Cultivons la curiosité
naBan éditions aime bien sortir des petites pépites méconnues du manga par chez nous. Si au final Omaké Manga est une maison d'édition plus partie dans la niche horrifique (à mon humble avis hein ?), naBan fait plus un pari de l'humain. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais entre la vengeance ultra connue (grâce au cinéma) de "Old Boy", les étudiants en art de "Demande à Modigliani !" ou les tranches de vies de "Bienvenue au café des Chats !", il me semble que les personnages sont plus mis en avant dans les œuvres localisées par cet éditeur.
Et là, on va partir dans le fantastique, frôlant par moment l'horrifique (sans de grandes effusions de sang), avec notamment un gros chat, celui-là même que nous voyons sur la couverture. Seulement le manga de OKADA Sakumo débute de façon classique. Avant de parler de l'histoire, sachez que c'est sorti en 2016 au Japon, 2023 en France, que nous allons plonger dans 8 chapitres et que le tome est proposé à 8€.
En vérité, on commence par nous présenter Nonomiya, en partance pour le lycée. Elle ne manque pas de saluer son chat, et on constate rapidement qu'elle est la tête de turc de ses camarades. Avec une volonté de l'humilier sur les menstruations qui s'avèrera être une fixette. Nonomiya n'en a que faire, elle est une excellente élève et cache un secret semble-t-il. Orpheline, elle vit seule et a décidé d'enquêter sur des phénomènes étranges, tout comme ses parents. Ceci aurait peut-être coûté la vie à sa maman et son papa. Nous n'en serons pas plus dans ce tome.
En parallèle, c'est au tour du second protagoniste important de cette œuvre de nous être présenté. Toshiro est lui aussi lycéen, pas au même endroit. Et il est plutôt imposant pour son âge. De plus, il aime bien se battre, et possède une connaissance poussée du Kendo. Au point de mettre à mal n'importe qui, même un élève avec une batte cloutée. Ceci lui vaut les réprimandes de son professeur principal, mais comme pour Momoko (le prénom de Nonomiya), cela ne l’affecte guère. Il est lui aussi plus ou moins orphelin, ne connaissant pas son papa tandis que sa mère est internée.
On apprend la plupart des choses que je vous indique le long de ce tome, mais c'est bien le premier chapitre qui pose l'aspect fantastique du récit. Dans ce monde, somme toute assez commun au notre, il existe des phénomènes étranges, nommés "distorsion". Pourtant rares, ils sont dangereux car immaîtrisables. Au point de les nommer des catastrophes naturelles. Seulement, si un être humain est pris dedans, il en ressort soit mort, soit fusionné avec un objet ou un animal, voire pire. Et la fusion est totalement aléatoire.
À la suite d'une baston qui a mal tourné, Toshiro se retrouve dans le quartier de Momoko, en caleçon. Il se trouve que le chat de la jeune lycéenne semble bien aimer le bagarreur. Et là, dans la rue, une distorsion arrive. Ceci va fusionner Toshiro avec le chat de Momoko, d'où le personnage de la couverture. Le lycéen est devenu un Mazarian, terme indiquant qu'un être vivant a fusionné avec autre chose ou un autre être vivant. Tout ça pour sauver Momoko qui était en train de se faire happer par le phénomène afin de sauver son chat.
On découvre, toujours dans le premier chapitre, que Momoko a peut-être aussi fusionné avec quelque chose ou un être vivant. Elle fait des bonds gigantesques. Tout ceci va mener nos 2 compères à poursuivre l'enquête entamée par la très douée Momoko. Alors que Toshiro est plus une brute qui ne réfléchit pas trop. On va ainsi les suivre dans cet espoir de retrouver leurs apparences. Momoko y croyant dur comme fer. Problème, quiconque s'intéresse à faire revenir les Mazarians à leurs états originels disparaît voire meurt dans d'étranges circonstances.
Le moins que l'on puisse dire est que l'histoire nous prend directe. Pas de chichis, on s'attache immédiatement aux personnages. L'aspect un peu tranquille, limite nonchalant devant ce qui arrive à Momoko et Toshiro surprend. Même quand ils ne s'agit juste que d'être brimée par ses camarades pour la lycéenne. Le dessin et la mise en page sont excellents, plaisants, et on lit le tout avec une grande avidité. C'est fluide dans la lecture, d'autant plus que le livre est agréable à prendre en main, ni trop grand, ni trop petit, avec du beau papier de qualité.
La série ne compte que 3 tomes, ce qui permet, j'espère, d'assurer un récit rapide, avec une réponse à la fin. Grâce à ses personnages attachants, il n'y a aucune difficulté à avancer dans l'histoire. Il y a de l'humour, mais aussi une vision du lycée très sombre, notamment à travers le harcèlement incessant subi par les personnages. Comme indiqué, il y a un passage délicat à comprendre et violent. Le passage horrifique n'est pas ultra sanglant, mais il marque. Et permet de se rendre compte de la dangerosité de certains Mazarians.
Parlant l'aire de rien de l'adolescence japonaise, avec le harcèlement, la rébellion, et j'en passe, on tombe sur un récit fantastique qui happe la lectrice et le lecteur. La localisation de Pierre Sarot permet d'avoir une lecture fluide, qui n’entache pas la réalisation et la beauté du dessin. Oh, si, il y a une blague un peu limite qui revient 2 fois (la seconde fois est vraiment lourde) sur le zizi avec des épines du chat... c'est le seul faux pas j'ai envie de dire. Le reste est agréable et je vous le conseille sans soucis. Par contre, il ne faut pas être sensible à la violence du milieu scolaire, sinon vous pourriez en ressortir un peu angoissé·e. Si cela et le léger côté horrifique ne vous rebute pas, c'est une excellent manga, du moins, un excellent tome 1, reste à voir si les 2 prochains seront au niveau, mais ça, c'est pour plus tard sur Ashou.
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