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Cultivons la curiosité

En Place - Saison 1

En Place - Saison 1

En terme de séries produites par Netflix (une contrainte pour émettre en France), on connaissait "Family Business", "Marseille" ou "Arcane" (dont la saison 2 arrive bientôt sur Ashou). Un petit peu moins "En Place". Débutée en 2023, elle connaît à l'heure actuelle 2 saisons de 6 épisodes. Assez courts, denviron 30 minutes. La série est créée par Jean-Pascal Zadi et François Uzan. Elle possède un point de départ assez étonnant, qui résonne toujours plus d'un an après sa diffusion (de novembre 2023), à savoir, un homme noir issu de la banlieue parisienne, peut-il changer les choses en se présentant à l'élection présidentielle ? Nous verrons cela après la bande annonce.

Vidéo de Netflix France

Stéphane Blé (Jean-Pascal Zadi) est un animateur de banlieue. Il s'occupe des jeunes, afin de s'assurer que ces derniers ne fassent pas (trop) d'erreur. Plutôt connu dans le coin, il est aussi marié avec Marion (Fadila Camara) et le couple essaie d'avoir un enfant. Cette dernière a créé un salon de coiffure, et iels essaient de vivre normalement. Pas facile cependant dans une banlieue mal aimée par les politiques. Notamment le Maire Éric Andréi (Benoît Poelvoorde), qui est le candidat de gauche à l'élection présidentielle.

 

Mieux que ça, Andréi est archi favori, ce qui fait que ses adversaires sont prêts à tout pour le faire chuter. Lors d'un déplacement dans sa ville, Andréi s'offre un bain de foule, qui va mal tourner en terme d'image. Stéphane en a marre de voir les personnalités politiques ne s'intéresser à la banlieue qu'en période électorale. Il sortira une punch line, qui va changer sa vie. En effet, les médias, friands du moindre os à ronger en période électorale, font faire un jeu. Comme ça, pour voir, combien ferait Stéphane Blé à l'élection qui arrive ?

 

Le résultat est impressionnant, car les 4% (ou 3 je ne sais plus) d'intentions de votes pour un inconnu, à la dentition surprenante (Jean-Pascal Zadi en joue), donnent un idée à William (Éric Judor). Cet ancien conseillé politique, à priori sans candidat·e·s attitré·e·s ici, va voir en Stéphane le moyen d'entrer dans un futur gouvernement de droite. Durandeau (Emmanuel Dehaene) étant prêt à lui offrir un poste à Beauvau si il arrive à plomber la candidature de Andréi. Magouille politique, en veux-tu, en voilà.

 

Mais ceci, Stéphane l'ignore quand il voit ce monsieur limite raciste le pousser à se présenter. La stratégie de William est simple, faire monter Stéphane à 6-7%, pris sur Andréi, afin d'assurer un second tour Durandeau - Cognard (Pierre-Emmanuel Barré), le candidat d'extrême droite. Seulement, le spectateur et la spectatrice que nous sommes sont au courant d'une chose. Les premières minutes de la série sont le résultat du premier tour de la présidentielle, qui qualifie Stéphane Blé et Corinne Douanier (Marina Foïs), la candidate écologiste, au second tour.

 

Le tout sera de savoir comment un tel exploit fût possible, surtout que l'on nous explique assez vite que les intentions de votes pour Douanier sont faibles. La recherche des parrainages (offerts essentiellement par la droite pour vampiriser les voix de Andréi), la gestion de la campagne éclair (il reste 3 semaines avant le premier tour), plus le fait qu'il essaie d'être papa et Marion maman, en passant par la médecine, tout ceci ne sera-t-il pas de trop pour un simple et jeune animateur ?

 

La force de cette série, c'est un peu celle de "Platane", la simplicité. Ici, pas de gros clichés sur la banlieue, juste la vie quotidienne. Stéphane est un homme normal, qui en a juste marre de voir des politiques faire semblant de s'intéresser au sort des jeunes que lui accompagne tous les jours. La recherche d'une idée forte, la tentative d'esquiver les coups bas de ses adversaires, son histoire sera riche en rebondissement. Le premier, qui fait office de cliffangher du premier épisode, est son implication dans un clip de rap anti-républicain.

 

La gestion des cliffangher de fin d'épisode est excellente d'ailleurs. Certains seront rapidement esquivés, mais dans l'ensemble ils vous happent tellement que l'on se retrouve à voir l'épisode suivant. Il faut dire que le rythme de 30 minutes maximum, aide grandement à tout regarder d'un coup. C'est bien réalisé, avec par moment, des tableaux. L'usage du ralenti insistant sur l'importance de ce qui nous est montré. L'image de fin notamment est puissante et belle. J'ai pensé à la fin de "À couteaux tirés" en terme d'imagerie.

 

L'humour est très simple, pas mal basé sur le racisme et la misogynie, mais pas lourd. Il ne gêne pas, même quand nous voyons un personnage justement lourd sur ce point. Et attention, le racisme ne viendra pas forcément de l'extrême droite que l'on voit assez peu. Juste une sorte de déroulé de clichés, qui feront parfois rire jaune, mais avec un ton juste.

 

Et c'est là que la série est donc excellente. Le ton est juste. On voit quand un personnage va trop loin. On nous décrit par moment un monde politique assez dégueulasse, mais le problème est qu'il ne semble pas si imaginaire que cela quand on voit les personnes politiques que l'on a en ce moment. Les premiers pas de Stéphane dans le QG de Corinne sont hilarants. Avec les identités de genre, le recyclage assez extrême, et j’en passe. Je ne me souviens plus de tout j'avoue. Les soucis de point de drogue, d'agression sexuelle, de violence policière, tout ceci est abordé mais pas de façon choquante. Juste par des non-dits, une gestuelle, qui sonnent tellement juste que l'on y croit. Et là, je ne sais plus trop quoi dire, donc on va passer à la conclusion.

 

Avec son personnage terriblement attachant, Jean-Pascal Zadi n'en fait pas des caisses, il se retrouve dans un Stéphane Blé humble, parfois dépassé par la situation. Petit exemple, pour s'assurer d'avoir un enfant, il faudra passer par la fécondation in-vitro. Donc, prélèvement de sperme. L'infirmière lui explique ce qui est à disposition, et explique qu'elle sera juste à côté si besoin. Ce à quoi il répond : "Pas la peine, j'ai tout ce qu'il me faut". Gros blanc pour le coup, très gênant, mais qui montre cet humour simple mais efficace. Et c'est ça tout du long. "En Place" s'offre une critique de la politique moderne, tout en essayant de dédramatiser la vie en banlieue, sans en occulter les passages moins sympas. Le tout dans un ton juste, qui fait que l'on dévore la série en un rien de temps. Une réussite, j'ai adoré.

 

@+

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