Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin

Sous ce nom un peu long se cache en fait "Big Trouble in little China". Ce qui est plus sympathique à écrire vous en conviendrez. Je crois bien que ce film est le plus vieux que j'ai pu voir au cinéma. Généralement je rate les re-sorties, ou je n'y vais pas. Le dernier week-end de mars furent diffusés pas moins de 3 films de John Carpenter, dont 2 que je n'avais jamais vu. C'est ainsi que je me suis retrouvé à pourvoir découvrir le film du jour grâce à l'association locale Panorama dans le cadre du salon du jeu et de l'imaginaire Le Temps des Chimères. En VOSTFr ce qui est encore mieux.

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Le film dure 1h39 et nous conte une des aventure de Jack Burton (Kurt Russel), un chauffeur routier parcourant les États-unis d'Amérique avec son camion transportant des cochons. Le film débute par l'interrogatoire de Egg Shen. Ce dernier va, semble-t-il, nous raconter cette histoire, et il ne sera plus jamais question de savoir qui était la personne interrogeant le chauffeur de bus touristique, ce qui rend cette scène introductive un peu, comment dire, inutile.

On découvre enfin Jack, au volant de son attelage. Il parle, seul, à travers sa CB, pour "Cibi" hein, pas Carte Bleue. Je dis ça pour la jeunesse qui ne connaîtrait pas cet ancêtre du téléphone permettant aux occupants de véhicules de communiquer entre eux sur de courtes distances. Donc, Jack se fait des films en parlant de tout et n'importe quoi.

Après avoir effectué sa livraison au quartier Chinois de San Francisco, il passera sa nuit à jouer à un jeu asiatique. Plumant son ami Wang. Pour être certain de se faire rembourser, Jack va mener Wang à l'aéroport. Ce dernier doit accueillir sa fiancée, une très belle (et rare) Chinoise aux yeux verts. Seulement, ils la verront se faire enlever sous leurs nez, par un gang d'asiatiques.

Au passage, Jack aura rencontré Gracie (Kim Cattrall), une jolie blonde qu'il essaya de draguer en vain. La jeune femme attends Tara. C'est cette dernière qui semble être visée par les malfaiteurs avant qu'ils ne s'orientent vers Miao Yin (Suzee Pai), la fiancée de Wang. Ce point est surprenant, car on ne saura jamais si Tara avait de l'importance ou non, ne la revoyant que plus tardivement dans une courte scène.

Jack et Wang sont contraints de poursuivre les malfaiteurs. Bizarrement, l'ami Asiatique du héros connaît tout, où ils vont, qui ils sont, alors que Jack n'y pane rien. Et ce sera ainsi tout du long du film, Wang ne cessant d'expliquer à Burton ce qu'il se passe. Il faut dire qu'en 1986, le cinéma Chinois ne perce guère aux USA, et donc les Tsui Hark et autres films de ce genre sont inconnus du public. Du coup, et de façon parfaite, John Carpenter livre les clés pour comprendre ce genre de film. Malheureusement, ça fait plus passer Burton pour un débile qu'autre chose. Le spectateur et la spectatrice riront du héros, alors qu'eux et elles-mêmes n'en savent guère plus.

Passons, car jusque là, c'est simple à suivre. Le film bascule lorsque, dans une ruelle de China Town, Burton et Wang se retrouvent coincés par un enterrement qui va virer à la baston. Deux clans asiatiques se font face, et là, c'est la bagarre. Bon, là, vous vous dites qu'il n'y a rien de compliqué, sauf que 3 étranges personnages font leur apparition. Thunder, Rain et Lightning sont dotés de pouvoirs extraordinaires. Ils ne mettent pas longtemps à se débarrasser des gens qui essayent de les abattre.

Pendant ce temps Jack et son ami essayent de se sauver comme ils peuvent. Et alors qu'ils trouvent un havre de paix chez Wang, on retrouve Gracie. Dès lors, on en apprendra plus sur Lo Pan (un quatrième personnage fantastique, qui est le chef et un ancien démon accessoirement), tout en voyant notre petit groupe élaborer un plan pour sauver la fiancée de Wang.

