Cultivons la curiosité
L'année 2020 a vu une crise sanitaire comme notre monde moderne n'en avait jamais connu. Cette crise s'étend sur 2021, rendant de nombreux loisirs inaccessibles. Le cinéma fût bien entendu touché. Malgré une parenthèse de juin à octobre derniers, les salles sont désespéramment closes. Lors de mon dernier passage en date dans les salles obscures, c'était pour l'excellent "Lupin III : The First", j'ai vu une bande annonce du prochain film Pixar Animation Studios. J'étais certain d'aller le voir lors de sa sortie prévue pour novembre 2020.
Un autre confinement vînt mettre un terme à mon retour au cinéma. De toutes façons les salles étaient vides, ce qui est bien pour un stressé des gens comme moi (surtout en période de crise sanitaire), mais triste pour le monde du cinéma. Alors que la situation actuelle semble mal engagée, sans vision à court terme pour une réouverture des salles obscures, Disney prît des décisions drastiques. Violentes même. Celles de sortir ses films malgré tout, en se passant d'une projection digne de ce nom.
"Mulan", le film en prises de vues réelles fût le premier coup de tonnerre, le premier coup de poignard même, envers les gérants et gérantes des salles de cinéma. Il faut dire que l'occasion est trop belle pour la firme aux grandes oreilles de promouvoir sa plateforme de streaming qui essaye de se faire une place face aux géants Netflix et Prime Video. Il était écrit que "Soul" prendrait le même chemin.
Suite à quelques rebondissements sympathiques, j'ai pu découvrir Prime Video, et constater que "putain c'est vachement bien". Le même week-end, grâce à une personne bienveillante, je pus aussi essayer le service Disney+ sans entamer mon mois d'essai offert. L'occasion était trop belle pour définitivement mettre le doigt dans un engrenage. Un mécanisme qui va me faire lâcher le support physique. Je le sais. Je le sais depuis que j'ai la fibre chez moi. Je ne voulais pas franchir ce pas. Seulement, le XBox Gamepass Ultimate sema des graines.
Des graines qui me prouvèrent que ces services étaient géniaux. Pire. Ils me convenaient à la perfection. Et là, le week-end dernier j'ai franchi un nouveau pas. Je ferai peut-être un article sur le pourquoi ce n'est pas Netflix qui attira mon attention. Ou non. On verra. Mais ces services de vidéos sont géniaux. Et voilà pourquoi je me retrouve à voir "Soul", non pas au cinéma (malheureusement), mais sur ma jolie télé, tranquillement de chez moi. Disney+ entre donc dans mon foyer en même temps que Prime Video, et ceci pour au moins 13 mois (abo 12 mois suivant 1 mois d'essai).
Vidéo de Disney FR
Revenons au plus important, le film. "Soul" est donc finalement sorti le 25 décembre 2020, partout dans le monde, sur Disney+. Sans supplément de coût pour la France. Et rien que ça, ça rentabilise les 6,99€ du mois. Une place de cinéma coûtant entre 6 et 12€ en fonction de vos abonnements ou non. Nous voilà ainsi parti.e.s pour 1h40 d'un film magique, les Studios Pixar semblant retrouver leur force depuis "Coco" (que je n'ai pas encore vu).
Pete Docter et Kemp Powers mettent en scène leur scénario (ils sont accompagnés par Mike Jones à l'écriture de celui-ci), et vont nous mener dans un univers Jazzy et assez étonnant pour un film d'animation. Le Soul du titre jouant sur le côté musical mais aussi l'Âme (que l'on peut traduire par soul en anglais, des fois que vous l'ignoriez).
Joe Gardner est un professeur de musique au collège. Quarantenaire, sa vie n'est guère palpitante. Pire, ses élèves massacrent allégrement sa passion, la musique. Il y a bien une élève au dessus du lot, mais la nouvelle de sa titularisation n'est guère enthousiasmante. Lui rêve de jouer du piano dans des cabarets de Jazz. Sa passion est d'improviser, comme sa musique favorite le fait si bien.
Il se trouve qu'un de ses anciens élèves l'appelle le jour même de sa titularisation, afin de lui demander de venir faire un essai pour l'immense Dorothea Williams, une grande Dame du milieu du Jazz. Son rêve va peut-être pouvoir s'accomplir. Et son "audition" est un succès. Il a enfin atteint l'apogée de sa vie... avant que celle-ci ne s'arrête des suites de l’inattention provoquée par sa joie. Il est désormais une Âme en partance pour le paradis.
