Cultivons la curiosité
Débuté en septembre 2009 dans son pays d'origine, "Shingeki no Kyojin" (SnK) s'acheva en avril 2021, toujours au Japon. ISAYAMA Hajime posa d'emblée des bases solides qui allaient durer 12 années. Il le fit maladroitement pourtant. Son dessin n'étant pas exceptionnel, il développa une sorte d'esthétique crayonné du plus bel effet, offrant du dynamisme dans les combats épiques qu'il mettait en scène. Son sens des perspective aussi n'était pas parfait, et pourtant, il est arrivé à faire ressentir le gigantisme de l'attaque de cette ville protégée. Ce, dès le premier tome.
Je me souviens de sa façon d'expliquer précisément comment fonctionnait les harnais de déplacement tridimensionnels. C'était lourd. Et encore pire quand il parlait des stratégies militaires. Le bataillon d'exploration devant mettre en exergue assez tôt les qualités de ses combattants et combattantes. On se souvient encore du choc de la première attaque desdits Titans, qui virent la maman de Eren se faire dévorer devant ses yeux. Créant ainsi un choc émotionnel qui est loin d'avoir disparu après toutes ces années.
Ici, comme attendu, le combat final prend forme. Et, en tâchant de ne pas trop en révéler, il s'avère épique. Même parfois un peu brouillon, rappelant les débuts un peu chaotiques du manga. Sauf qu'ici, même si ça paraît brouillon, nous ne sommes pas perdu.e.s. On comprend très bien qui est qui, et les enjeux qu’encourent les personnages. Les anciens protagonistes que nous voyons, nous les reconnaissons instantanément, et la découpe des cases offre des frissons quand on parcourt les regards déterminés des héros et héroïnes.
L'auteur achève son œuvre en mêlant habilement action et émotion. Impossible d'en parler sans trop en révéler, c'est pourquoi je préfère m'abstenir. Juste, les dernières images du manga nous prouve que l'Humanité répète inexorablement le même cycle. Les personnages qui survivent, nous voyons rapidement ce qu'ils et elles deviennent, sans trop en savoir. On nous offre des réponses, sur les intentions réelles de Eren, ainsi que...aaah, dur de ne rien dire. Enfin bon, la fin est parfaite, quoique prévisible car extrêmement classique dans son déroulé.
Beaucoup d'action, une action dingue, qui perd, et qui offre son lot de sensation. L'épilogue, qui prend l'intégralité du 139è épisode (un peu plus long en nombre de pages par rapport aux épisodes normaux), est très bon. Prévisible, mais très bon. La fin s'avère satisfaisante, et ISAYAMA s'en amuse avec la double pages bonus, qui est là pour détendre l'atmosphère. Sorte de parodie, ces pages bonus offrent aussi une superbe fin à la série, avec Mikasa satisfaite, Armin qui chipote, et Eren juste heureux. Ces pages bonus n'ont rien à voir avec l'histoire, mais elles s'avèrent être délicieuses ici.
Après, que dire. La saga est délicate à entamer. Le début est lourd, parfois brouillon, et on ignore où l'on va au début. Seulement, c'est vraiment à partir du tome 23 que l'histoire prend tout son sens. Ce, alors que l'auteur change du tout au tout son récit, introduisant un nouveau lieu et de nouveaux personnages. Il faut passer outre ce tome 23, pour aller chercher les réponses plus loin. Ces dernières sont satisfaisantes, et impressionnent car on constate toute la maîtrise scénaristique de ISAYAMA. Un délice donc.
Lors des derniers tomes, on sent la fin s'approcher. C'était le cas avec "FullMetal Alchemist". Tout comme pour la série de ARAKAWA Hiromu, on délaisse l'humour pour de la violence pure. Sauf que chez ISAYAMA, cette dernière est frontale, choquante. Ce dernier tome se lit d'une traite, et m'a donné envie de regarder l'anime. Afin de re-débuter l'aventure en connaissant les explications offertes, ce qui peut changer totalement le point de vue des spectateurs/lecteurs et spectatrices/lectrices, je pense. J'ose croire que l'anime, qui s'est achevé après le manga, et a fait des pauses pour que ce premier avance dans son histoire, est une bonne adaptation, fidèle, au travail de ISAYAMA. Je me doute que sur Ashou, vous savez déjà que j'ai plongé à nouveau dans l'histoire, sachez que je l'ai fait en ayant fini ce dernier tome, afin de ne pas me mélanger les pinceaux.
En attendant, le manga est exceptionnel. Pénible en ces débuts, car voulant expliquer une technologie délicate à comprendre, ainsi que des stratégies militaires, ISAYAMA nous offrira aussi quelques dialogues soporifiques. Mais ceci est au début de l'histoire. Si vous vous accrochez, si vous vous attachez aux personnages, le chemin est passionnant à faire. Riche en action et émotions. J'ai adoré lire cette série, qui est, selon moi, parmi les meilleurs séries de mangas, devant "Bleach" ou "Naruto". Mais beaucoup plus violente et complexe aussi. Je crois même que "Dragon Ball" est un petit peu en dessous, car n'ayant pas un gros scénario comme SnK. Je la mets au niveau de "FullMetal Alchemist", ce qui n'était pas gagné au début. Un manga marquant, à parcourir, mais pas pour tout le monde. J'ai adoré.
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