Pour un film de 1986 (ici restauré), les effets spéciaux sont impressionnants. Rien à redire là dessus. Tout comme la présence étonnante, mais agréable, de monstres hideux mais au final assez peu utilisés ici. Les scènes de combat fonctionnent bien, et les personnages sont attachants. Même si on regrettera le côté un peu "facile" des histoires d'amour se concrétisant au fur et à mesure du récit. Par exemple, au début Gracie et Jack ne se supportent pas, puis iels en viennent à se rouler de grosses galoches. À un moment, Jack se retrouve avec plein de rouge à lèvres sur sa bouche, en train de menacer Lo Pan, ce qui rend la scène ridicule et assez drôle.

Le problème est là en fait, cet humour assez simpliste, qui fonctionne, mais se retrouve un peu trop prévisible et facile. Si on ne peut qu'être impressionné par la forme, les décors en "dur", les effets spéciaux qui envoient du lourd, malheureusement, le scénario est un gros délire sous acide. Certes, l'hommage aux films de Tsui Hark est propre, seulement il me semble plus tourné à la parodie qu'à l'hommage. Par exemple, prenons un film qui rend hommage à son aîné en ajoutant de l'humour, "Shaun of the dead". Edgar Wright conserve les codes du films de zombies de George A. Romero, et y ajoute un brin d'humour qui ne fait pas de mal. Chez John Carpenter, l'humour est un peu puéril.

Bon, ce défaut est dû au fait que le réalisateur est né et a vu des films dans sa jeunesse ayant cet humour là. Mais j'avoue ne pas trop accrocher à ce genre de comédie. Si on arrive à oublier ce petit défaut, le film est un gros et bon divertissement. Même si on peut l'interpréter comme une histoire un peu folle racontée par un guide touristique (ce que laisse penser la première scène de l'interrogatoire). Ce même personnage étant soit saoul, soit drogué. En effet, les personnages sont toujours alcoolisés, comme en témoigne la toute première rencontre entre Gracie et Jack "vous sentez la bière dès le matin", mais aussi les nombreux cadavres de bière présents sur les tablées des personnages. Je ne parle pas de la "potion magique" qui provoque des hallucinations et met les personnages dans un état de bien être, leur conférant une force que ces derniers pensent puissante. Je crois que là, ça parle tout seul.

Du coup, on se retrouve face à un film joyeux, qui part dans tout les sens, offrant une image sublime, et donc un bon moment. Oh, j'allais oublié de parler du combat du mage contre le sorcier. Ça commence comme dans "Dragon Ball", par une lutte de Kamehameha, puis d'un coup, au milieu des deux rayons lumineux, apparaissent des personnages. Ces derniers sont dirigés par le mage et le sorcier, et là on se croit dans un jeu vidéo de combat. Si en 1986, il était difficile de faire la comparaison, la faute à des jeux faibles techniquement, aujourd'hui, on peut se permettre de dire cela. C'était donc visionnaire pour l'époque.

Une fois de plus, le film est impressionnant, mais part un peu dans tous les sens, en offrant des fausses pistes dont on n'obtient aucune réponse. Pourquoi la police n'interroge-t-elle que Egg Shen ? Pourquoi on ne voit pas la fin de cet interrogatoire ? Qui est Tara et qu'a-t-elle de spécial pour que Lo Pan envoie ses sbires l'enlever avant que ces derniers ne s'orientent vers Miao Yin ? Enfin bon, tout le monde se fera son idée. Si on arrive à omettre ce côté "humour facile", nous sommes en face d'un grand film d'aventure, drôle, bien réalisé et qui donne des scènes d'action dingues, un peu trop même. Au point que j'ai plus pris le film pour une parodie qu'un hommage. Après, c'est facile de dire cela 33 ans après la sortie du film, avec l'accès que l'on a tous et toutes aux différentes œuvres, qu'elles soient asiatiques ou non. Si le film ne m'a pas particulièrement emballé, je lui reconnaît des qualités divertissantes qui font que j'ai passé un très bon moment. Cependant, je n'en fait pas un film culte. Un film à voir par curiosité tout de même. Surtout qu'il reste impressionnant. Sympa quoi.

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