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Cultivons la curiosité

Glass Onion : Une Histoire à Couteaux Tirés

Glass Onion : Une Histoire à Couteaux Tirés

Fin 2019 sortait un film qui m'avait marqué. Tout juste remis de son évincement de la saga Star Wars, avec pourtant le meilleur épisode de la saga selon moi, Rian Johnson se lança dans un film mettant en scène un célèbre détective. Benoit Blanc est une sorte de Sherlock Holmes ou plutôt Hercule Poirot, et "À couteaux tirés" s'offrait une critique acerbe de l'élite riche. Le film avait une distribution hors norme, Daniel Craig, Ana de Armas, Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Christopher Plummer, Chris Evans, Toni Colette.

Rian Johnson, scénariste, réalisateur et producteur était ravi du succès de ce qui allait être une nouvelle franchise. Une fois de plus, toujours en se basant d'après Hercule Poirot d'Agatha Christie. Des personnages sans cesse nouveaux, mais un Benoit Blanc immuable, qui apporte du piment. On pourrait aussi penser à Columbo, sauf que Blanc ne fait pas partie des forces de l'ordre.

Le tout premier film est une claque monumentale. Une maîtrise scénaristique qui indique que Rian Johnson possède une plume, mais aussi une capacité à réaliser, excellentes. Je le dis ouvertement, si les fans de Star Wars n'étaient pas aussi conservateurs, tels des hommes de droite qu'ils conspuaient à leur jeune âge, l'épisode IX aurait pu être exceptionnel, au lieu de se manger une fin sympa (j'aime bien), mais incapable d'exploiter les pistes débutées dans l'épisode VIII.

Nous ne sommes pas là pour parler de la guerre des étoiles, mais bien de ce qui va être le deuxième épisode de la saga "À couteaux tirés", à savoir "Glass Onion : Une Histoire à Couteaux tirés". Alors le titre français est forcément bof, sachant qu'en anglais c'est "Glass Onion : A Knives Out Mystery", "Knives Out" étant le titre original du premier film. Pour ce long métrage, on prend les mêmes et on recommence. Daniel Craig rempile dans un costume différent de celui de James Bond, Benoit Blanc n'étant pas "Batman" comme il le dira dans ce film. On retrouve Rian Johnson avec la triple casquette de réalisateur/scénariste/producteur. Toujours assisté pour cette dernière partie par Ram Bergman. Petite bande annonce.

Vidéo de Netflix France

C'était en version originale sous titrée en français, soit de la façon dont j'ai vu ce film. Si le long métrage arrive 2 ans presque pile après le premier film, il y a cependant un changement de support. Netflix ayant acheté la diffusion exclusive de cette nouvelle histoire de Benoit Blanc. Ce qui est, pour le coup, dommage. Je me souviens encore de la claque cinématographique que fût le dernier plan de "À couteaux tirés", et en ayant vu "Glass Onion" (je raccourcis le titre), certains passages auraient été jouissifs au cinéma.

Mais passons, après on va se poser la question pourquoi les gens ne vont plus au cinéma. Si les producteurs et autres distributeurs sont incapables de prendre des risques pour offrir de tel film au cinéma, alors oui, les salles obscures vont mourir. Marre de se manger des super héros, des comédies racistes (en France du moins) ou des projets bluffants technologiquement parlant, mais vide scénaristiquement.

Je pense que cette année, les films m'ayant le plus marqués seront "Ambulance", "Le Menu" et "Glass Onion". Et oui, car je ne pose même pas la question "cette suite est-elle meilleure que le premier ou ratée ?". C'est une immense réussite. Un exploit même. Je le trouve un tout petit peu inférieur au film précédent, qui était de très haut vol, donc ça reste le très haut du panier. Arriver à proposer une suite de cette qualité est désormais rare dans le cinéma, ceci prouve que laisser les mains libres aux artistes offre une cohérence dans une saga.

