Cultivons la curiosité
Voilà déjà 7 années que César, héros simiesque de la nouvelle trilogie "La Planète des Singes", a quitté les salles obscures. Rupert Wyatt pour le premier, et Matt Reeves pour les 2 autres, avaient offert une magnifique rampe de lancement pour cette saga initiée en 1968. Réalisé par Franklin Schaffner, ce film adaptait le roman du même nom de Pierre Boule. Livre sorti en 1963. Pierre Boule a déjà vu un de ces roman adapté en film avec "Le pont de la rivière Kwaï". Mais ceci est une autre histoire.
Le retour de la franchise intervient après l'échec de Tim Burton en 2001 (échec semi-relatif cependant, disons que le succès escompté ne fut pas au rendez-vous malgré de bons chiffres au box office). Il aura fallu 10 années pour se remettre de cet insuccès. On a même cru la franchise morte et enterrée. Seulement "La Planète des Singes : Les Origines" de 2011 est bon, très bon, excellent même. On nous montrait en quelques sorte les prémices du film de 1968, certaines personnes évoquant le fait que la mission spatiale qui part dans ce film serait celle dans laquelle le personnage de Charlton Heston aurait pris place. Plus tard, nous retrouvions des termes connus de la franchise, Nova, ou certains noms issus de l'empire Romain, dont César.
La trilogie, que je surnomme affectueusement "César", nous avait donc montré comment les Humains ont perdu pied face aux Singes. Non pas à cause de ces derniers, mais bien la faute à un virus (oui, ça date de 2011, pas 2020) qu'ils ont eux-mêmes créé. Et il se trouve que l'ambition de Wes Ball (à la réalisation), et des scénaristes Patrick Aison, Josh Friedman, Rick Jaffa et Amanda Silver, est de nous conter l'héritage de César. Le film dure 2h25, et est sorti le 8 mai 2024 en France. Il fut vu en version française, comme la bande annonce qui suit.
Vidéo de FilmsActu
L'introduction rappelle de douloureux souvenirs. On nous y explique qui est César, la situation avec le virus, et on nous montre même ses obsèques. Le film fera donc suite directement à "La Planète des Singes : Suprématie". Enfin, directement, pas tout à fait, vu que nous allons avoir droit à une ellipse de quelques générations. Sans savoir précisément combien d'années s'écoulent.
Et c'est la découverte du clan des oiseaux que le film reprend. Dont 3 de ses jeunes membres partent en quête d’œuf d'aigle. Pour passer une sorte de rite initiatique à la vie adulte. L'aigle qui éclora de cet œuf sera pour toujours lié au singe qui l'a volé à son nid, et éduqué. Bon, ceci nous l'apprendrons plus tard. Voici donc Noa (Aurélien Raynal), Soona (Jamélia Coadou) et Anaya (Antoine Ferey) qui effectuent une ascension délicate, mais couronnée de succès quand ils et elle atteignent le nid. Manque de chance, il n'y a que 3 œufs, et la Loi dit qu'il faut obligatoirement en laisser 1.
Noa effectue donc ce sacrifice, avant de voir le nid le plus haut perché, donc difficilement accessible. Qu'à cela ne tienne, il y monte, et après une chute digne de Nathan Drake dans la saga vidéoludique Uncharted, on constate que le jeune singe a réussi. Les 3 ami.e.s pourront passer leur rite le lendemain, au levé du jour, ensemble.
Mmmmh, les chevaux sont agités, un peu comme si ils avaient été effrayés par quelqu'un ou quelque chose. Et effectivement, notre trio va courser un bête inconnue, afin de récupérer la couverture de Noa. Les Eko (ou Eco, je ne sais pas) seraient certainement fautifs, mais peu importe. Ils et elle ont réussi, et c'est avec un peu d'appréhension que Noa présente son succès à son père. Ce dernier est le maître des oiseaux, et possède une grande autorité sur le clan, même si il n'en est pas le chef. Cependant, il semble bon, même si Noa est déçu de ne pas arriver à se montrer à sa hauteur.
