Cultivons la curiosité
Les sorties cinématographiques ne sont pas trop enthousiasmantes en ce moment. Enfin, disons qu'elles ne m'intéressent pas trop. Lors du prochain mois de mai, il va y avoir un retour du mois spécial cinéma. Un retour, pas certain, mais ce sera un mois dans lequel vous verrez donc 31 chroniques de films, afin d'évacuer un peu ma vidéothèque qui devient assez encombrante. Dedans, vous verrez que j'ai découvert "The Host" (Bong Joon-ho, 2006), et que ce fût une belle petite claque. Ceci m'emmena naturellement à "Mickey 17", son huitième film, qui est sorti le 5 mars 2025 en France.
Ainsi, même si la bande annonce semble rigolote mais sans plus, j'ai décidé d'aller le voir. En version française (VF), vu que la version originale sous titrée en français était diffusée à des heures auxquelles je ne pouvais me rendre. Pour continuer de vous révéler un peu ce qui va arriver en mai prochain, "Mickey 17" est le quatrième film que je vois du week-end. Et aucun ne fût mauvais, au contraire, tous racontaient brillamment leurs récits, et s'avèrent passionnants. Finalement, je ne vous les révèle pas, vous verrez en mai.
Tout ça pour vous dire que finir ce dit week-end par un film de 2h20, aller à la salle (de cinéma, pas de musculation hein ?) aux côtés de gens qui font les écureuils (oui, même un dimanche à 13h45...), des gens qui toussent et éternuent (limite si iels ne te crachent pas dessus)... enfin bon, je ne vais pas reparler de mon opinion concernant les gens au cinéma, je dois être trop introverti pour comprendre (alors que paradoxalement, en concert, ça passe, ne cherchez pas). En tout cas nous voilà parti·e·s pour Nilfheim (et non pas Nibelheim du jeu vidéo "Final Fantasy VII", sur PlayStation, de SquareSoft, qui est sorti en 1997). Je vous laisse découvrir la bande annonce en VF, qui n'en révèle pas trop (mais un peu sur la fin).
Vidéo de Warner Bros. France
Mickey Barnes (Robert Pattinson) est mal en point. Tombé au fond d'une crevasse, il parle bizarrement de sa mortalité, et croit peut-être voir en Timo (Stephen Yeun) un sauveur. Sauf que son ami le laisse là, vu qu'il intégrera un nouveau corps fraîchement imprimé le lendemain. Nous sommes en fait en présence de Mickey 17, un "Remplaçable" de la mission spatiale menée par Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), un politicien qui a échoué deux fois aux élections. Et qui voit en cette mission, la possibilité de dominer un monde parfait (comme le chantait Ilona Mitrecey en 2005). Ceci nous est expliqué à travers un flashback, alors que Mickey 17 va se faire dévorer par une grosse larve poilue...
En effet, Timo et Mickey sont orphelins, et le premier, beau parleur, arrive à monter des coups, souvent foireux. Sauf que là, le duo a emprunté de l'argent à un mafieux local (sur Terre), et il met un gros coup de pression afin de montrer ce qui arrive si on ne le rembourse pas dans la semaine. Ceci pousse les 2 amis à s'engager sur la mission qui part de la Terre vers Nilfheim. Timo, avec son bagout, va intégrer un poste de pilote (alors qu'il vient juste d'avoir son permis), et Mickey, pas très futé, prendra le job qui lui paraît être le plus proche de ses compétences, Remplaçable.
Ceci provoque une panique, personne n'ose prendre ce boulot, car il faut bien tout lire. En effet, vous faites don de votre corps et esprit, dans le but de subir des tests et autres missions dangereuses. Car votre mémoire est copiée dans une... brique, et votre corps peut-être réimprimé à tout moment grâce à la machine d'un brillant scientifique, qui était aussi un tueur en série de sans domicile fixe... Vous comprendrez ce passage dans le film.
La vie (sic) de Mickey 17 va être profondément modifiée au moment où il survivra à sa chute dans la crevasse. Désormais, il va devoir coexister avec lui-même, Mickey 18, fraîchement imprimé, et se cacher de l'expédition, parce que depuis le précédent du tueur en série, les Multiples sont simplement condamnés à mort, sans possibilité de revenir via l'imprimante. On notera, et je m'arrête là pour le scénario, une divergence de personnalité entre 17 et 18, qui est surprenante, mais normale.
Alors, accrochez-vous, je vais lâcher des titres de films, dont la plupart sont du réalisateur aussi scénariste ici. "Parasite" (2019), "Okja" (2017), "Snowpiercer : Le Transperceneige" (2013) et "The Host" (2006) offrent une part d'eux-mêmes à "Mickey 17. Bong Joon-ho puise dans sa propre filmographie afin d'en sortir une partie et d'offrir un divertissement agréable, mais pas que. J'ignore si le roman "Mickey7" d'Edward Asthon (de 2022) possède tout ça, mais en tout cas, le réalisateur/scénariste a bien choisi le matériaux d'origine si tel est le cas.
Mais on trouve aussi beaucoup de "Starship Troopers" (Paul Verhoeven, 1997). Et une touche de "Edge ot Tomorrow" (Doug Liman, 2014), sans l'aspect redondant cependant. Pour le premier film cité, c'est flagrant. On y parle de race supérieure, de parasite/vermine à éradiquer, l'Humanité inverse le truc, car c'est elle qui vient chez les habitants de Nilfheim. Il y a aussi l'image d'un homme tout puissant, qui veut assouvir sa volonté de pouvoir. Le pouvoir qu'il ne peut atteindre sur Terre par les élections, il l'obtiendra à travers ses partisans.
