Cultivons la curiosité
Que peut-on faire après un chapitre dit final ? On le sait, les films d'horreur sont friands des êtres immortels à la carrure imposante. Capable de périr et revenir à la vie selon les besoins des producteurs avides de dollars. Il faut toujours se méfier des titres spectaculaires, promettant une ultime aventure. Venez vite, c'est la dernière apparition de Jason au cinéma. Venez frissonner une dernière fois devant l'horreur prodiguée par le fils Voorhees. C'était la promesse du quatrième film estampillé Vendredi 13.
Pourtant il ne faudra pas attendre une année pour que la promesse du "Chapitre Final" ne vole en éclat. Allez, quoi de mieux qu'une "Nouvelle Terreur" pour repartir sur du neuf avec du vieux ? Martin Kitrosser se charge de scénariser le retour du spectre de Jason Voorhees, boogeyman imposant aux pouvoirs étonnants, le tout mis en images par Danny Steinmann. Que des gens connus quoi. Voyons donc la bande annonce en version française de ce film que j'ai vu en version originale sous titrée en français.
Vidéo de Otto Rivers
Alors, il me semble que ce film est décrié dans la saga. Mais avant, parlons du scénario. Tommy Jarvis court vers un cimetière. Alors qu'il a survécu à l'horrible nuit du vendredi 13 de j'ignore quelle année, en réalisant l'impensable, tuer Jason Voorhees, il constate que de jeunes abrutis s'amusent à déterrer son cadavre grouillant de vers de terre. Jason prend vie grâce à la stupidité de ces hommes, et nous offre 2 meurtres dès le début du film.
Ah, non, fausse alerte, il s'agissait du rêve dudit Tommy, qui a désormais 23 ans et est incarné par John Shepherd. Enfin, rêve, cauchemar plutôt. Notre héro est en route vers une maison de repos pour jeunes personnes mentalement handicapées. Un camp en pleine nature, qui rappelle un peu Crystal Lake. Tommy est aphone, ou du moins ne parle que très peu.
Après avoir pris ses quartiers, on fait un peu le tour de cette maisonnée, et on découvre les personnages dont on perd immédiatement le nom. C'est fou ce manque de mémoire. Tommy sera pourtant accueilli par Pam Roberts (Melanie Kinnaman). Mais aussi Reggie (Shavar Ross), jeune garçon intrépide qui accompagne son pépé sur son lieu de travail. L'occasion de voir les masques en latex conçus par Tommy.
Alors que les ennuis avec le voisinage vont bon train et qu'on se demande en quoi certains jeunes sont handicapés (ils semblent plutôt là en maison de redressement), Joey (Dominick Brascia) s'avère lourd, sans mauvais jeu de mot (le garçon a de embonpoint). Il va titiller un peu trop un grand costaud qui coupe du bois, et assassine le jeune homme d'un coup de hache.
Ceci marque profondément certaines personnes dans le camp, tandis que d'autres ne pensent qu'à faire zizi panpan. Ainsi va la vie. On aura d'ailleurs quelques "plans nichons", totalement gratuits, mais c'est dans le cahier des charges des films d'horreur de ces années-là. Et à partir du meurtre de Joey, des choses bizarres et d'étranges disparitions vont avoir lieu dans les bois.
L'occasion de voir de belles mises à mort, et des plus classiques. Un meurtrier avec une machette sème la terreur. Enfin sème, tout le monde s'en moque en fait, car, comme dans tout bon Vendredi 13, les cadavres ne sont découvert que sur la fin du film. La mort du mec qui se la joue et ken la jolie fille est particulièrement horrible. Tête écrasée par une ceinture que l'on sert en la tournant. Auparavant, c'est l'espèce de bouseux mateur qui sera classiquement abattu par cet étrange personnage.
Il va en être ainsi pour la majorité des personnages rencontrés. Même quand Reggie va voir son frère qui crèche dans un van, ce dernier et sa copine vont mourir. Avec une scène scatophile assez ridicule, dans laquelle on ne voit rien je vous rassure. D'ailleurs, les meurtres sont bien pensés, mais on en voit très peu. Pourtant ça saigne, mais ça crie beaucoup aussi. Les effets sont plutôt bien fait, et on se laisse porter.
D'ailleurs, au bout d'un moment, on se demande si ce pseudo Jason ne serait pas Tommy. En effet, il disparaît souvent, et se montre très nerveux et doué pour le combat rapproché, comme on le verra quand il se bastonnera avec le fils à sa maman de voisin. La mort de sa mère, au motard taré un peu teubé, est d'ailleurs sympa soit dit au passage.
Reste le final, avec Reggie et Pam qui vont tenter de survivre à l'assassin. Pam découvrira tous les cadavres dans les bois (elle revient à pied suite à la panne de son véhicule) et va paniquer. Pour mieux retrouver un Reggie horrifié par ce qu'il a vu dans la chambre de Tommy. Un entassement de cadavre. Tout désigne Jarvis donc, et pourtant, il arrive alors que l'on voit clairement que le meurtrier porte un masque de hockey. Jason serait-il revenu d'entre les morts ?
Bon, je vous révèle la fin. Non. En fait, c'est Roy, le père de Joey, et médecin que l'on voit plus tôt dans le film, qui a pété un câble, et décidé de venger la mort de son fils en prenant exemple sur Jason, dont il semblait admirer un peu trop les exploits. Enfin, admirer, suivre plutôt. On apprend cela lorsque l'homme fini par tomber du haut de la grange, découvrant son visage. Seulement, cette histoire n'a-t-elle pas marquée Tommy, au point de porter le masque de hockey de Jason ? C'est ce que la dernière image laisse à penser.
Il me semble que ce scénario, laissant présager que Jason était vraiment mort et que la saga allait être alimentée par des copieurs, a tellement été haït, que les producteurs feront marche arrière pour le film suivant en 1986 ("Vendredi 13 - Chapitre 5 : Une nouvelle terreur" est sorti en 1985). Faisant fi de ce cinquième film, qui propose un hommage à la saga, avec certaines mises à mort. Tout en conservant une partie du cahier des charges, comme les fenêtres brisées, les plans nichons, les jeunes qui copulent, la campagne boisée. Le personnage féminin qui s'en sort.
Plus récemment, les Scream ont lancé la mode du "le tueur n'est pas celui que l'on croit", et finalement, le film que nous voyons en ce vendredi 13 mai 2022, en possède le principe. Bon, c'est moins bien écrit, et comme un con, je me suis demandé d'où sortait ce mec. Mais, malgré une réalisation moyenne et un cast qui a du mal à s'impliquer, je trouve le film marrant à suivre. C'est dire comment je suis bon public. Mais il coche les cases, et c'est bête, mais j'aime bien.
Pas le film du siècle, on oublie presque instantanément qui est qui, mais pourtant, c'était une tentative originale et culottée de faire un film Vendredi 13 sans un Voorhees à l'horizon. C'est con, mais ça divertit quand on aime ce genre de film. Oui, les fans de Jason crieront au scandale, cependant, reconnaissons que le film précédent était vraiment un chapitre final pour notre boogeyman préféré, qui aura obtenu une pause sympa, avant de revenir pour de bon, lors du prochain film.
Que nous ne verrons pas cette année, ne faisant que les films Vendredi 13 un...vendredi 13. Et oui, il n'y a qu'un vendredi 13 en 2022. Donc profitez-en pour regarder un des films de cette saga, et pourquoi pas donner une chance à cette nouvelle terreur ? Imparfaite, mais rigolote à voir. J'ai bien aimé.
@+