Mais de quoi s'agit-il ? En pleine pandémie de Covid 19, des personnages que l'on nous présente au fur et à mesure, reçoivent une étrange boîte. Offertes par Miles Brown (Edward Norton), milliardaire ayant créé Alpha. On a le scientifique qui gère tant bien que mal les idées de Miles, Lionel (Leslie Odom Jr.), la gouverneure Claire (Kathryn Hahn), l'ancienne égérie de la mode Birdie (Kate Hudson), son assistante aussi, Peg (Jessica Henwick). Ainsi que Duke (Dave Bautista) et sa compagne Whiskey (Madelyn Cline), influencer sur Twitch. Reste Andi (Janelle Monáe), que l'on voit en dernier.

Tout ce petit monde est présenté sans ménagement. Birdie organise de grandes fêtes pendant la pandémie, bien que ce soit interdit, et s'en moque. Pire, elle commet plusieurs bourdes sur les réseaux sociaux qui font que Peg lui confisque son téléphone. Des dérapages racistes, surtout dus au fait qu'elle est dans son monde. Lionel est le scientifique, qui essaye de tenir tout ça comme il peut. On devine que Miles est un milliardaire qui a des idées merdiques, et qu'un jour il a eu LA bonne idée, probablement sur un coup de bol.

Duke est typique des influencers, toujours à essayer d'expliquer en quoi il n'est pas misogyne, on le voit se faire malmener par sa maman, de façon hilarante. Au début, on pense que Whiskey est la bimbo blonde décérébrée, or, vous pourriez avoir une agréable surprise concernant ce personnage. Claire est une femme politique ambitieuse, mais un peu débordée. On voit le désordre que c'est chez elle, et qu'elle va même donner une entrevue en bas de pyjama (la télévision ne cadrant que le haut). Les 4 foyers que nous voyons ici sont liés.

En effet, tout ce petit monde va recevoir une grosse boîte, un jeu d'énigme, qu'ils résoudront à travers une conversation téléphonique brillamment réalisée. Le résultat est qu'ils sont invités au jeu annuel de Miles. On notera que Andi est seule, sans contact avec les autres, et que sa façon de résoudre les énigmes est expéditive.

Puis reste notre héros. Benoit Blanc s'ennuie pendant ce confinement. Il a beau jouer avec ses ami.e.s au jeu vidéo "Among Us", il ne cesse de perdre. Il a besoin d'action, de réfléchir. Il fait penser à Sherlock Holmes pour le coup. Et ceci tombe bien, vu qu'on lui livre une boîte, la même que les 5 personnages précédents. Benoit se retrouve donc invité en Grèce, pour le jeu de Miles.

Jeu qui consistera à résoudre le meurtre du milliardaire. Il est intéressant de voir sur le ponton les différentes réactions des personnages. Certains portant le masque, d'autres s'en moquant et même rigolant sur le fait qu'il ne faut pas s'embrasser. Une injection inconnue permet à tout ce petit monde de se passer du masque. On remarquera que le masque de Birdie est d'une stupidité exemplaire, que Duke n'en porte pas, et en plus arrive en tirant des coups de feu parce que... bah pourquoi pas ?

Évidemment, beaucoup de choses sont posées ici, on apprend que tout le monde va se retrouver sur une île à 2 heures de bateau d'ici. Sauf qu'une invitée peu désirée arrive. Andi. En effet, on découvrira qu'Andi était tout le temps invitée aux jeux annuels de Miles, mais qu'elle ne venait plus depuis un certain évènement. L'ambiance se tend, et dès lors on l'ignore, mais le jeu a déjà commencé. Enfin, le jeu, l'enquête en vérité.

Miles étale toute sa fortune, et veut impressionner ses invités. On notera la présence hilarante et impromptue d'une personne recueillie par Miles, sans que l'on comprenne ce qu'il fait là. Mais ce qui surprend, au delà de la construction imposante qui donne son nom au film, c'est que Miles a quelque peu une décoration atypique. Pensez-y, la Joconde est là. Petite pique aux Français au passage, et ceci fascine tout le monde et montre la puissance de Miles.

