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Cultivons la curiosité

Evil Dead

Evil Dead

Dans les années 80, une petite équipe de jeunes passionnés de cinéma tourna un film indépendant, donc à très petit budget, sur une sombre histoire de livre maléfique et d'esprit. Sam Raimi et ses compagnons étaient certainement loin de se douter qu'ils allaient modifier le cinéma de genre en concevant une œuvre culte, qui, 38 ans après sa sortie, continue de terrifier (télé)spectatrices et (télé)spectateurs.

Comme c'est expliqué dans cette très jolie éditions double DVD avec livret de chez TF1 Vidéo, le tournage ne fût pas de tout repos. Pire, le côté visionnaire de la réalisation de Sam Raimi était difficile à mettre en œuvre. Il fallut donc trouver des combines pour offrir un film sensationnel, quitte à prendre de très gros risques ou alors de faire porter des lentilles de contact manquant de rendre non-voyante une des actrices.

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De plus, ce film se paye le luxe de lancer la carrière de Bruce Campbell, acteur cartoonesque, qui est un peu l'équivalent de Jim Carrey en fait. Mais dans un univers plus sombre. Parlons donc de cet univers. "Evil Dead" débute alors que 5 jeunes personnes, 2 couples et une femme, se rendent en vacances dans une bicoque perdue dans la forêt. Dès l'arrivée proche, quelque chose semble guetter, une force invisible, qui manque de peu d'envoyer la voiture des jeunes dans un pick up qui arrivait en face.

La traversée délicate du pont de singe, hautement dangereuse en automobile, est aussi un signe qui aurait dû faire faire demi-tour à ces jeunes. Mais non, tout ce petit monde veut s'amuser loin de toute civilisation. Dès le début du film on sent que Sam Raimi possède une certaine patte, dans ses cadres rarement de niveau, ou les contre-plongées qui ne mettent pas actrices et acteurs en valeur.

Il y a la découverte de la maison délabrée. Puis la nuit qui arrive. Et l'esprit qui décide d'entrer dans le jeu. En attirant les jeunes dans la cave. Où ils découvriront un livre bizarre, mais aussi un enregistrement obscur, parlant de recherche sur l'Égypte antique, et ces mots prononcés par la voix enregistrée qui semblent donner plus de puissance à cette force imperceptible mais que nous, spectatrice ou spectateur, savons présente car nous pouvons voir à travers ses "yeux". Un procédé qui rappelle "Les dents de la mer".

Alors que la nuit est loin d'être sécurisante, Cheryl va être la première victime de cet (ou ces ?) esprit(s). Et là on entre dans une scène violente, choquante, mais qui rappelle les Hentai. En effet, remplacez les tentacules de ce genre de pornographie animée par des branches d'arbre, et vous avez une idée du calvaire que subira la jeune femme. Le procédé de stop motion fonctionne parfaitement, même en 2019, et on se prend à avoir peur pour ce personnage, qui désormais sera habité par un démon qui l'a bité. Pardon.

Dès lors Cheryl va se réfugier dans la cabane. Seulement le démon est en elle, et ses amis vont vite le découvrir. Là on plonge dans un film façon "L'exorciste" de William Friedkin. Le maquillage n'est pas exceptionnel, mais la photographie de Tim Philo permet de cacher le petit budget du film. C'est là que l'on entre dans une espèce de survival, avec des personnages qui essaient de comprendre ce qu'il se passe. Seulement, le démon n'était pas seul (ou alors il se dédouble, je ne me souviens plus), et une autre femme se retrouvera possédée.

Là on passe dans la panique, et le gore ne tarde pas à arriver, avec des griffures sanglantes, un Scott qui va se retrouver défiguré, et Ash qui tente tout son possible pour se sortir de cette situation de pure horreur. Ici, nous assisterons en vérité au seul effet un peu comique du film, avec la débauche de sang jeté sur son acteur principal.

Car si la saga Evil Dead est connue pour son personnage principal, Ash, joué par Bruce Campbell et qui aura même droit à une série télé ("Ash vs. Evil Dead" entre 2015 et 2018), qui mêle action, répartie rigolote, et surtout un côté badasse classe. Il n'en est rien pour ce premier opus. Ici Ash est un jeune homme normal, qui se retrouve face à une situation qui ferait paniquer n'importe qui. Le film est gênant pour cette quasi absence d'humour en vérité.

Si vous vous attendez à voir Bruce Campbell sûr de lui, une tronçonneuse remplaçant sa main droite et un fusil à canon scié (ou non, je ne sais plus en vérité) dans la main gauche, vous allez être déçu.e. Mise à part les hectolitres de sang que Bruce Campbell prendra sur le visage (qui semble totalement gratuit en plus), l'humour est donc quasiment absent.

C'est là que ce film m'a longtemps dérangé. La première fois que je l'ai vu, je connaissais "Evil Dead 3 : L'armée des ténèbres". Beaucoup d'humour, un personnage qui claque, et au final pas une immense horreur, celle-ci étant désamorcée par des blagues bienvenues. Quelle ne fût pas ma surprise en tombant sur un film sérieux, sale, que le petit budget rend encore plus viscéral, encore plus dérangeant. Les angles de vue mettent mal à l'aise, et on souffre à la place des personnages. Il faudra attendre le "reboot/remake" un peu plus friqué en la personne de "Evil Dead 2" qui sortira en 1987, pour obtenir le ton bien connu de la saga. Mélange d'humour, d'horreur et d'action.

Au final, ce que vous devez retenir de ce premier "Evil Dead", c'est une ambiance malsaine dérangeante parfaitement retranscrite par Sam Raimi et son équipe. Bruce Campbell ne fait pas encore de grandes grimaces, mais morfle méchamment. Le film mélange possession, gore, survie, avec une réalisation qui offre une grande sensation de peur. Le dernier plan, où la caméra traverse rapidement la forêt et la maison avant d'arriver face à Ash, ce plan donc, vous marquera et pourra même vous faire faire des cauchemars. Un vrai bon gros film d'horreur, ce que ne seront pas les suites, autant, voire plus gores, mais avec un humour qui fait passer la pilule. J'ai adoré ressentir cette peur. Un excellent film.

@+

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