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Cultivons la curiosité

Taxi

Taxi

Encore du Luc Besson en cette semaine spéciale cinéma consacrée aux productions hexagonales. C'est cette fois ci comme producteur et, *tousse* *tousse* scénariste, que le réalisateur intervient. Pardon, j'ai chopé froid ou un truc du genre. En fait, les films de cette semaine sont par ordre chronologiques de sortie. Ce qui explique ce "doublon". En 1998, Gérard Pirès va réaliser un film de comédie, calquée sur les buddy movies Étasuniens. Si, vous savez, le fait que deux personnalités opposées deviennent contraintes de faire équipe pour le bien d'une enquête où il faut arrêter les méchants.

Luc Besson ne cherche pas bien loin ses idées, vu qu'il "emprunte" beaucoup aux cinéma de Hollywood, en y ajoutant une touche franchouillarde des comédies du genre de celles de Louis de Funès. Le tout avec des moyens Européens. Et c'est là que le bât blesse. Copier les Étasuniens, ce n'est pas une mauvaise idée, mais avec des moyens et capacités d'acting nettement en deçà. Woooh, ça imitera les "Blues Brothers" dans la tôle froissée, surtout policière. Mais petite bande annonce.

Vidéo de Elegacy78.

Je vais vous conter un peu l'historique que j'ai avec ce film. Si j'ai mis longtemps à aller au cinéma pour me divertir (j'y étais déjà allé dans le cadre scolaire, voir des films chiants), mon premier fût "Titanic". Léonardo Di Caprio m'a dépucelé en quelque sorte. J'ai le souvenir que le film était chiant, long, au point de faire une entracte, mais que le bateau qui coule c'est quand même "vachement bien foutu". Là, c'était en famille, avec ma cousine et ma tante. Donc le premier film que j'ai vu "entre amis" on va dire, c'est bel et bien "Taxi". "The Faculty" venant après.

Le film était rigolo, puis ça faisait la course poursuite dans les rues de Marseille, c'était cool, puis ça faisait la comédie en se moquant des policiers, en insultant des Teutons, ça voulait baiser sans y arriver, ça fumait des pétards, faisait le foufou sur un scooter, enfin bon, même si je ne cautionnais déjà pas la moitié de ce que le film montrait, j'avais aimé malgré tout.

L'histoire est simple, après avoir été un livreur de pizza talentueux et rapide (et dangereux), Daniel va enfin accomplir son rêve, il devient Taxi à Marseille. La scène introductive montre une course à scooter d'ailleurs, filmée ras du bitume, ça impressionne j'avoue, même si évidemment ce comportement est totalement à proscrire sur la route. Mais que voulez-vous, il faut bien plaire aux ados boutonneux à moitié puceaux faisant partie du public. Ouip, en 1998 j'étais en plein dans la cible.

Après ceci on assiste à une petite moquerie de l'administration, et enfin est dévoilé le Taxi. Une Peugeot 406 phase 1, avec un V6 gonflé. Si au début, Daniel se charge de petites courses, quand un client doit absolument attraper son avion en moins de 30 minutes, notre chauffeur va se transformer (et sa monture) en mode course. Les cascades dans le trafic impressionnent, d'ailleurs des pilotes de renom participeront à celles-ci. Jean Ragnotti, Jean-Pierre Jabouille ou Jean-Louis Schlesser.

Le course se termine par du vomi. On y voit le niveau humoristique. En parallèle, Émilien est un policier enquêteur, qui n'arrive pas à obtenir son permis de conduire. Il n'arrive pas à s'imposer au boulot non plus, et aimerait bien aller loin avec Petra, sa jolie collègue nettement plus classe que lui. Le Commissaire (joué par un Bernard Farcy hilarant) est en stress, le ministre vient, et en plus le "gang des Mercedes", voleurs réputés à travers l'Europe, décide de faire des braquages à Marseille même.

Par un procédé qui a dû prendre au moins 5 secondes de réflexion au scénariste, Daniel se retrouve coincé et contraint de faire équipe avec Émilien. Lui qui évite la Police au maximum, se retrouve à bosser avec eux. S'ensuit des scènes de braquages vite expédiées pour mieux se concentrer sur l'humour et la poursuite. Il est vrai que le coup de "woooh, les condés, Marco il vous prend, il vous retourne et il vous nique" avant de le voir en sueur devant un CRS, ça peut faire rire.

