Cultivons la curiosité
Hop, aujourd'hui on débute un cycle surprenant sur Ashou. Et tout va débuter loin, très loin. En fait, vous allez voir que ce cycle qui arrive a une raison un peu tirée par les cheveux. Vu que cette introduction est de toute façon ratée, je vais aller au bout de ma pensée. Vous le savez peut-être, mais ici, on aime Gojira...Godzilla, sinon vous risquez de confondre avec le groupe. Donc en 1954, la Tôhô, grosse société de production de film au Japon, lance le principe de Kaiju Eiga, le film de monstre.
À travers une production mise en scène par HONDA Ishirô, une suite est rapidement produite pour surfer sur le succès du premier "Gojira". "Le retour de Godzilla" sort ultra vite, avec moins de moyen, et puis c'est tout. Nous sommes en 1955, est, de que je me souvienne, le Kaiju Eiga, du moins Godzilla, est déjà mort. Seulement, on a vu que le succès des versions de ces films sorties aux États-Unis d'Amérique (plus tardivement et complétement modifiées car dénonçant les horreurs de la bombe atomique) lancera le film de 1963 "King Kong vs. Godzilla".
Seulement, entretemps, la Tôhô a voulu exploiter le filon "atomique" de "Godzilla" (excusez le terme). Ainsi que le côté films de monstres. Finalement, le Kaiju Eiga n'était pas mort, et donnera notamment "Mothra" en 1961. Avant cela, 2 films à taille plus humaines sont sortis. "Battle in outer space" et "The H-Man". Ce dernier donnera vie à une trilogie dites des "mutants". Complétée par "The Secret of the Telegian" et "The Human Vapor" tous les deux de 1960. Bref, dans ma volonté d'obtenir "Mothra" de 1961 en DVD ou BluRay, j'ai trouvé ce lot de 3 films en DVD Zone 1 (lecteur multizone obligatoire en Europe donc).
Bon, je viens de me rendre compte que j'ai loupé mon paragraphe précédent, vu que "Mothra" ne sera pas le retour du Kaiju Eiga et que la Tôhô n'avait jamais abandonné ce principe, vu que "Rodan" (HONDA, Ishirô, 1956) et "Varan" (HONDA Ishirô, 1958) continueront ce style au cinéma. Désolé de cette erreur. Oh, vous constatez que HONDA Ishirô a fait un million de films à cette époque, c'est aussi bien par son efficacité, que celle de TSUBURAYA Eiji (qui gérait les effets spéciaux et plus même). Le tout avec des budgets ridiculement bas, ce qui va expliquer que "The H-Man" possédera quelques défauts.
Revenons-en au début de cycle sur Ashou. Pas de nom précis, peut-être les films à effets spéciaux de la Tôhô ? Non, car nous ne verrons pas tout. En vérité, cette idée vient du fait que j'ai réussi à avoir TOUS les films de la franchise Godzilla en support physique. J'en reparlerai en temps voulu. Pour le moment, nous allons voir, peut-être une fois par mois, je ne sais pas, les 3 films de ce pack. Et donc ça débute avec "The H-Man", dont voici la bande annonce en version originale, sachant que je l'ai vu ainsi, mais sous titré en anglais.
Vidéo de godzilla land
Il fait nuit, la pluie tombe comme vache qui pisse (désolé pour l'image), une voiture patiente sagement. Le signal est donné par son conducteur et un homme en imperméable sort avec une valise de je ne sais pas où. Au moment de charger le coffre de l'automobile, la panique prend l'homme à l'imperméable, qui sort son pistolet et tire au sol. Le chauffeur part sur les chapeaux de roues (méga combo niveau expression aujourd'hui) laissant son complice en panique dans la rue. Il finira écrasé par un taxi. Ou non. En effet, seuls ses effets personnels sont sous la voiture, il n'y a pas de corps, comme vaporisé ou fondu.
La police est bien embêtée, à priori c'était Misaki (ITO Hisaya), un voyou connu pour trafic de drogue. Seulement il n'y a pas de corps. Heureusement, la compagne de Misaki, Arai (SHIRAKAWA Yumi) identifie formellement sa montre fétiche. Mais cette affaire est bizarre et il va falloir compter sur le clan de malfrats qui ne va pas en rester là, Misaki n'ayant peut-être pas fait sa part, les voyous risquent de s'en prendre à Arai.
Cette dernière est chanteuse dans un club à la réputation sulfureuse. Aussi bien par son spectacle de danseuses en petite tenue (style bikini, étonnant pour 1958), mais surtout sa clientèle, peu fréquentable. Ainsi, l'enquête s'empêtre, et un nouveau personnage entre dans l'équation, le docteur Masada (SAHARA Kenji). Il a une théorie sur la disparition de Misaki, et évidemment la police l'arrête alors qu'il essaie de poser des questions à Arai. Bon, c'est un éminent docteur, connu pour ses recherches sur le nucléaire.
