Cultivons la curiosité
MATSUMOTO Naoya, créatrice de "Kaiju n°8", a cette fâcheuse tendance à laisser ses personnages en situation délicate lors de la fin de ses tomes. Oui, c'est une question de chapitre, je me doute que ceci n'est peut-être pas aussi calculé que cela. Mais il n'empêche que cela pousse à la lecture de la suite, et au début, il n'y avait que 2 mois d'écart entre les tomes. Maintenant c'est le double.
Bon, ici on a la chance d'avoir débuté la série tardivement, et c'est un livre qui est sorti en février 2022 (oui, il y a 14 mois) que nous voyons aujourd'hui. Donc, avant de débuter la saga, si vous n'avez toujours pas franchi le pas, sachez qu'il vous faudra obtenir un maximum de tomes avant de commencer. Si on suit une certaine logique, le tome 8 est soit sorti, ou ne devrait plus tarder, et le prochain arrivera plus tard donc.
Mais bon, là n'est pas la question. Car Kafka, le héros de 32 ans de ce manga, se retrouve, avec l'équipe des forces anti-Kaiju, en bien mauvaise posture. Face à un être qui sera rapidement nommé le Kaiju n°9. Un Méga Kaiju, capable de ressusciter les Honju (gros monstres) ou Yoju (petites créatures, dangereuses par leur grand nombre). On découvre que n°9 peut prendre apparence humaine, mais qu'il ne maîtrise pas trop.
Iharu et Ichikawa ont fait preuve d'un grand courage, mais malheureusement l'adversaire était trop fort. S'ensuit une bataille entre n°8 et n°9. C'est alors que Kafka croyait avoir pris le dessus que n°9 décide d'augmenter sa puissance d'attaque. Toujours en vain. Certes, notre héros remporte une bataille, mais le Méga Kaiju est toujours en vie et promet de revenir se venger.
C'est alors que n°8 va devoir affronter un adversaire plus redoutable. La plus coriace des batailles qu'il n'ait eu à livrer jusque là. Hoshino se présente face à lui avec la ferme intention de l'éliminer. L'occasion de voir un combat impressionnant. Mais aussi handicapant pour Kafka qui ne veut pas blesser son supérieur direct. Ce dernier ignorant tout du secret de notre héros, à savoir qu'il est le Kaiju n°8.
Finalement, Kafka s'en sort, les nouveaux membres de cette unité survivent, et tout va pour le mieux. Les personnes déjà en place s'avouent impressionnées par la force de cette nouvelle promotion, qui semble tirer tout le monde vers le haut. Kikoru est tellement douée, et ce n'est pas un spoiler vu que c'est sur la couverture de ce tome 3, qu'elle va hériter d'une arme dévastatrice. Qu'elle utilisera lors du combat suivant.
Car après quelques semaines de répit, le QG est attaqué. Par des Honju impressionnants, le tout sous les ordres d'un nouveau Méga Kaiju. Kikoru et Ichikawa semble former un excellent duo, et Hoshino s'occupe de ce qui semble être le chef. C'est alors qu'il s'apprête à se battre à pleine puissance que le tome s'achève.
Alors oui, j'en révèle pas mal, mais honnêtement, rien de bien gênant. Le scénario est assez convenu, et on lit, je pense, ce manga pour ses phases de bastons spectaculaires. Même si il y a une scène bien détendue, avec un peu d'humour, il me semble que Kafka fait moins l'imbécile ici. Il aura droit à un traitement spécial mérité. Et doit jongler entre son secret et le fait que sa hiérarchie (dont Mina, son amie d'enfance et plus grande guerrière anti-Kaiju du Japon) veuille éliminer le Kaiju n°8.
Je n'avais pas beaucoup parlé du style de la mangaka, mais il est à mi-chemin ente comics et manga je trouve. Des traits larges, peu de courbes, les personnages pourraient presque être dans des bandes dessinées étasuniennes. Notez que je dis certainement une grosse bêtise, mais c'est l'impression que ça me donne.
Autre chose, ici nous serons plus à hauteur d'Humain. Pas d'affrontement face à un être gigantesque. Et pourtant, le combat de n°8 contre Hoshino est exceptionnel. Il offre son lot de sensations, non ressenties jusque là. Disons que pour la première fois, entre le combat contre n°9 et celui face à Hoshino, on sent que Kafka en n°8 peut être mis en difficulté. Il n'est plus question d'éradiquer ses adversaires rapidement, mais bien de devoir faire preuve d'intelligence. Kafka et la réflexion, ça fait deux. Mais le trentenaire s'en sort bien.
En posant son action à hauteur Humaine, MATSUMOTO nous délivre pourtant des combats dynamiques et ultra épiques. Parmi les plus réussis depuis le début du manga. Après, il peut subsister ce défaut de scénario absent, ou peu développé. C'est vrai. On a plus à faire à un truc bourrin, qui développe trop rapidement ses personnages, qu'à une œuvre travaillée. Pire, on semble perdre l'humour qui fonctionnait bien. Bon, on ne le perd pas, mais il est moins présent.
Et pourtant, ça marche toujours. Je pense qu'en fait "Kaiju n°8" va être un régal en anime. Il semble conçu pour. Ceci n'empêche pas d'apprécier le support papier et la capacité qu'a la mangaka à découper son action afin de la rendre dynamique et spectaculaire. On regrette juste que les temps morts soient si courts, car les personnages, si ils évoluent pourtant bien, ne donnent pas l'impression d'avancer, hormis Kafka. Les autres ayants déjà ce talent en eux et elles. Je vous le conseille, car il est très divertissant à lire, et bien fait. J'aime beaucoup.
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