L'espion qui m'aimait

Allez, cette fois-ci c'est la bonne, c'est en 2021 que nous pourrons voir pour la dernière fois Daniel Craig en James Bond. On y croit. Au pire ce sera à la maison et pas dans un cinéma, mais on y croit. "Mourir peut attendre" est un film qui peut attendre, mais pas indéfiniment. En attendant, sur Ashou, nous faisons des brefs retour en arrière. Et nous sommes en plein dans les versions Roger Moore. Plus légères, plus subtiles, peut-être même plus Britanniques diront certaines personnes, Roger Moore incarne un nouvel agent 007.

La saga subit pourtant un évènement important. Déjà, 3 années s'écoule depuis le précédent, "L'Homme au pistolet d'or", une première depuis la création de la saga au cinéma en 1962. Ceci est dû aux difficultés financières d'un des deux producteurs historiques, à savoir Harry Saltzman. Après une lutte juridique, la saga revient au seul Albert R. Broccoli. Qui va devoir tout assumer tout seul. Un reportage bonus du DVD nous indique qu'il aurait pu se planter, hors, on devine aujourd'hui que ce ne sera pas le cas.

Autre problème, il est convenu, depuis le précédent film, que James va revenir dans l'aventure nommée "L'espion qui mémé"... euh, qui m'aimait plutôt, pardon, il me fallait faire cette blague pas drôle. Cette aventure va se calquer sur le roman du même nom original "The Spy who loved me" ("Motel 007" en français) signé Ian Flemming. Mais, j'ignore pourquoi, le scénario ne peut pas être trop proche du roman. Une question de droit assez floue.

Résultat, Christopher Wood et Richard Maibaum ont dû se creuser la tête pour arriver à s'en inspirer, sans risquer le procès. Cette réflexion fera abandonner Guy Hamilton pour la réalisation. C'est donc le retour de Lewis Gilbert, qui a déjà mis en scène "On ne vit que deux fois". Oh, mais c'est d'ailleurs déjà le 10è film estampillé James Bond, c'est fou. La date de sortie sera, de façon ultra calculée, le 7 Juillet 1977. 7/7/77 pour 007. Oui, c'est nul.

Le film dure 2 heures pétantes, et va introduire un des adversaires les plus emblématiques de James. Mais avant tout, on nous introduit l'agent triple X. Pas de pornographie ici, mais une agent secrète Russe, belle à souhait et interprétée par la sublime Barbara Bach. On lui confit la mission de trouver ce qu'est devenu un sous marin Russe qui a disparu. Ce, alors que son amant, un agent secret aussi, doit partir en mission en Autriche.

Le MI6 aussi doit mettre son meilleur agent sur une disparition d'un sous marin Britannique. Évidemment c'est 007 qui va s'en charger. Seulement, il est en Autriche en train de ken. En plus il couche avec une espionne adverse, et alors qu'il doit rallier Londres de toute urgence, il va faire un peu de ski tandis que des méchants Russes veulent l'abattre. Avec, de comme par hasard, le mec de triple X. James arrive à s'échapper suite à une séquence spectaculaire, se concluant par un saut de dingue que je vous laisse découvrir en version française (V.F.) tandis que j'ai vu ce film en version originale sous titrée en français (V.O.S.T.Fr).

Vidéo de Le Monde des Avengers

Franchement, on s'accroche comme on peut lors de cette séquence impressionnante. Puis arrive le générique, sympa, avec Carly Simon au chant et Marvin Hamlisch à la composition. C'est un peu mou, mais ça passe. Les images sont stylées, mais sexistes. Vous voulez voir des seins de façon ultra cachées, bah ce générique vous montre ça. Plus sérieusement, il est sympa mais ne reste pas en tête. Après ça, bah on se fait chié. Oui oui. On s'emmerde. Je crois bien m'être endormi même.

Pourtant James va en Égypte, et il va rencontrer la Major Amasova connue sous le nom de Triple X. Le jeu de qui en connait le plus sur l'autre est plaisant. Le jeu de séduction aussi est plaisant à suivre. Même si on en connaît l'issue. Un couple va se former pour ken ken et... attendez, James et Anya vont ken 2 fois, mais 3 ? Je ne sais plus. Passons.