Là, nous allons entrer dans l'analyse délicate de votre serviteur. Le film est annoncé tôt, en 2022, et le tournage intervient la même année. Ce qui fait que ce que je vais dire nous montre que la réalité a rejoint la fiction. Il y a des risques de grosses révélations, que je ferai lors du prochain paragraphe. Sachez que je rapproche le personnage de Mark Ruffalo à Donal Trump. Ses partisans portent une casquette rouge, l'applaudissent chaudement et veulent leur montrer leur dévouement total à la télé. Il est stupide et colérique, mais veut avoir une belle image. Mark Ruffalo relève souvent sa lèvre supérieur, un peu comme le fait Trump, et son petit air supérieur... bref, tout le long du film je n'ai vu que ça.
ATTENTION, RÉVÉLATIONS DANS CE PARAGRAPHE. Surtout, que si on y regarde bien, en plus du dévouement total, de la façon dont il traite les êtres inférieurs, la tentative d'assassinat qui lui laisse une cicatrice sur la joue gauche ne peut être involontaire. Et pourtant le film a été tourné avant les évènements de fin 2024. C'est fou. On y voit aussi ce côté "main de Dieu", très catholique, avec un homme dont j'ai paumé le nom, désolé. Le fait qu'une femme noire se dresse contre lui, Nasha (Naomie Ackie), qui fût la seule à copiner avec Mickey, considéré comme un rebus en sa qualité de Remplaçable. On peut la comparer à Kamala Harris dans un certain point, mais qui gagnerait à la fin. FIN DE LA BALISE SPOILERS.
On pourra aussi et surtout y voir un despote en Kenneth Marshall, qui a l'habitude d'être entre gens de la haute société, et qui veut pratiquer l'eugénisme. À savoir coloniser la planète avec sa semence et les plus belles et intelligentes femmes de la colonie. Il se fera même surnommer Spermator ou un truc du genre à un moment. Le fait qu'il soit pleutre, demandant sans cesse du soutien à sa femme Ylfa (Toni Colette). Cette dernière, comme toute personne riche qui n'a rien d'important à faire, voue un culte aux sauces. C'est sa passion, concevoir des sauces et les faire goûter à son mari. Tout en lui conseillant deux ou trois choses dans l'oreille quand ce dernier pète les plombs.
Il y a aussi une imagerie issue du Nazisme. Disons les termes. Le bras levé comme signe de ralliement (mais avec que l'index dressé), le costume, l'aspect pleutre, la volonté de pratiquer l'eugénisme, la volonté d'utiliser du gaz pour éliminer la vermine de Nilfheim. Gaz qui était déjà présent dans "The Host" d'ailleurs. Il y a un point sur lequel l'équipe du film n'a pas osé aller, surtout concernant la distribution, Mickey aurait dû être joué par un acteur non caucasien. Cela aurait plus de portée. C'est en quelque sorte de la chair à canon, un cobaye aussi. Comme a pu le faire la France avec les tirailleurs Sénégalais, ou les soldats Harkis d'Algérie. Les U.S.A. ont aussi puisé dans leur population dites Afro-Américaine lors de ses nombreux conflits. On le voit encore de nos jours avec les soldats Nord-Coréens envoyés sans expérience sur le front Ukrainien à cause d'une alliance entre la Russie et la Corée du Nord.
Autre point, celui qui se rapproche de "Okja" (que je n'ai toujours pas vu), la condition animale. Quand on comprend qui sont les "Rampants", ce qu'ils veulent, il est difficile de ne pas les rapporcher des insectes géants de "Starship Troopers". Mais il vaut mieux que je m'arrête ici. J'avoue que je fais cette chronique à chaud, et qu'il y aurait tant à dire. Sauf qu'il n'y a rien à redire. Et que si j'avais plus de mémoire, je vous en dirai trop.
Ainsi, je ne peux que vous le conseiller. Déjà, si vous aimez Bong Joon-ho, vous reconnaîtrez sa patte. Si vous aimez la Science-Fiction pure, ça risque de vous décevoir. Le contexte spatial étant au final en second plan. Difficile de ne pas faire le rapprochement entre les idéologies d'extrême droite et ce film. La volonté d'avoir les pleins pouvoirs. La critique du capitalisme aussi, les riches dominants les moins aisés. On y perçoit une forme de racisme qui ne se dévoile pas ainsi. Remplacez Mickey, un homme blanc, pas très intelligent, par un Mexicain, un Afro-Américain, un Asiatique, ou un Musulman, et là vous verrez. Dommage de ne pas être allé jusque là.
La distribution est parfaite, promis, dernière citation de film, mais la prestation de Robert Pattinson, qui joue deux rôles, fait penser, dans une moindre mesure, à "Split" (M. Night Shyamalan, 2017) et son James McAvoy incroyable. J'ai failli l'oublier celle-là. En tout cas, comme d'habitude chez Bong Joon-ho, il arrive à parler d'un sujet grave (la montée d'un petit despote riche, qui veut que tout le monde soit à ses pieds), et à rendre ça ludique. Même drôle par moment. Ce film va vous rappeler beaucoup de choses, trop de choses pour être citées de mémoire, trop de choses à dire si tôt après la sortie du film. J'ai été impressionné par l'intelligence de ce film, l'attachement que l'on a auprès des personnages, Mickey 17 en tête, mais aussi l'assistante scientifique, Dorothy (Patsy Ferran), Nasha, et la plupart des personnages. Un film à voir si vous le pouvez, j'ai adoré.
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