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Cultivons la curiosité

La Schtroumpfette 03

La Smurfette.

La Smurfette.

Revoilà les petits êtres bleus dans leur nouvelle aventure, qui a déjà 50 ans, et l'arrivée, la création, d'un nouveau personnage emblématique de cette BD créée par Peyo, la Schtroumpfette. Toujours dans le cadre de la collection Hachette sur les Schtroumpfs, voilà le troisième numéro donc, contenant 2 histoires, une grande d'une quarantaine de pages, et une plus courte de moitié. Dans la première histoire nous allons voir un côté un peu misogyne de l'auteur (ce qui lui vaudra d'être boudé pendant 2 semaines par sa femme), en effet, Gargamel en a marre du bonheur des Schtroumpfs, il veut se les faire, et décide ainsi de créer un penchant féminin afin de semer la discorde au village. En effet, quoi de mieux pour mettre un gros boxon qu'une femme dans un milieu masculin ? C'est ce que pense le sorcier en sortant une vieille formule particulièrement choquante je trouve (et à priori ça a fait scandale à l'époque), en effet les ingrédients utilisés par Gargamel sont très très myso (comme la soupe mais avec un « y »), « une cervelle de linotte » ou « une part de sottise » enfin bon, pour une œuvre destinée aux enfants, mixte qui plus est, c'est choquant, surtout que ça ne s'arrête pas là.

Car malgré les traits humoristiques (ces propos n'engage que l'auteur du grimoire), la suite n'est guère reluisante. Pensez y, la Schtroumpfette est lourde limite chiante. Bon, là on peut y voir clairement le côté esthétique et débile des hommes jugeant exclusivement sur le physique de la gente féminine, ce qui est plutôt bien trouvé je trouve (ça fait beaucoup de « trouver »), en effet, elle n'est pas très jolie et agasse plus les Schtroumpfs que ce qu'elle les attire. Résultat, la fourberie de ces personnages est ignoble, la faisant passer pour obèse pour se venger. Du coup elle déprime et le grand Schtroumpf prend les choses en main en la transformant en canon blond qui sourit tout le temps. En Bimbo oui, voilà, si les courbes ne sont pas féminines, elle reste un Schtroumpf, la posture, le regard et le sourire font d'elle une bimbo, je ne voit pas mieux pour la décrire.

Et si on s'énerve contre Peyo pour cet image déplorable de la femme (aussi bien moche que belle), on tombe sur une scène incroyable, le tribunal. Dont le verdict sera sans appel et qui permet à la Schtroumpfette de comprendre que son comportement dérange et nuit au village. Elle prendra une décision que le lecteur moderne ne voit pas venir, je vous laisse la surprise. La vengeance des Schtroumpfs sera tout aussi immonde que le moyen employé par Gargamel pour semer la discorde.

La seconde histoire nous raconte comment le village se prépare pour l'hiver en faisant des provisions. Manque de bol aux premières neiges, le dépôt prend feu, l'eau gelée empêche d'éteindre l'incendie et ils sont contraint à l'exile. Il est marrant de voir à quel point ils sont matérialistes, ne devant prendre que le stricte nécessaire, mais voulant tout prendre au final. On peut y voir pas mal de sujet là, la famine, touchant différents pays du tiers monde et imposant la fuite donc, le côté matérialiste, mais aussi l'attachement à sa maison. Je cite un exemple pas vraiment en rapport (quoique se rapprochant de l'histoire introduisant ce tome avec le barrage), l'expropriation des habitants de Naussac pour le barrage du même nom introduisant un lac donc. Les habitants ont manifesté pour ne pas voir leurs habitats disparaître. Oki, c'est une comparaison conne car là c'est une question vitale pour les Schtroumpfs, mais cette exil plus l'histoire du barrage avec la Schtroumpfette, ça m'a rappelé ça. Surtout l'on voit le village sous la neige avec un énorme pétage de plombs du Schtroumpf grognon, qui enchaîne de malchance avec la schtroumpf (neige).

En pleine révolution sexuelle, Peyo ose un tel récit, faisant de l'image féminine comme quelque chose de malsain au sein d'un groupe d'hommes, carrément maladroit, la fin avec le jugement sauf un tout petit peu cette histoire qui énervera plus qu'autre chose. On peut dire que c'est pour mieux dénoncer la misogynie de certains hommes, mais ça ne fonctionne pas, tellement la Schtroumpfette est lourde, chiante. Disons que dans une BD s'adressant à des enfants (qu'importe leur sexe), c'est malvenu. On y découvrira la genèse de la Schtroumpfette, découvrira la tribunal, mais je ne retiendrai que ça, le reste étant énervant. Si, on peut dire que le côté « le mâle juge sur le physique » est bien pensé par contre. Pour l'autre histoire, les sujets de la famine et l'exil y sont très bien traité, et là on tombe sur quelque chose d'intelligent, ce qui hausse le niveau de ce tome. Les bonus sont toujours aussi bon dans cette version Hachette collection, on y apprend que la fameuse formule a valu pas mal de critiques (justifiées) à Peyo. Et on continue de voir son parcours à travers la seconde guerre mondiale et ses début en tant que gouacheur pour CBA une boîte de prod belge de DA qui n'a pas survécu à la réouverture du plat pays aux dessins animés américains. Malgré cette faiblesse concernant la Schtroumpfette, ça reste toujours aussi intéressant à lire, avec pas mal d'humour tout en traitant de sujets graves. Allez, à lire au calme je dirai, mais ce n'est pas le meilleur tome des Schtroumpfs.

@+

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