu en font. Mais on sent que les séries Disney+ ont plus d'importance dans le MCU que les films de cette phase IV. On introduit doucement une jeune génération en les faisant venir avec des héros et héroïnes déjà bien implanté. Et ça fait un peu bizarre. Je ne sais pas trop comment l'expliquer en fait. C'est juste que les films paraissent beaucoup plus indépendants les uns des autres que lors des phases II et III.
Reste que le film offre d'excellents moments, et pour peu que l'on aime Sam Raimi, revoir des petits trucs du réalisateur fait toujours plaisir. Entre sa capacité à créer la surprise, voire à effrayer avec un film pourtant grand public. On retrouve Bruce Campbell, très rapidement, mais c'est un grand plaisir de le voir. En essayant de voir si Ted Raimi a fait ou non un caméo (je pense qu'il joue un garde achevé à Kamar-Taj), j'ai constaté que j'avais oublié de citer la série "Loki" qui explique, dans sa première saison, le principe de multivers.
Alors, j'ai bien aimé. Parce que je suis bon public, et parce que même si je n'en ressors pas avec l'impression d'avoir vu le film le plus effrayant du MCU, et bien les citations issues du cinéma horrifique m'ont fait plaisir. Sam Raimi sait filmer proprement, et ça aussi ça fait grandement plaisir. On retrouve une beauté visuelle désormais monnaie courante dans cette saga cinématographique, mais pas le "waouh effect" que m'avait procuré le premier "Doctor Strange" qui était dingue visuellement. Reste un bon divertissement, qui fait passer 2 belles heures au cinéma. J'ai beaucoup aimé.
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