Car le duo va devoir affronter l'Homme de main de Stromberg (Curd Jürgens). Nommé Requin en V.F., Jaws en V.O. Pour ses dents en fer, et même plutôt sa mâchoire (Jaws en anglais) puissante. Richard Kiel est immense dans ce rôle. Il a de grande main, une taille de fou (2,17m), un physique et une gueule atypiques. Avec Barbara Bach, il sauve le film. La scénographie du plateau de Gizeh est sympa. L'idée disons. Sur le papier mettre en musique et en lumière l'apparition très "boogeyman" de Jaws est impressionnante. Seulement, la suite est mal mise en scène et le côté spectaculaire me paraît plus ridicule qu'autre chose.

Mais passons. Car notre duo va devoir s'allier pour combattre Jaws afin de récupérer le microfilm que ce dernier a pris sur sa victime. Nos deux agents secrets vont se croire intelligents et discrets en embarquant dans la camionnette de Jaws, mais non, car ce dernier sait qu'il n'est pas seul. L'occasion d'offrir encore une baston vaine et limite comique entre les trois protagonistes.

Bon, il y a un jeu de qui sait le plus d'information entre les Britanniques et les Russes, James jouant au plus intelligent face à Anya, mais cette dernière ne se laisse pas faire. Ils vont devoir faire la mission ensemble, et donc approfondir l'enquête sur Stromberg qui se trouve quelque part en Méditerranée, au large de la Sardaigne. Anya et James vont jouer le couple parfait. Ce dernier en profitera pour draguer une des membres proches de Stromberg, devant sa "femme" Anya. C'est complètement con. Oui, Caroline Munro (Naomi dans le film) est très très très belle, mais quand même.

Enfin bon, James fait un petit tour dans le bâtiment submersible de Stromberg, en se faisant passer pour un pro des poissons. J'ai paumé le nom, pardon. Nous allons voir que Jaws, qui semble immortel, est en fait un Homme de main de Stromberg. On s'en doutait, mais là nous avons la confirmation. Et bim, il est demandé à ce que James soit assassiné.

Là, c'est le retour de la voiture typique de Bond. Cette fois-ci c'est la toute nouvelle Lotus Esprit qui servira de monture sportive à 007. Heureusement, les nombreux accessoires de Q (Desmond Lleywelyn) permettent de semer les poursuivants. C'est marrant car il y a une montée en gamme en terme d'adversaire. Une moto, enfin bon, un side-car plutôt, puis une auto avec Jaws en son bord, qui sera le seul à survivre à l'accident spectaculaire d'ailleurs. Et enfin un hélicoptère piloté par Naomi. Et là, nous aurons droit à une transformation impressionnante en sous marin. Ce truc de fou. Là, ce seront des plongeurs équipés de harpon, puis un mini sous marin qui pourchasseront la Lotus Esprit.

Bon, cette longue scène d'action est franchement excellente et permet au film de décoller un peu. C'est là que Anya va apprendre que James a tué son amant en Autriche. À la fin du film, euh, de la mission, elle tuera 007. D'ailleurs, un peu avant, nous avions eu droit à un dialogue entre les 2 agents secrets, chacun disant le pédigrée de l'autre. Ainsi, nous apprendrons que ce James Bond est le même que celui interprété par George Lazenby, vu que l'on apprend qu'il a été marié, comme dans "Au service secret de Sa Majesté".

Mais bon, on arrive dans le dernier tunnel, vu qu'un gros bateau attire l'attention de tout le monde. Ils y vont en sous marin, ce dernier va se faire neutraliser et capturer par ledit bateau. De comme par hasard on retrouve les sous marins disparus, ainsi que leurs équipages emprisonnés. Le plan est méchant, vraiment méchant, très méchant... pardon, j'ai bloqué comme la V.F. de "Kung Pow". L'idée, on prend un sous marin Russe, un sous marin Étasunien ou Britannique (je n'ai pas pigé), puis on fait viser Moscou et New York par celui qui est adverse à l'autre et BIIIIM, guerre nucléaire.

