Civil War

Film totalement inconnu de ma personne avant d'en voir la bande annonce lors de "Godzilla x Kong : Un Nouvel Empire", "Civil War" est évidemment à ne pas confondre avec le premier film du Marvel Cinematic Universe vu au cinéma par votre serviteur. Nous en sommes même à des années lumières. Scénarisé et réalisé par Alex Garland (ultra connu pour ses scénarii adaptés par Danny Boyle au cinéma que sont "La Plage", "28 jours plus tard" et "Sunshine"), le film dure 1h50 et est sorti le 17 avril 2024 en France. Soit le même jour que "Spy x Family CODE: White".

Le peu que j'ai vu du film, à savoir la bande annonce qui suit, m'a assez intrigué pour aller le voir. Il faut dire que je trouve la programmation cinématographique très peu intéressante depuis le début de cette année 2024, et que l'envie de retourner dans les salles obscures devient plus intense à la vue des films disponibles depuis le 17 avril. Dont nous devrions peut-être voir une troisième sortie sur Ashou début mai si tout va bien. Du coup, j'y suis allé par curiosité. Mieux, il fut disponible en version originale sous titrée en français dans mon cinéma, sachant que je préfère regarder les films ainsi. Regardez donc le "trailer" en verison originale, non sous titrée en français par contre.

Vidéo de A24

La date est inconnue. Le président des États-Unis d'Amérique (Nick Offerman) s’apprête à prendre la parole à la télévision. Le film s'ouvre sur sa préparation. On devine que le pays est en proie à une guerre civile, les états du Texas et de Californie ont élaboré une coalition, et ont fait sécession. Pire, ils sont entrés en guerre contre la plus haute autorité du pays. Mais le président semble confiant, les 2 états ont connu de lourdes défaites, et ça s'annonce bien.

Sauf que le terrain indique l'inverse. L'occasion pour nous d'aller à New York, afin de suivre la photographe de guerre Lee Smith (Kirsten Dunst). Et son confrère Joel (Wagner Moura). La population demande juste de l'eau auprès de l'armée et d'un camion citerne. La situation s'envenime, laissant tout juste le temps à Lee de protéger Jessie (Cailee Spaeny), apprentie photographe, d'une explosion due à un attentat suicide. On devine à travers la jeune photographe que Lee a l'habitude de cette situation, et n'hésite pas à prendre en photo les cadavres qui jonchent le sol.

Nous voici à l'hôtel où les journalistes prennent place pour l'instant. L'occasion de voir le mentor de Lee, Sammy (Stephen McKinley Henderson), un journaliste papier âgé, qui a pour objectif de rejoindre la ligne de front de Charlottesville, aux portes de Washington D.C., lieu où le président est entouré des forces sécessionnistes aussi nommées Western Force (W.F.). Il se trouve que le principal objectif de Joel est d'aller interroger le président de la situation. L'occasion de constater que ce dernier n'aime pas les journalistes, vu que Sammy indique qu'ils n'ont aucune chance, car le président abat quiconque a l'apparence d'un journaliste.

Après un bref échange, Lee va se coucher, en donnant son accord pour que Sammy les accompagne, laissant à Joel le soin de prendre la décision. Quelle surprise l'attend quand Lee constate que Joel, en plus d'accepter Sammy, a aussi ajouté Jessie au voyage. Certes il faut bien débuter à un moment donné, mais la jeune femme ne semble pas prête pour le périple qui l'attend.

C'est ainsi que nous allons suivre nos 4 personnages à travers les plus de 1300 kilomètres qui séparent New York de Washington D.C. en passant par Pittsburgh. On croisera un camp de réfugié.e.s, une fratrie un peu trop pro-Étasunienne, avant de rejoindre le front de Charlottesville pile au moment où les W.F. lancent l'assaut contre la capitale. Ceci offrant bien 20 minutes haletantes après 1h30 stressantes mais plutôt lentes.

Que dire de ce film ? 24 heures après l'avoir vu, je ne sais toujours pas quoi en penser. Je me suis dit : "heureusement que je ne dois pas écrire la chronique à chaud, car j'ai besoin de recul". Et bien, ce recul, je l'ai, et je ne sais toujours pas comment parler de ce film. Déjà, on y suit des journalistes de guerre. Dans une Amérique désunie. La violence des scènes de fusillades est effrayante. Le son des balles vous fera sursauter sans difficulté. Il est étonnant de voir des scènes de guérilla urbaine se déroulant aux U.S.A., et tout ceci sans savoir qui est gentil ou méchant.

