Cultivons la curiosité
Ah, oui, cela faisait longtemps que je n'avais pas repris la lecture de ce Boy's Love. Pourtant, le premier tome de "Given" m'avait quelque peu séduit. Ce côté proche de la musique indépendante, à la façon de "Beck" m'avait immédiatement happé, et le côté homosexuel n'était pas frontal, genre avec des scènes cochonnes. Donc ça m'allait parfaitement.
Ainsi, dans le livre précédent, nous avons vu Mafuyu faire connaissance avec le charismatique Ritsuka. Il se trouve que le premier aime bien jouer de la guitare mais n'est pas trop balèze. Ce qui tombe bien vu que le second a un groupe et sait super bien en jouer. Pour que Mafuyu se fasse plus facilement accepter, l'autrice KIZU Natsuki le dote d'une voix somptueuse. Comme Koyuki dans "Beck".
On notera aussi le détail, le soin, apporté aux instruments de musique, un peu comme chez SAKUISHI Harold. Même si c'est moins poussé dans le manga édité chez Taifu dans sa branche Yaoi (plus ou moins l'ancien nom du BL ou Boy's Love). Cinq petits chapitres composent ce tome, avec un léger résumé du précédent, ce qui est assez classique.
Je ne sais plus si j'en avais parlé pour le tome précédent, mais il y a un aspect "on passe rapidement sur l'apprentissage de la musique pour se concentrer sur les sentiments des personnages" qui, je trouve, divertit moins. Disons que le sale homme que je suis aurait préféré un peu plus de répétition que de mystère autour du passé de Mafuyu.
Et c'est là que j'en viens au livre du jour. Ce tome 2 persiste dans la poussée des sentiments, surtout de Mafuyu, en explorant la fameuse révélation horrible du tome précédent. Ainsi, nous allons voir un ami de ce personnage revenir dans sa vie. Ce qui va raviver des souvenirs douloureux. Ceux-ci seront les déclencheurs d'une scène forte en émotion à la fin. Car ce tome se concentre sur la préparation du futur concert. Alors que Mafuyu n'arrive pas à élever son niveau à la guitare, Ritsuka se plaint de faire du sur place.
De plus, demander au nouveau membre d'écrire une chanson était peut-être trop lourd pour ses frêles épaules. Pourtant, Mafuyu va puiser dans cette douleur passée pour enfin improviser une chanson lors du concert. Et ce, contre toute attente. Pour le groupe en tout cas. Car la lectrice et le lecteur sait ce qu'il va se passer. Encore plus quand on constate que le groupe passant avant a laissé un microphone.
Si on ajoute à cela la découverte d'une attirance pour un autre homme de la part de Ritsuka, qui semble déstabilisé par cela, on peut dire que le concert est le sommet émotionnel, qui ne manquera pas de ravir les personnes attendant le baiser entre les 2 protagonistes. Là, j'avoue que le petit con hétérosexuel que je suis a été un peu gêné. Mais même entre un homme et une femme, un baiser langoureux m'a toujours dérangé dans les mangas. Pourtant, j'ai quand même été content de les voir se mettre ensemble. Bon, c'était couru d'avance, mais c'est bien mis en scène et propre.
Par contre, on reste sur cet aspect "on va super vite sur l'apprentissage de la guitare de Mafuyu". Et ça, ça me dérange. La musique passe au second plan et c'est bien dommage. On sous entend que le héros taciturne a bossé comme un fou, entre le moment où Ristuka lui met la pression et où ils se retrouvent. Ce dernier constate que le bout des doigts de Mafuyu sont plus épais, un truc du genre. Bref, c'est subtilement que KIZU nous indique le travail du héros. Et je trouve ça triste, car je voudrais en voir plus.
Mais ceci car j'ai l'habitude de "Beck" qui prend son temps et détaille encore plus la moindre guitare. Ici ce n'est pas le cas. Et on ressent que le public visé est féminin. Car c'est lent, c'est mystérieux, ça veut exprimer des sentiments sans savoir pourquoi. En d'autres termes je dirai que c'est par moment "chiant". Oui, ceci ne m'a pas empêcher d'apprécier l'œuvre, et c'est avec plaisir que j'en continuerai la lecture. Mais le fait de passer rapidement le côté musical pour s'attarder sur les sentiments, c'est moins divertissant que ce que j'aurai imaginé. Bon, et pas forcément féminin, c'est sexiste, veuillez m'en excuser, c'est juste que ce n'est pas trop ma came.
Surtout quand Hiiragi, l'ami d'enfance de Mafuyu débarque. Au début on ne comprend pas grand chose, puis on constate que c'est pour mieux raconter le passé de ce dernier qu'il arrive. Mafuyu ayant connu un premier amour avec Yuki. Malheureusement ce dernier s'est donné la mort, ce qui explique l'attachement particulier que porte Mafuyu à sa guitare (celle de son ex petit ami défunt). L'histoire est racontée du point de vue de Hiiragi, ce qui fait un peu bizarre. On sent un détachement qui n'empêche pas de ressentir de l'empathie pour Mafuyu.
C'est ça qui est étonnant, c'est que l'on sent la volonté de plaire à un public féminin (bim, retour du sexisme, désolé), un peu comme "Nana" de YAZAWA Ai. Mais avec des garçons. Des garçons qui ne réagissent pas vraiment comme personnellement je l'imaginerai. C'est ceci qui déstabilise le plus je trouve. Non pas la liaison homosexuelle, qui reste, hormis un baiser langoureux, très pudique et sympathique à suivre, mais bien ce côté mystérieux et je ne révèle pas les sentiments des personnages principaux. Un peu comme le font certaines filles ou femmes (il faut que je me calme sur le sexisme là, c'est lourd, pardon toussa).
Une fois de plus, c'est énervant un petit instant, mais le dessin, l'histoire et l'empathie que l'on arrive à ressentir pour les personnages principaux, font que ce manga est important. On pourra regretter le côté trop rapidement éludé concernant l'apprentissage et le travail sur la guitare, mais l'histoire d'amour reste belle, et on en apprend beaucoup sur le passé de Mafuyu. J'aime toujours autant. D'autant plus que l'on sent que le groupe se lance enfin et que le fait que Ritsuka et Mafuyu soient enfin en couple va permettre d'arrêter avec le mystère autour de ce dernier. À lire, c'est un étrange mais bon mélange entre "Nana" et "Beck".
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