Vu que Stromberg croit en son bâtiment sous marin, lui sera bien à l'abri. Bon, le plan va échouer, avec carrément un dépiautage d'une bombe nucléaire afin de forcer le poste de commandement du navire. Afin d'éviter une guerre nucléaire. D'ailleurs, le chef décorateur, des décors plutôt, bref, Ken Adam aura droit à un reportage fort plaisant sur le DVD. On lui doit les décors les plus spectaculaires des James Bond. Et, pour le coup, celui dans lequel se trouvent les 3 sous marins est immense. Et on y verra une scène de fusillade tout aussi impressionnante. Le bâtiment submersible de Stromberg est lui aussi sublime.

Bon, au final tout réussi, James et Anya ken, devant leurs supérieurs (sans faire exprès, mais ça donne une scène finale rigolote...ou non). Avant de conclure, il me faut évoquer la musique. Typique des années 70. Elle est nulle, je ne vous raconte pas. Le thème de John Barry et Monty Norman est ici massacré. Mais massacré quoi. Et la musique sera électronique de cette manière le long du film. Ça a vieilli, mais vieilli, vous n'imaginez pas.

Le film, comme expliqué lors du reportage sur le DVD, qui revient sur les coulisses du film, va montrer un James Bond plus flegmatique, plus comique. Quand Anya n'arrive pas à changer les vitesses de la camionnette, il fait une vanne. Quand il se fait choper en train de ken Anya par ses supérieurs, bim, petite vanne, et ce sera ça tout le long du film. Le problème vient que ce n'est pas drôle du tout. Ça donne même un côté arrogant à James qui devient déplaisant en fait. Bon, ceci est selon moi, mais quand même.

Puis, cet humour n'enlève en rien au sexisme du film. Pourtant, on y trouve une femme forte en la personnalité d'Anya. Mais elle finit dans le lit de James. Et les autres femmes ne sont là que pour vider les nouilles de 007 ou lui permettre de se rincer l'œil. En 1977, ça passe facile, mais actuellement, c'est insupportable. Encore plus insupportable quand on voit un membre du staff, ou un producteur, se vanter que le film est féministe car il y a Anya. Putain de mauvaise fois de merde. Le reportage date de 2000 certes, mais ça énerve. Limite on se surprend à gueuler "saloperie de boomer" mais je m'emballe, désolé.

Honnêtement, je crois bien que c'est l'un des pires films James Bond que j'ai pu voir. On s'ennuie, on s'énerve, et pourtant, il y a des bonnes, très bonnes choses. Anya déjà. Même si elle cède au charme de 007, elle est l'équivalent de l'agent secret Britannique. Mais surtout, surtout, surtout, Jaws, ou Requin, appelez-le comme vous voulez, ce personnage est génial. Richard Kiel est génial. D'ailleurs, il reviendra, comme James Bond, dans "Moonraker".

Le film semble emprunter beaucoup de choses à d'autres films. "Les dents de la mer", au delà du nom de Jaws (le titre original du film de Steven Spielberg), la sortie de l'eau de la Lotus Esprit remémore ce film. Les couloirs du bâtiment de Stromberg font penser à "Star Wars Épisode IV : Un nouvel espoir" et son étoile de la mort. Mais avec un intérieur noir pour le film de 007 (tandis que chez la saga initiée par George Lucas, c'est blanc). De plus, 1 année avant que John Carpenter ne réinvente le slasher movie avec un Boogeyman immense et immortel dans "Halloween : La nuit des masques, on peut voir une mise en scène effrayante lors de la présentation de Jaws (Requin en V.F. je vous rappelle).

Je n'ai pas aimé. Mais genre pas du tout. Anya et Jaws sont les deux seuls personnages qui sauvent le film. Un peu comme les personnages de Christopher Lee et Hervé Villechaize régalaient lors du film précédent. Le reste, c'est bof. Il y a de bonnes idées, mais elles semblent mal exploitées. Woh, il y a des scènes d'action qui impressionnent, le saut à ski en début de film, la course en Lotus Esprit, les explosions finales, du gros bateau puis du bâtiment submersible. Mais c'est quoi, 20 minutes de film, peut-être 30, vraiment plaisantes. Dans un tunnel d'ennui. Et dire que le prochain nous montrera un James dans l'espace, avec des pistolets lasers...oh punaise, je n'ai pas hâte, ça va être ridicule je sens. Ou non. En attendant, c'est franchement bof.

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