Rassurez-vous, on se rend rapidement compte de qui sont les gros racistes, et du pourquoi il y a sécession. Mais ce qui choque le plus, au delà du son, ce sont ces habitants qui continuent de vivre paisiblement. Ou quand Jessie et Lee échangent sur leurs parents, des agriculteurs de l'Amérique profonde, qui ont décidé de ne pas prendre partie. Ces gens vivent normalement alors que leurs concitoyens s'abattent sans aucune pitié. L'assaut final montrera à quel point c'est vraiment la guerre, les forces de l'Est abattant quiconque ressemblent à un ennemi.

Il y a aussi une impression de "The Walking Dead". Comme si le monde s'était parfois arrêté à certains endroits. Notamment cette autoroute où il faut slalomer entre les véhicules abandonnés. On y trouve aussi des détraqués, comme ce sniper qui tire sur les personnes osant passer dans son parc de Noël. C'est compliqué à expliquer.

Mais le film parle surtout d'un transfert de savoir. Entre la vétéran Lee, qui a vu moult horreurs, et son apprentie (on va la nommer ainsi) Jessie. Cette dernière découvre la guerre de façon abrupte, mais ne cessera pas de surprendre Lee, à travers ses angles pour les photos notamment. Le film possède techniquement 2 sommets. Celui de la découverte des gros racistes pro-U.S.A., et le final. Deux scènes dans lesquelles Lee réagit différemment. On voit l'évolution de ce personnage, et reconnaissons que sur ce point, le film est excellent dans son jeu d'actrices et acteurs. Tout comme la réalisation située à hauteur des journalistes. Un peu comme si nous étions embarqué.e.s avec nos 4 personnages.

Après vous avoir dit tout ça, j'ignore comment conclure. Conseiller ou non ce film ? L'ai-je aimé ou non ? Honnêtement, je me suis demandé ce que je voyais. Certes, il y a la critique ouverte du danger que serait une prise de pouvoir contrainte du président. Une phrase anodine laisse à penser qu'il s'est adjugé un troisième mandat catastrophique. Mais on ne nous explique pas tout. C'est d'ailleurs assez frustrant d'en savoir tout le temps moins que les personnages. On nous donne des indices, mais pas assez je trouve.

On ne peut pas ignorer le fait que ça fait penser à la prise du capitole, en janvier 2021, par les pro-Trump refusant la défaite. On ne peut d'ailleurs que penser à lui et ses sympathisants complétement dégénérés qui ont été capables de faire vaciller la démocratie dans un grand pays que sont les U.S.A. Même si il n'est jamais cité, on y pense, forcément. Et ça fait peur. Personnellement, je pense être moins impliqué, moins impressionné par ce film, car n'étant pas Étasunien. Il est vrai que ça doit être nettement plus effrayant quant on constate qu'une chose se déroulant loin peut arriver chez toi. Et je pense que si le film a du succès, c'est surtout par son côté "anticipation" réaliste. Le spectre d'un retour de Trump au pouvoir plane telle une épée de Damoclès, et c'est comme si Alex Garland avait voulu lancer un avertissement au peuple libre Étasunien.

Ceci ne répond toujours pas aux questions telles que dois-je vous le conseiller, ou ai-je aimé ? Avec le recul, je n'ai pas passé un mauvais moment. Les 110 minutes sont passées rapidement malgré un rythme lent. On s'attache aux personnages, et Jessie évolue énormément, nous décrivant ainsi comment les journalistes de guerre évoluent et sont capables de prendre des risques insensé.e.s. Si vous voulez voir un thriller d'anticipation, ou un film sur le journalisme de guerre, je vous le conseille. Perso, j'ai aimé le voir au cinéma, mais je n'en ferai pas un film exceptionnel pour autant. Par contre, bien que les 20 dernières minutes soient haletantes, si vous y aller pour voir de l'action, passez votre chemin. Un film étonnant donc, pas mauvais, marquant, violent, mais pourtant pas impérissable.

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