Mais en fait, c'est ici que le problème arrive. Luc Besson est certes un réalisateur talentueux, mais quand il faut des scénarii, disons le, il n'a pas le niveau. On les croirait écrit par un ado de 15 piges qui se rebelle. Les petits voyous deviennent cool, et la police ça craint. Pire, ces derniers sont des gros débiles incapables de conduire leur Renault 21 Nevada correctement. Après tout Émilien n'a-t-il pas choisi cette voie car il avait bac moins 2  et que seule la Police recrute a ce niveau ? De plus, voir les policiers tirer sur la garde rapprochée du ministre avant de se demander si ils ne font pas une connerie, ça paraît pitoyable.

Quand tu as 16 piges, c'est rigolo, ça te parle parce que tu n'es qu'une petite merde qui ne pense qu'aux filles et à avoir ton permis de conduire. Qu'à cet âge là tu ne penses qu'à franchir les limites parce que les adultes c'est "trop rien que des connards". Combien de coma éthylique concernent des mineur.e.s alors qu'ils/elles n'ont pas le droit de boire de l'alcool ? Enfin passons. En gros, nous ne sommes pas ici en face d'un spectacle familial, mais bien d'une comédie s'adressant aux abruti.e.s.

En effet, on peut reprocher à "Bienvenue chez les Ch'tis" de ne pas être drôle, de brosser dans le sens du poil les sudistes et nordistes, en faisant un immense doigt d'honneur à la population vivant entre Marseille et Lille, vu que seules ces deux villes comptent. Mais on ne peut pas enlever le fait que Danyboon en avait fait un film familial, et hormis la tournée où ils sont beurrés, offrant peu de passages à déconseiller aux enfants. Dans "Taxi", Luc Besson étale toute sa haine du flic, sa volonté de faire de voyous des héros, de gens cools. Ce sera aussi le cas dans "Yamakasi" et "Banlieue 13".

Bon, j'exagère le trait volontairement, mais il est délicat d'arriver à apprécier le film si on n'est pas ado ou une espèce de fan de tuning de voiture qui font vroom vroom vite vite. Sans parler du fait que "fumer des pétards c'est cool", belle image dites moi. Cependant il subsiste des scènes sympathiques. Surtout de course poursuite. La dernière est bien filmée, presque haletante, avec ce feu à passer au rouge au tout dernier moment. Le racisme est aussi fort présent. Je sais, ça fait partie des gênes Français, mais il est gênant de constater ici que les Allemands sont méprisés, peut-être volontairement du fait que ce sont eux les méchants, je ne sais pas, mais ça gêne je trouve. Je ne parle pas du traitement des femmes, avec le coup de Émilien y allant franchement ou de Lilly (Marion Cotillard) ne servant presque que de, excusez-moi l'expression, vide couilles.

Le Commissaire joué par Bernard Farcy est dans le surjeu total et ça fonctionne. Il n'a pas encore le racisme et le sexisme qu'on lui connaitra par la suite. Il est finalement le seul personnage délirant et vraiment drôle du film. Même si Émilien et sa candeur n'est pas mal, notamment à la fin, quand il voit Daniel et Lilly sortir d'une pièce sombre "- Mais vous faisiez quoi seuls tous les deux dans une pièce sombre - On développait des photos - C'est pas le moment de développer des photos voyons".

Malgré ses nombreuses tares, le film reste un bon divertissement. Le principal attrait ne vient pas de ses personnages, ou de l'histoire, mais bien des courses poursuites parfaitement filmées. Offrant d'excellentes sensations, surtout avec cette caméra posée ras du bitume. On passera sur les provocations pas drôles, frôlant la débilité. Genre "j'avais oublié le frein à main". Ceci dit, certaines répliques sont marrantes, comme le passage avec Krüger, ou quand Émilien fait le coup des Coréens. 90 minutes loin d'être parfaites, mais un petit film sympathique marquant les début de Frédéric Diefenthal et Samy Naceri dans des premiers rôles. J'avais adoré à sa sortie, maintenant je vois tout le côté stupide des répliques, le côté insipide des personnages, finalement seules les scènes d'action sauvent ce film. Qui ne mérite pas vraiment son aura de film culte je trouve. Sympa sans plus. Et si je vous dit que c'est pour produire ce film que Luc Besson créera EuropaCorp, vous allez encore plus le détester devant le côté "pauvre" des futures productions de cette boîte. Des idées venant des États-Unis d'Amérique, franchouillardisées avec un budget riquiqui, et souvent mal écrit. Voilà ce qui attend cette boîte de production. En attendant, si vous ne l'avez jamais vu et que vous avez plus de 20 ans, pas la peine de perdre votre temps ici.

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