Cultivons la curiosité
Depuis le 4 octobre 1950, Snoopy et toute une pléthore d'enfants (surnommés "Peanuts") s'emploient à nous divertir, à philosopher, ou juste à nous faire part de leurs échecs ou réussites. Surtout échecs pour "ce bon vieux Charlie Brown". Entre guillemets car c'est une phrase culte décrivant l'un des héros de cette bande dessinée, aussi considéré comme le "maître" de Snoopy. Je préfère dire que Snoopy et Charlie Brown sont de la même famille. Si je parle de cette phrase, c'est qu'elle est présente ici, sur la fin de l'année 1966, pour introduire les gags du dimanche.
Ah, oui, expliquons rapidement pour celles et ceux qui n'auraient pas vu les précédentes chroniques. Charles M. Schulz conçoit depuis 1950, un petit strip en 4 cases, quotidiennement. Le recueil que vous voyez aujourd'hui fait partie de l'intégrale des 50 années d'existence de Snoopy et ses ami·e·s. Avec pour spécificité, je ne sais plus à partir de quelle année, d'un gag en pleine page, celui du dimanche. Car il paraissait... le dimanche. Ici nous allons voir les années 1965 et 1966, soit 730 gags en tout. En suivant les saisons s'il-vous-plaît.
Car les gags récurrents, sur la Saint Valentin (un calvaire pour Charlie Brown), l'anniversaire de Beethoven (le 16 décembre), Noël, ou alors la non venue de la Citrouille Géante à Halloween, qui désespère Linus chaque année, reviennent. On trouve toujours moyen de rigoler par les réactions enfantines des protagonistes, ou d'autres qui n'ont pas lieu d'être dans la tête des enfants. Notamment des sentiments dépressifs assez étonnant. L'angoisse aussi y est abordée. Enfin bon, Charles M. Schulz arrive à nous parler de problème d'adulte, à travers des enfants.
Ici, nous allons découvrir moult choses cultes. La principale est évidemment Snoopy et sa lutte contre le terrible Baron Rouge. Notre héros s'imagine durant la première guerre mondiale, s'envolant avec son Sopwith Camel (le toit de sa niche en fait). Il ne cessera de perdre, s'écrasant tantôt en Belgique, tantôt en France. Dès lors, un "jeu" de survie s'instaurera, ce sont souvent les enfants qui côtoient Snoopy qui en subiront les frais, le chien les effrayants (mais pas de façon affreuse). Il déprimera Charlie Brown aussi.
Autre point important, l'arrivée de Patty Pastille-de-Menthe. Dommage que la traduction soit contrainte, car son nom original (Peppermint) est beaucoup plus efficace. Elle arrive à la fin 1966, et apporte un vent de fraîcheur assez drôle. La façon dont elle est introduite est marrante. À l'été 1965, Charlie Brown part en colonie de vacances. Il s'imagine partir à la guerre, mais miracle, il arrive à se faire un ami. Roy. L'année suivante, c'est Linus qui part en colonie, et qui se fera aussi Roy comme ami. Et il se trouve que Roy va parler de notre duo à Patty, qui voudra à tous prix les aider avec le baseball. Le début d'une belle et longue amitié.
Elle aidera même Linus dans sa quête de la Citrouille Géante. Hurlant, comme à son habitude, qu'elle y croit. Même si elle sait que ça paraît stupide et inconcevable. Je vous assure que j'adore ce personnage. D'ailleurs, on peut percevoir les traits d'une autre protagoniste important, Woodstock. Vous devinez que l'oiseau virevoltant n'a pas encore son nom (il le tirera du festival de 1969), et il apparaît peu, mais on perçoit les prémices du meilleur ami de Snoopy. Avec sa façon de s'exprimer sous forme de traits verticaux. Là aussi il me tarde de le voir définitivement intégrer l'univers de Snoopy.
Honnêtement, le trait simple sied à merveille à cette bande dessinée. C'est simple, sans chichi, et très plaisant à lire. Mieux, certaines réactions (surtout avec Lucy) vous feront hurler de rire. Oui, ça m'arrive rarement, mais ici j'ai eu droit à des éclats de rire assez inattendus. Le livre est introduit par Pierre Christin, un important auteur de bande dessinée Français. Qui a justement découvert Snoopy lors d'un déplacement aux États-unis d'Amérique en 1965. Il y partit pour être professeur et découvrit la bande dessinée de Charles M. Schulz. Ceci le marqua tellement qu'il signa ses premiers scénarii sous le pseudonyme de Linus, son personnage préféré. Pour info, Pierre Christin a travaillé sur "Valérian et Laureline" (dont je dois reprendre la lecture, mais pas cette année).
Là, on sent que le rythme est pris. Le dessin est celui que l'on connaît (les premières années diffèrent un peu). Les gags sont vraiment drôles, et on sent une part de philosophie intéressante. Entre rire et réflexion, on passe un excellent moment dans la lecture de ce livre, que je ne peux que vous conseiller, malgré son prix élevé (plus de 30€). Il les vaut largement. J'adore.
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