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Cultivons la curiosité

Gran Turismo (Film)

Gran Turismo (Film)

Vingt six années que "Gran Turismo" fait tourner les têtes des amatrices et amateurs de belles carrosseries. Depuis 1997, le jeu de course automobile, exclusif aux consoles Sony, se veut LA référence de ce genre. Il faut dire que Polyphony Digital (le studio qui développe le jeu) est dédié à la modélisation physique et audio des voitures, mais aussi lieux, des courses automobiles. Tout ceci sous le regard du très exigeant YAMAUCHI Kazunori. Créateur de ce qui sera nommé de façon un peu prétentieuse, "The Real Driving Simulator".

 

Forcément, avec un tel sous titre apposé depuis "Gran Turismo 4" (sorti en 2004 sur PlayStation 2), la barrière séparant course de joueuses et joueurs et compétition réelle, allait vouloir être franchie. Ce sera le cas avec le lancement d'un concours afin de prouver que l'on pouvait acquérir des notions de pilotage sur console. Cela arrivera avec la qualification de Jann Mardenborough en 2011 via la GT Academy (sur "Gran Turismo 5", 2010, PlayStation 3) pour le milieu des pilotes professionnels.

 

Une bien belle histoire qui inspire beaucoup le film que Neil Blomkamp se retrouve à réaliser. Le scénario de Jason Hall et Zach Baylin aura la lourde tâche d'adapter les moments clés de la vie du jeune joueur (il a 19-20 ans quand il intègre la GT Academy) devenu pilote, en trichant sur la chronologie des évènements. Et en pimentant tout cela avec une rivalité contre un jeune pilote riche nommé Capa. Mais regardons la bande annonce pour ce film, vu en version française, qui dure 2h15 et est sorti le 9 août 2023.

Vidéo de SonyPicturesFr

Forcément, YAMAUCHI était inévitable. Ici incarné par HIRA Takehiro (le vrai YAMAUCHI est plus discret je pense). Son personnage introduit le film en indiquant ce qu'est la saga vidéoludique Gran Turismo. Plus que des jeux de course, ce sont des déclarations d'amour au sport automobile et à cette passion en général. Avec des voitures représentées à la perfection, tout comme les circuits. Ceci offre le plus grand simulateur automobile jamais créé. Bon, ce discours pouvait à peu près passer en 1997-2000, aujourd'hui il y a nettement mieux et la saga est plus orientée "porn car" que grosse simulation.

 

Disons que si vous vous y connaissez en voiture, vous allez aimer chercher les réglages, choisir les bons pneus etc... sur ce point c'est assez réaliste. Mais il existe nettement mieux sur PC notamment, encore plus pointu. Même le premier "Assetto Corsa" est plus précis en terme de pilotage. Car si les équipes de Polyphony Digital offrent un travail considérable en terme de représentation des voitures, que ce soit à l'extérieur ou intérieur, du son, et des circuits, n'oublions pas qu'elles sont indestructibles. Bonjour le réalisme. Passons.

 

Donc, c'est gentil, on nous explique ce qu'est "Gran Turismo" en montrant un peu les captations des véhicules, que ce soit les carrosseries ou le son. Mais le plus intéressant arrive. Jann (Archie Madekwe) est un gros joueur de GT (diminutif de " Gran Turismo"). Il détient les meilleurs temps de la grosse salle de jeu vidéo du coin, et semble donc dominer Cardiff, sa ville de résidence. Mieux, en ligne, il se débrouille parfaitement. Comme il le prouve en battant je ne sais plus qui avec son nouveau volant qu'il vient de déballer.

 

Seulement, son père est un ancien joueur du club de Cardiff, et veut transmettre sa passion à ses fils. Si le plus jeune Cari (Daniel Puig) est effectivement assez bon, Jann déteste ce sport, au regret de son papa Steve (Djimon Hounsou). Ce dernier veut à tout prix que son fils remette les pieds sur terre et arrête de se voir pilote alors que leurs moyens sont restreints.

 

En parallèle, Danny Moore (Orlando Bloom), directeur marketing de Nissan U.K., va présenter un projet révolutionnaire à la maison mère à Tôkyô (bon, techniquement c'est Yokohama, une ville en périphérie de la capitale Japonaise, mais passons). Devant les cadres Japonais, il explique sa volonté de créer la GT Academy, afin de prouver que parmi les 80 millions de joueuses et joueurs de Gran Turismo à travers le monde, il y a de vrais talents. Mieux, ceci donnerait envie à cette masse de se retrouver à conduire une Nissan. Spoiler, euh, conduire un Qashqai ou une Micra, ce n'est pas totalement comme piloter une voiture de course, mais passons. Disons que pour l'image de marque, ça rendrait Nissan cool.

 

Les cadres sont d'accord, à une condition, pas d'accidents, et un ingénieur de talent pour chapeauter tout cela. Devant la tâche à accomplir, toutes les connaissances de Danny refusent. Son dernier espoir réside en Jack Slater (David Harbour), un pilote déchu mais mécanicien et directeur de talent. Il n'aime pas cette idée et est bien occupé avec les gros riches de l'équipe Capa, qui met tout en œuvre pour faire gagner le fiston Nicholas (Josha Stradowski). La livrée des caisses de l'écurie est dégueulasse. Noir et or. Mais avec beaucoup d'or. Nicholas est imbu de lui-même et veut que tout le monde se plie en 4 pour le faire gagner.

