The First Slam Dunk

C'est alors qu'une poupée affronte le couteau entre les dents le créateur du Project Manhattan qui marquera la fin de la seconde guerre mondiale, qu'un brillant film d'animation japonais débarque enfin dans l'hexagone. Tandis que le Japon a pu admirer la folie qu'est "The Real Slam Dunk" depuis décembre 2022, et alors que le film cartonnait dans le monde, en France, on roupillait. Se dire fan du Japon, les mangas, des animes, pour au final sortir le film que nous voyons aujourd'hui, en plein milieu de l'été, alors que les mastodontes que sont "Barbie" et "Oppenheimer" atteignent tout juste leur deuxième semaine d'exploitation chez nous, c'est risqué.

Si je ne connais pas bien l'œuvre originale de INOUE Takehiko, je sais qu'il a été assistant de HÔJÔ Tsukasa sur "City Hunter". De quoi le lancer dans le grand bain avant qu'il ne vole de ses propres ailes à travers un manga où il parlera du Basketball, sa grande passion. "Slam Dunk", ce sont 31 tomes reliés au Japon entre 1990 et 1996. 101 épisodes d'un anime culte, et de nombreux films/OAV. J'avais essayé la nouvelle édition de 2019, mais Kana n'avait pas assuré au niveau de la qualité du papier, résultat, j'ai abandonné. Heureusement, une version dite "deluxe" devrait bientôt sortir chez le même éditeur. Certainement l'occasion de s'y mettre.

Car oui, je commence par la fin, mais ce film est une dinguerie. Aussi bien en terme de réalisation (signée par le mangaka lui-même, tout comme le scénario) que l'animation. La Toei Animation nous en met plein les yeux. Les drapés des maillots, shorts, les réactions des personnages, la transpiration, le filet du panier, bordel, le filet du panier est dingue. Oh, mais attendez, petite bande annonce, qui en révèle peu, et qui est en version originale sous titrée français, soit de la façon dont j'ai pu voir ce film (merci à mon cinéma d'avoir permis ceci).

Vidéo de Wild Bunch Distribution

L'histoire est assez simple. C'est la finale de basketball inter-lycée au Japon. Les invincibles lycéens de Sannoh se présentent face à l'équipe de Shohoku. Cette dernière joue sa première finale, et est composée d'un cinq majeur atypique. Contrairement au manga, nous allons surtout voir le parcours de Ryota Miyagi (NAKAMURA Shugo). Jeune adolescent venant de l'île d'Okinawa, il a un passé triste, entre la perte de son papa, puis de son grand frère Sota. Il va marcher sur les traces de ce dernier en se donnant à 100% pour le basketball. Quitte à remémorer de tristes souvenirs à sa mère.

On débute d'ailleurs à Okinawa, ou alors peut après le début du match. Et le long de cette finale, nous reviendrons en arrière pour mieux connaître ces personnages. Façon parfaite pour bien s'attacher à eux, même si on ne connaît rien de "Slam Dunk". Le premier point qui impressionne, c'est l'animation. Le générique d'ouverture qui présente les 10 protagonistes du match est magnifique, sans trop en faire. La musique de The Birthday, "Love Rockets" introduit parfaitement ce film qui va durer un peu plus de 2 heures.

On entre dans le vif du sujet, en constatant que les équipes sont de niveau similaire, même si Shohoku part outsider. On en apprendra plus sur Ryota donc, sa maman, sa sœur, son passé triste, le fait qu'étant taciturne, on l'a souvent pris pour quelqu'un d'arrogant. Comment il s'est lié, souvent avec difficulté, d'amitié avec chacun de ses coéquipiers. On trouve Mitsui (KASAMA Jun), ancien loubard on va dire, qui est ultra doué aux 3 points, Rukawa (KAMIO Shin'Ichiro), très solitaire, mais doué, et qui veut devenir le meilleur joueur du Japon. Akagi (MIYAKE Kenta), à la stature imposante, qui rêve de gagner un titre pour sa dernière année de lycée. Et enfin le fantasque Hanamichi (KIMURA Subaru), qui ne joue au basketball que depuis 4 mois pour impressionner la petite sœur de Akagi.

Et donc, le long des 2 x 20 minutes de cette grande finale, chaque évènements en match va mener vers un retour en arrière, pour expliquer certaine chose. Ceci permet d'être directement dans l'action, et d'apprendre à apprécier les personnages au fur et à mesure. D'ailleurs, on s'attache immédiatement à tout le monde. C'est impressionnant à voir. Même si l'histoire s'attarde surtout sur les soucis de Ryota, on naviguera entre les personnages.

De plus, le scénario s'offre des grands moments où l'on ressent tout type d'émotion. Il y a une façon d'évoquer le deuil et la manière dont chacun l'affronte, qui est brillante. La preuve que l'on peut faire un film d'animation avec des messages forts, n'est-ce pas "Super Mario Bros, Le film". L'animation lors du match est bluffante. Nous ne sommes jamais perdus sur le terrain, tout est lisible, fluide, la fluidité est dingue punaise. Et tout est beau. Les gestes techniques sont magnifiquement mis en scène, et on se retrouve bouché bée devant certaines phases de jeu.

De plus, pas besoin de s'y connaître en basketball pour apprécier le film. On nous explique rapidement certaines choses, comme quand Hanamichi fait une reprise de dribble. Une fois de plus, on a juste à s'asseoir et savourer. On y trouve pas mal d'humour, toujours grâce au caractère expressif de Hanamichi, qui remotive l'équipe, suite à son dialogue avec Anzai (HÔKI Katsuhisa), l'entraîneur étonnant de Shohoku. On a beau se douter que tout se jouera au buzzer, le moment où ça arrive donne des frissons grâce à une mise en scène et une absence de bruit qui donnent la chair de poule.

Au final, que reprocher à "The Real Slam Dunk" ? Une sortie française mal positionnée. Allez, un côté un peu "too much" à la fin avec Hanamichi, je vous laisse le soin de découvrir ce dont il s'agit. Une connaissance dès le début du scénario final pour le match. Mais ceci n'est que broutille, quand on peut savourer une mise en scène de cette qualité, une animation qui ne manquera pas de vous impressionner, et qu'en plus, à travers un film parfaitement rythmé, on tombe sur des personnages attachants. Au point d'avoir une furieuse envie de lire le manga et de voir les 101 épisodes de l'anime.

Oui, quiconque est fan d'animation japonaise, de basketball, ou simplement d'un film capable de nous faire ressentir des choses, comme de la peine, ou au contraire des gros éclats de rire, bah quiconque apprécie ça, doit voir ce film. J'ignore totalement ce qu'il représente dans l'histoire originale, il me semble que c'est une sorte de conclusion, mais je n'en suis pas sûr. Et on s'en moque. On passe 2 heures exceptionnelles, devant un grand spectacle. J'ai adoré, et je vous le conseille chaudement, que vous connaissiez ou non "Slam Dunk". Pour peu que vous aimiez un minimum l'animation japonaise, allez-y, s'il vous plaît. J'ai adoré.

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