Reste que Miles a décidé d'organiser ce petit jeu, et n'est pas ravi de voir Andi. Ni Benoit. En effet, on apprend que le célèbre détective n'a jamais été invité par le milliardaire. Dès lors, le doute est permis. Qui a invité Benoit, pourquoi ? Et surtout, les tensions entre tout ce petit monde sont bien présentes, alors Miles n'a-t-il pas pris le risque de donner une mauvaise idée à ses convives ? Pire, la rebus Andi est là, et forcément tout le monde la surveille.

Tout, tout sera tôt ou tard expliqué. L'aspect plaisant du film est qu'il exploite à merveille ses 2h15. Ce qui est proche de "À couteaux tirés" au final. Et on ne voit pas le temps passer. Les personnages sont rapidement posés à travers l'introduction qui consiste à résoudre l'énigme de Miles. Même Benoit Blanc n'a pas une grande exposition, mais sans connaître le premier film on devine rapidement qui il est. Le film pose ses personnages, leurs caractères, mais offre aussi des mobiles. Chaque personnage ayant une rengaine ou crainte contre Miles.

Ce dernier allaite tout ce petit monde, mais ne semble pas très futé. Benoit Blanc va l'humilier pendant le jeu, pour avoir un iPad. Le passage du dîner est incroyable de célérité. Et on se rend compte que le film prendra une autre dimension lorsque qu'il y aura vraiment un décès. Décès que l'on devine en observant bien. Ça m'avait surpris d'ailleurs de remarquer le subterfuge. Et la force de Rian Johnson est de nous montrer le coupable, mais d'arriver à nous faire douter sur ce que l'on a vu.

Au milieu du film, un évènement intervient. Évènement qui pousse à reprendre l'histoire au début pour bien comprendre ce qu'il va advenir par la suite. On verra la vraie raison de la présence de Benoit Blanc ici, et tout va s'emboiter à la perfection. Seul et unique défaut du film, la façon... dur de ne pas spoiler en vérité. Cet évènement sera effacé par un moyen limite, qui fait que l'on est vraiment dans un film. Et si il était impensable que ceci arrive, j'avoue que la résolution de cet évènement précis m'a un peu déçu. Mais heureusement le film repart à 100 à l'heure derrière, et le reste est juste excellent.

Que ce soit le final explosif, qui remémore "Le Menu" (en moins destructeur tout de même), ou juste la résolution finale imparfaite (pas dans le script ou la réalisation, mais dans les faits, vous comprendrez en voyant le film), on retrouve la critique des riches. Benoit Blanc insultant à plusieurs reprises l'intelligence d'un personnage. Le "vous avez pris mon idée". Terrible. On n'aura pas vraiment de plan iconique comme dans le premier film, où la prolétaire surplombait les riches héritiers, mais le film s'avère tout de même marquant.

Passionnant du début à la fin, il a une carence à travers un moyen employé pour éviter la disparition d'un personnage, qui fonctionne peu pour moi. On oublie rapidement ce défaut pour aller vers l'énorme faiblesse. Sa grande tare sera de ne pas avoir offert cette expérience au cinéma. Honnêtement. Je repense aux claques que j'ai pris devant "À couteaux tirés" et "Le Menu". J'aurais voulu prendre cette claque sur un écran immense. Pire, ceci signifie que le film ne sera probablement jamais disponible en vidéo. Enfin, je pense. Et ça me désole encore plus.

Pour une suite réussie, c'est une suite réussie. Le ton anti-riches reste le même quand dans le premier film. On retrouve beaucoup d'humour et, étonnement, un Benoit Blanc tout excité de participer à cette aventure. La distribution est exceptionnelle, mention spéciale à Janelle Monáe, parfaite en tout point et qui arrive par moment à voler la vedette à Daniel Craig. J'ai adoré et vous le conseille. C'est le film à voir pour bien finir l'année 2022 (ou bien commencer 2023, ou à voir n'importe quand). Vivement le troisième.

@+

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