Donc on interroge tout le monde et on les laisse partir. Arai, de retour chez elle, ne sera pas seule, un gangster recherche Misaki, et pas pour lui faire du bien. Une fois son message délivré, il s'échappe par la fenêtre (alors que la Police surveille soit-disant l'immeuble) et se fait aussi attaquer par un truc au sol. Ce truc résiste aux balles à priori, et voici notre homme menaçant liquéfié, ne laissant que ses fringues au sol.
Cette histoire n'est vraiment pas normale. C'est fou ça. Et c'est le moment pour le docteur Masada d'exposer sa théorie. L'humain, ou tout autre être vivant, exposés à une forte radiation atomique, se liquéfie. OK. Bon, tu meurs quoi ? Et bien non, dès lors, ce liquide visqueux peut se déplacer et va liquéfier toute forme de vie qu'il va toucher. Des braves marins ont vu ces êtres, ces surhumains, dans un bateau fantôme en mer. Ce bateau était certainement proche des essais nucléaires de l'atoll Bikini ou l'île Christmas.
Je vous passe de nombreuses scène d'exposition d'enquête, de doute, de chant aussi (si c'est vraiment SHIRAKAWA Yumi qui chante, sa voix est magnifique). Et on en vient au fait que, bon, ok, la police croit le docteur Masada, et un plan d'ampleur est mis en place pour éradiquer la menace du H-Man (terme venant de la H-Bomb). Un quartier entier va être bouclé, et il y sera question d'y mettre le feu, notamment en mettant du carburant dans les égouts. Forcément, en parallèle, Arai se fait enlevée par Uchida, qui va la forcer à aller dans les égouts pour trouver la cachette de Misaki. Là où Misaki cachait des trucs (je n'ai pas fait attention à quoi j'avoue, la drogue, l'argent ou les deux).
Au final, Arai sera sauvée par l'équipe chargée de mettre le feu avec un docteur Masada qui prendra des risques énormes pour la sauver. Elle est juste en nuisette, crapahutant difficilement dans les égouts alors que Uchida s'est fait liquéfier par un des H-Man (il y en a plusieurs). Alors que le quartier prend feu, que la menace semble un temps éradiquée, un personnage se la joue fin de "Gojira". À savoir que certes, les H-Men sont éliminés, mais d'autres viendront tant que la folie humaine fera mumuse avec les atomes, créant des armes toujours plus dangereuses, armes capables de créer des surhumains. Ceci mènera l'Humanité telle que nous la connaissons à sa perte.
Donc, que dire de ce film, un peu, spécial. Déjà, les effets spéciaux sont très bons pour l'époque. Mais assez peu présents. La scène finale fait office de sommet en terme de "spectacle", avec la maquette du quartier qui brûle. Nous voyons les H-Man très tard dans le film, avant cela ils sont juste suggérés ou ont une forme liquide bizarre. Le jeu des actrices et acteurs, enfin, de l'actrice et des acteurs, bah ce n'est pas foufou, mais ça reste efficace. Disons qu'on ne sort pas du film à cause de la distribution. Par contre, la réalisation, ce n'est pas ça. Dès la scène d'introduction on ne comprend rien. La course-poursuite finale est aussi d'une pauvreté effarante, qui s'avère longue, mais longue.
Après, il m'est facile de juger, et je suis incapable, malgré les moyens modernes, de faire ça. Il faut aussi savoir que le timing et le budget devaient être ridiculement bas. Après, si on passe outre ces défauts technique, il subsiste un gros défaut. C'est lent. Nous sommes plus face à un film d'enquête avec un petit peu de fantastique qu'autre chose. La scène du bateau fantôme est hyper chouette par contre. Mais qu'est ce que c'est long, qu'est ce que ça parle pour rien. Punaise. Par contre, cette lourdeur rend le film réaliste. On imagine bien la police réagir ainsi devant un tel problème.
Comment conclure ? Je ne sais pas. Le film est intriguant, mais on peut complétement passer à côté tant il n'apporte rien de foufou. Le message reste le même que "Gojira", et si il est avant-gardiste en 1958 (ou même 1954), et bien on peut dire qu'en 2024 on n'a toujours rien appris effectivement et que donc ça reste d'actualité. J'avoue que j'aurais pu commencer ce cycle Tôhô Fantastique autrement, que j'aurais dû chercher "Rodan" et "Varan", mais en attendant, ça m'a permis de tester à nouveau mon niveau d'anglais (comme pour "King Kong vs. Godzilla" de 1963). Car toute la période Shôwa des Gojira, sera vue ainsi (en version originale sous titrée en anglais je veux dire). Et ça passe. Même si je ne peux pas vous conseiller ce film. Manquant de rythme, il reste intéressant pour sa vision du Japon de la fin des années 50. Malgré un montage et une réalisation pas top, on se laisse porter par le récit. Je n'ai pas aimé, mais je n'ai pas détesté non plus.
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