Notre héros va d’autant plus stresser quand il va présenter sa couverture souillée par l'odeur d'un Eko. Ce qui intrigue les anciens, qui enverront des éclaireurs, car voir les Ekos sortir de la vallée n'est pas bon signe, ils n'apportent que des ennuis. Noa va malencontreusement croiser un Eko dans le village, à la suite de quoi il cassera son œuf. Le voilà contraint de partir en chercher un autre à la Pleine Lune, car la cérémonie a lieu à l'aube le lendemain. Ce qu'il ignore c'est qu'un long périple l'attend, et il va devoir sauver son clan.
Je n'en révélerai pas plus. C'est déjà beaucoup. On constate que dans la bande annonce, il va devoir faire équipe avec une Eko, une Humaine comme le lui dira Raka (Thierry Desroses). Surnommée Nova (Freya Allen), elle a peut-être des choses à cacher. À voir. Mais chut. Donc nous allons suivre Noa dans cette quête initiatique digne d'un jeu vidéo de rôle japonais, ou J-RPG. Je vous assure que le déroulement paraît similaire, et c'est loin d'être déplaisant.
Premier point. Mais immense. La technique. La technique est impressionnante. Mais genre, incroyablement impressionnante. Les singes sont "joués" par Motion Capture, les visages, la façon de bouger, et ils ont des expressions claires et précises. On voit les acteurs et actrices derrière le masque numérique. C'est somptueux, bluffant. On oublie rapidement que nous sommes face à des images de synthèses, et on plonge dans ce monde post-apocalyptique, post-humanité, qui a vu la nature reprendre le dessus. Les images sont magnifiques, et je n'arrive pas à trouver les superlatifs tant c'est beau.
Une fois la technique magnifique oubliée, les personnages s'avèrent attachants. J'ignore si c'est parce que j'ai un grand affect pour la trilogie "César" et César lui-même, mais j'ai rapidement aimé Noa. Qui va aussi découvrir certains points de la vie. Dur de ne pas trop en dire. Le côté double jeu de Nova est bien montré, et au final c'est un plaisir du début à la fin. J'ai trouvé les voix françaises (je n'ai cité que les comédiens et comédiennes de doublage pour le jeu d'acteur/actrice des personnages, sauf Nova) en phase avec ce que les personnages ressentent. Il est étonnant de voir les Singes parler de façon hachée, pas si fluide que cela, et que ça ne gêne absolument pas.
En fait, je pourrai parler d'autres choses, comme de la peur de l'étranger, la difficulté à se faire accepter par son clan, ou du moins, l'impression que l'on n'en fait pas assez. On pourra aussi parler du côté destructeur de l'Humanité, qui m'a fait peur jusqu'au bout (avec son truc rouge là). D'ailleurs, notons que la fin est pessimiste ou optimiste en fonction du côté où l'on se place. Pour moi elle est pessimiste. Et va nous mener vers une autre guerre, qui sera peut-être contée dans une suite si ce film a du succès.
La trilogie débutée en 2011 faisait partie des blockbusters que je nomme "pas stupides". Pour ne pas dire intelligents. Et ici, nous sommes sur le même ton. Oui, la critique envers l'Humanité est, il me semble, plus subtile, mais elle est bien là. On s'attache immédiatement au clan, avec une introduction qui pourrait rappeler le "Avatar" de James Cameron niveau présentation du nouveau monde. Il y a pire comme comparaison je pense (même si, de souvenir, je n'ai pas trop aimé le film que je cite).
J'avais peur de tomber sur un film en deçà de la trilogie "César", il n'en est rien. Nous sommes un mini cran en dessous car on sent que la volonté est de relancer une série de films, mais sinon j'ai adoré. C'est le film le plus long de la saga, et je n'ai pas vu le temps passer. À voir. Je finirai en disant que bien que l'année cinématographique était mal embarquée pour ma part, j'avoue que les derniers films vus (même "Civil War") m'ont offert une très bonne expérience au cinéma, de quoi retrouver goût à retourner dans les salles obscures. Et "Bad Boys IV" arrive en plus.
@+