Joe refuse de mourir, après 40 années à avoir une vie insipide, il a enfin accomplit une chose parfaite, il est si proche de réaliser son rêve que son rejet de la Mort le fait quitter l'ascenseur vers le paradis. Il se retrouve dans un endroit bizarre, dans lequel les nouvelles Âmes s'apprêtent à rejoindre la Terre. Non sans avoir vu leurs personnalités définies. Il ne manque que la petite flamme, le but, pour rejoindre la planète bleue.
Suite à un quiproquo, après la rencontre avec les Êtres supervisant ce monde (qui ce nomment toutes et tous Michèle/Michel), il va "emprunter" l'identité d'un grand professeur et va devoir être le mentor d'une nouvelle Âme ne voulant pas rejoindre la Terre. 22 n'arrive pas à trouver en quoi elle est douée. Elle a même usé Mère Térésa, c'est dire. Pourtant, avec Joe, elle va apprendre ce qu'est la Vie.
Et je préfère m'arrêter ici, s'agissant que du premier tiers du film. Au niveau graphique, c'est beau, avec un style étonnant sur la planète Terre, mais un style qui fonctionne. La vision de la lumière blanche vers le paradis est magnifique et impressionnante. Tout comme le monde des nouvelles Âmes. Lui est plus moelleux, plus clair, plus coloré. Cette vision de ces différents Mondes enchante. De plus, on s'en doutait vu le sujet, la musique possède une place importante. Elle est Jazzy et fonctionne à la perfection.
La deuxième partie du film est drôle, très drôle. On pense à Roméo de "Lucille, amour et rock'n'roll" (vous comprendrez en voyant le film), "Garfield" ou "Drôle de Bêtes". On y découvre les personnalités différentes de Joe et 22. Les aspects tristes sont atténués par un humour bien géré, bien calibré. On rigole souvent. Tout en comprenant le ressenti des personnages. Le passage chez le coiffeur est bluffant. Mais, une fois de plus, ceci se comprend en voyant le film.
On a droit à des scènes cinématographiques, posées là pour impressionner sur une grand écran. Un slalom dans une foule compacte, des couleurs magnifiques, des effets de sables impressionnant. Il est franchement dommage de ne pas pouvoir voir ce film sur une immense toile. Avec aussi une installation sonore performante. Sur du stéréo classique, on perd en qualité je pense. Avec un surround, ça va, ça fonctionne. Mais au cinéma ça aurait été superbe.
L'histoire est très belle, très touchante. Elle parle du sens de la vie, de cette volonté de vivre aussi. Quand 22 se demande pourquoi Joe veut retrouver son enveloppe corporelle alors qu'il a une vie minable...c'est subliment bien dit. On peut le voir comme un simple divertissement, et dans ce cas ça marche, surtout sur la deuxième partie, mais il subsiste un message adulte, parfois violent, sur le sens de la vie. Sur le fait de devoir s'accrocher quoiqu'il arrive et de savourer. Le passage chez le coiffeur implique aussi de s'intéresser aux autres et de ne pas rester sur ses "croyances". C'est difficile de vous en parler sans trop en révéler. Mais de toute façon, si vous le pouvez, regardez ce film.
Je l'ai vu en version française (V.F.). Parce que si je l'avais vu au cinéma, c'est ainsi que j'aurais pu le voir. Camille Cottin en 22 et Omar Sy pour Joe s'en sortent remarquablement bien. On reconnaît aussi Ramzy Bedia, qui est lui aussi très bon. La V.F. est de très bonne qualité, ne donnant pas envie de le revoir tout de suite en version originale. Celle-ci possède pourtant Jamie Foxx en Joe.
J'ai juste un petit soucis avec ce film, c'est le fait que ça reste un film grand public devant se clore de façon optimiste. J'aurais préféré que les scénaristes aillent au bout du bout, ne finissant pas ainsi. Cela aurait été trop extrême, je le comprends, mais cela aurait été tellement logique. Ceci dit, parler de la Mort avec ce ton, ce n'était pas facile, et les Studios Pixar s'en sortent à la perfection. Le film marque et est un petit bijou. Émouvant, drôle, beau, bref, il ne laisse pas indifférent. J'ai énormément aimé.
Dernier point, le service Disney+ est excellent. Un peu plus cher que Prime Video, je le trouve tout aussi intéressant que le service de Amazon. J'ai été convaincu en un film seulement, allant jusqu'à me dire que le support physique va diminuer grandement chez moi. Si vous n'avez pas encore profité du mois offert par Disney+, prenez-le rien que pour "Soul", le film le mérite largement.
@+
P.S. : Oui, cet article marque le début des chroniques de séries, films ou documentaires disponibles aussi bien sur Disney+ que Prime Video, ne vous étonnez pas à l'avenir.