Cultivons la curiosité
Troisième album du groupe Canadien, "The Suburbs" propose 64 minutes dispatchées en 16 titres. C'est donc en 2010 que nous avons pu découvrir ce disque. Offrant une pop variée, mais aussi par moment un son rock fort agréable, Arcade Fire est indéniablement le groupe indépendant le plus proche des têtes d'affiche qui passent régulièrement à la radio. Découvrons donc ce que nous offre ce groupe.
"The Suburbs" donne son titre à cet album, mais aussi à la première piste. Une musique joviale, avec du piano, qui surprend un peu. Win Butler pose sa jolie voix sur cette chanson, certes intéressante dans son refrain plus aiguë que le reste, mais pas foufou non plus. La chanson est calme, propre, trop propre. Cet album s'inspire de la vie en banlieue de Houston des frères Butler, Win et William. Sorte de témoignage de cette période. Du coup, sans chercher à comprendre les paroles, on devine la vie paisible menée dans ces quartiers à la périphérie de Houston. Il est à noter que cette chanson est sortie en single.
Tout comme "Ready to start", qui augmentera le tempo, avec une pointe de musique électronique parfaitement intégrée au son rock prenant. Une fois de plus la mélodie est appréciable, suave, malgré un rythme relevé. Une chanson plaisante mais délicate à écouter dans une playlist, sauf si celle-ci doit être posée. J'aime bien quand même. Surtout que l'on descend un peu de rythme avec "Modern Man". Pas grand chose à dire ou redire sur cette chanson, si ce n'est qu'elle est plaisante dans l'écoute de l'album mais me paraît difficile à sortir sur une playlist.
"Rococo", en plus de se payer un titre rigolo, marque par son refrain dans lequel ce mot est répété. Sur une musique calme, où la guitare sèche est mise en avant, tout comme certains violons, on entendra un passage en français. La chanson est agréable, seulement, une fois encore, rien de transcendant. Pour l'instant l'album est cohérent dans son rythme, et se paye le luxe d'être lent sans jamais provoquer l'envie de dormir. Il détend en fait. Ici les violons apportent une sérénité agréable. Un calme rompu par "Empty Room", des violons très énervés, mais surtout une basse et une batterie assurant un tempo qui sortent l'auditrice et l'auditeur de sa torpeur. Par son dynamisme, la chanson marque plus, elle est pêchue et Régine Chassagne est nettement plus présente. Le duo vocal formé avec son mari est impeccable, bien que la voix de Win Butler soit un peu en retrait. Une chanson très très sympathique que j'aime beaucoup.
"City with no Children" revient sur ce que l'on a entendu jusque là. C'est joli, calme et posé. Presque un peu lassant devant le fait que le titre tarde à enfin se lancer, mais ceci reste appréciable. Ce n'est pas la meilleure piste de l'album, loin de là, mais elle s'écoute bien. Le prochain titre est en fait un diptyque. Il faudra le combiner avec la huitième piste pour former un tout. "Half Light I" est encore plus tranquille que ce que nous avons entendu précédemment, sauf qu'ici, Régine Chassagne nous offre une certaine émotion vocale marquante. Le rythme constant assuré par une percussion, les violons qui pleurent, et même quand Win Butler arrive, l'émotion reste intacte. Une très belle chanson qui sert d'introduction luxueuse à "Half Light II (No Celebration)". Comment dire, si vous entendez cette chanson seule, vous vous direz peut-être que c'est mou, pas agréable, malgré le côté suave. Pourtant, le long de l'écoute de l'album, et plus spécifiquement à la suite de "Half Light I", cette chanson est ultra puissante. J'adore, et l'écoute fréquemment en la combinant avec la piste précédente.
"Suburban War" est plus, comment dire, mélancolique, je ne sais pas. Un titre qui reste calme, et sympathique, sur lequel je n'ai pas grand chose à dire en vérité. "Month of May" est bien énervée par rapport au reste de l'album. Une chanson pêchue, très rock 'n' roll avec sa guitare électrique infligeant une allure dingue. C'est la chanson la plus dynamique de l'album, et aussi une de mes préférée de "The Suburbs". Excellent quoi. Nous la savourons d'autant plus que "Wasted Hours" est nettement plus lente. Voire molle. On y devine Win se remémorant sa jeunesse assis sur un trottoir. Une fois de plus, la chanson est jolie, mais est pourtant la moins intéressante du disque je trouve. Les 3'20 passent lentement, trop lentement, du coup l'envie de l'esquiver n'est jamais bien loin.
Surtout que "Deep Blue" possède un rythme un tout petit peu plus élevé, mais est aussi calme que "Wasted Hours". Par contre la voix, et surtout le piano, provoque une plus forte émotion que la piste entendue avant. Une chanson très agréable à écouter, qui voit une guitare électrique arriver de façon étonnante et superbe. Une excellente chanson. "We used to wait" détend aussi bien, pourtant son piano est énervé. Mais pas le chant. Du coup la chanson passe tranquillement, et on appréciera les 5 minutes du titre en fermant par moment les yeux, non pas pour dormir, mais pour apprécier ce que nous propose le groupe. Ainsi, nous voilà parfaitement détendu.e.s pour aborder la fin de l'album. Le diptyque "Sprawl I (Flatland)" et "Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)" est très bon, malgré un premier son très... soporifique pour le coup. Une fois de plus "Sprawl I (Flatland)" est une introduction à la piste suivante. Mais on l'esquivera malgré tout devant un son un peu trop triste et calme.
"Sprawl II (Moutains Beyond Mountains)" permet de terminer l'album avec brio. Oui, il reste "The Suburbs (continued)", mais la dernière piste, en plus d'être la plus courte du disque, est aussi très anecdotique. Voire inutile. Ceci n'enlève en rien à la qualité de la pénultième chanson. Celle-ci est majoritairement chantée par Régine Chassagne, avec toujours ce timbre si agréable. Non pas que Win Butler possède une voix moche, au contraire, mais les chansons avec sa femme donnent plus d'intensité et d'émotion que le reste. Elles sont plus rares aussi. Bref, j'adore ce titre.
Et voilà, 64 minutes sont passées, et nous sommes bien détendu.e.s. Si "The Suburbs" n'arrive pas vraiment à posséder un titre que l'on citera immédiatement comme étant représentatif de Arcade Fire, n'enlevons pas la cohérence calme de cette album. Avec parfois des fulgurances bienvenues, ce troisième album s'écoute d'une traite, sans qu'aucun (ou si peu) titre ne vienne entacher cette heure audio forte agréable. Oui, en vérité, le seul point sombre de cet album et de ne pas posséder de titres emblématiques comme "Wake Up", "Windowsill", "Afterlife", et bien d'autres. Tout juste "Month of May" sort un petit peu du long, ou le diptyque Half Light. Peu importe, si vous aimez le groupe, cet album est un indispensable, à écouter d'une traite par contre. J'ai aimé.
@+
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