 

Suite à une énième prise de tête avec le jeune riche (on devine que ce n'est pas la première fois), Jack va rejoindre la GT Academy et prodiguer ses conseils afin de sélectionner un ou une pilote parmi les 10 meilleur.e.s joueurs et joueuses au monde. Il y a beaucoup de Britannique dans la sélection j'ai trouvé, mais passons. On y voit comment les jeunes sont mis.es sous pression, et la difficulté de piloter en prenant la force G en accélérant, freinant et tournant.

 

S'ensuit des épreuves, des courses, et au final une évolution très rapide, mais logique de Jann. Je n'en révélerai pas trop, mais certaines choses que l'on pense incroyables, sont pourtant réelles. Même si la toute dernière est un peu biaisée, car ce n'était pas dans la même catégorie. Oh, dernier point qui m'effrayait, la romance avec Audrey (Maeve Courtier-Lilley) n'est pas nocive contrairement à ce que je pensais. C'est très en retrait, et ça fonctionne super bien.

 

Reste que le scénario s'offre des largeur qui énerveront les personnes les plus pointilleuses qui aiment le sport automobile. Il m'est arrivé à plusieurs fois à ne pas croire à ce que l'on me montrait. Mais le pire étant cette volonté enfoncée au chausse pied de faire le lien avec le monde du jeu vidéo. En choisissant des angles de vue connus quand on joue sur consoles. Notamment celui extérieur. Seulement, c'est beaucoup trop utilisé j'ai trouvé. Une fois pour le clin d'œil, ok, c'est cool, mais plusieurs fois comme ça, non merci. Pire, lors de la course poursuite au début, la comparaison avec les GTA (Grand Theft Auto, un jeu où on a une grande liberté et dans lequel on peut semer les policiers) est carrément nulle. Une fois de plus, passons.

 

Passons, car même si l'histoire va loin, beaucoup plus loin que la vraie carrière de Jann Mardenborough, elle se calque bien pourtant sur ses débuts. Bon, on accélère un peu les choses, on modifie la chronologie des points clé, mais ça passe, quitte à tricher sur la catégorie où notre pilote évoluera lors de la course finale. Le truc est que hormis ces triches, et la volonté de montrer que c'est inspiré d'un jeu vidéo, le tout est bien mis en boîte. Les courses sont palpitantes. Trop même, les plus importantes se finissant toutes à la photo finish. Mieux, il y est question du traumatisme que peuvent ressentir certains pilotes après un gros accidents.

 

Et en vérité, la qualité du film vient de sa distribution. Car à toutes les personnes citées, ajoutons-y une Geri Halliwell-Horner convaincante en maman soutenant son fils, et étant effrayée lors des courses. D'autres seconds rôles sont convaincants, Matty Davis (Darren Barnet) en tête. Et vous avez un aspect "humain" plutôt efficace. La façon de filmer les courses est palpitante, et c'est là le second point fort du film. Si on passe outre les vues façon jeu vidéo, on a des plans impressionnants au drone, des luttes prenantes, et une course qui ressort bien à l'écran. Si on ajoute le son des moteurs, c'est un régal.

 

Par contre, on passera outre l'agressivité de Nicholas, qui serait sanctionnée dans une course normale. On sent que le personnage est inspiré par Nicholas Latifi (pour le volant payant) et Max Verstappen (pour l'agressivité), et ça offre un antagoniste que l'on aime haïr. Enfin, j'affabule sur ces comparaisons, désolé. On regrette aussi le cirage de pompe à mort sur Polyphony Digital et Sony. Punaise, on pourrait presque croire que Gran Turismo est juste ce qu'il se fait de mieux en simulateur automobile dans les jeux vidéo. Ce qui est faux. Mais le point sombre reste cette scénarisation à outrance des courses, qui offrent des scénarii improbables.

 

Ce film ne s'adresse pas à tout le monde. Les pur.e.s fans de sport automobile détesteront. Car pas assez pointu. N'en montre pas assez sur les coulisses. Recherche le sensationnalisme. Les fans de jeux vidéo, "Gran Turismo" ou autres, aimeront bien. Bon, les anti-GT vont vomir sur la déclaration indiquant que c'est le meilleur jeu de voiture de tous les temps. Mais franchement, dites-vous que ça ne va pas parler de "iRacing" ou "rFactor 2", voire "Assetto Corsa", c'est produit par Sony et PlayStation Productions je vous rappelle.

 

En fait, je crois que ce film s'adresse au public qui, comme moi, cherche à voir une histoire intrigante, sur une personne qui a accompli le rêve de toutes joueuses ou tous joueurs de jeu vidéo, à savoir atteindre son but. Son rêve. Le jeu vidéo permet d'étancher cette frustration, devenir militaire, joueur ou joueuse football, basketball, cricket, faire les Jeux Olympiques avec Sonic (pardon, je m'égare), ou conduire/piloter des voitures que vous ne pourrez jamais vous payer. Et j'en passe. Certes avec un remaniement, nécessaire pour rendre le film captivant et logique, l'histoire de Jann est peu commune et intéressante à suivre. La distribution de ce film arrive à nous faire croire, un instant, que ça aurait pu être nous.

 

Que vous soyez fan de jeu vidéo ou non, peu importe, pour apprécier ce film, il faut juste ne pas être trop exigeant ou exigeante niveau précision sur les courses automobiles. Dans ce cas, pour peu que vous aimiez un minimum les automobiles, le film va vous plaire. C'est un récit captivant à suivre, avec une distribution parfaite, dont la mise en scène arrive à nous faire oublier certaines errances/facilités scénaristiques, ou maladresses qui veulent faire le pont avec le milieu du jeu vidéo. Pas pour toutes ni tous, mais j'ai aimé, et les 2h15 passent rapidement.

 

@+

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