Wasabi

Après avoir réalisé quelques « Taxi » pour le compte de la société de production de Luc Besson, Europa Corp., Gérard Krawczyk reste sous le giron du réalisateur, en mettant en scène une comédie sympathique, à cheval entre la France et le Japon. Oui, nous sommes toujours dans la semaine spéciale cinéma français. Et oui, le principe du film, combiné au fait que le scénario soit de Luc Besson, fait un peu peur. Les clichés vont-ils s'amasser par centaines, les acteurs et actrices en feront-ils trop, la réalisation sera-t-elle simpliste à l'extrême ? Autant de questions auxquelles nous allons répondre après la bande annonce.

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Alors, le « Wasabi » du titre, peut être résumé par un des sous titres employé lors de la promotion du film « La petite moutarde qui monte au nez ». Hubert est un flic proche de la cinquantaine, il possède des méthodes, comment dire, extrême, afin de faire régner l'ordre et de résoudre ses enquêtes. C'est un flic de la région parisienne qui ne se rend pas compte de ce qu'il fait tellement cela lui paraît normal et naturel. L'introduction est bien faite pour le coup. On le voit appréhender une suspecte dans une boîte de nuit, en lui balançant un pain dans la tronche, direct. Puis son chef, Le Squale, le convoque, afin de refaire la soirée. On s'apercevra que Hubert a omit quelques « altercations », mais surtout, avec le bruit, l'ambiance un peu spéciale de la boîte de nuit, il a quelque peu ripé en envoyant le fils du préfet à l'hôpital.

On comprend à travers le discours de son chef, que ce n'est pas la première fois, et que si ses méthodes sont efficaces, un petit peu de repos lui ferait le plus grand bien. On comprend aussi que l'homme ne se remet pas d'avoir été lâché, il y a 19 ans par une Japonaise dont il était amoureux, partie du jour au lendemain sans nouvelles. Ce qui précipita le retour de Hubert en France. Celui-ci formait une équipe de choc avec Momo, Maurice (Michel Muller impeccable), au service du renseignement Français. Mais nous y reviendrons.

On découvre que Hubert a une passion pour le golf, ce qui le détend, et qu'il a aussi une copine en la personne de Sofia (Carole Bouquet). En 2 ans il ne lui avait jamais fait à dîner, et durant celui-ci on pige qu'il est très maladroit en amour, quand il lui demande si son boulot se passe bien. Sa compagne manque de s'étouffer en sachant qu'elle ne travaille plus depuis la mort de son mari 5 ans auparavant. Malgré le fait qu'il est mis à pied pendant 2 mois, Hubert retourne bosser le lundi matin, essayant de tourner la page Miko, afin d'avancer. C'est à ce moment précis qu'il reçoit un coup de téléphone de Tôkyô, indiquant que son amour passé est morte, et qu'il doit rapidement venir dans la capitale nippone afin de régler plusieurs choses.

Le passage extrêmement drôle est quand l'avocat dira à Hubert de ne pas se faire de soucis, qu'il avait eu son chef, alias « Le Squale », au téléphone, qui lui a indiqué qu'il pouvait prendre tout son temps. Trop content de contenter le préfet en donnant des « vacances » a cet élément perturbateur pourtant efficace. L'arrivée en terre Japonaise ne se fait pas sans heurts. Ce qui permet de découvrir Momo, ancien collègue à Tôkyô de Hubert. Déjà que le récit était plutôt bon, même drôle, par le fait que le personnage principal est vraiment dans son monde, d'une efficacité cruelle et violente, mais avec Michel Muller, le film prend une autre dimension. En fait le film va reposer sur ses deux acteurs et son actrice.

L'entrée en jeu du personnage de Michel Muller, avec son côté nonchalant, se posant pas mal de questions et ayant des réflexions hilarantes, va faire monter le film d'un cran dans la comédie. Avec le fait qu'il soit nerveux avant de revoir son collègue, après 15 ans d'absence, « une vraie pucelle » dira-t-il d'ailleurs. Lors de la lecture du testament de Miko chez l'avocat, Hubert va découvrir l'existence de sa fille, proche des 20 ans, dont il va devoir s'occuper pendant 2 jours au moins. Si Michel Muller apportait encore plus d'humour, HIROSUE Ryôko emmène pas mal d'émotion. L'actrice Japonaise apprendra ses répliques phonétiquement, et le tout fonctionne à merveille. Voir le gros nounours violent qu'est Hubert, fondre devant cette arrivée impromptue dans sa vie, ça lui coupe les jambes, au point de descendre pas mal de saké pour s'en remettre. La jeune Japonaise est énergique, brillante et apporte aussi une touche humoristique.

L'histoire reste du Luc Besson, à savoir un truc simple, mais pour une fois pas trop débile. Miko, par on ignore quelle manière, se retrouve avec un compte au nom de sa fille avec 200 millions de dollars, et Yumi se retrouve poursuivie par des hommes belliqueux. De plus, l'amour de Hubert semble ne pas être morte d'un cancer comme le rapport d'autopsie le laisse paraître, mais plutôt assassinée. Dès lors, entre découverte de la jeunesse Japonaise et protection de sa fille sans lui dire qui il est vraiment, une enquête va être lancée, avec un Momo charger d'armer Hubert afin d'assurer la protection de sa fille.

Les réponses seront offertes au fur et à mesure de l'enquête, et, si ce n'est pas folichon, je suis quand même surpris de voir que Luc Besson est au scénario. Pas si débile que ça, prenant, et par moment bien écrit même. Surtout, la crainte d'y voir un Japon fantasmé ou moqué n'est pas présente ici. Oki, nous n'échapperons pas à de rares clichés, comme le coup de la décoration de la chambre ou de la première écoute de musique, un amas de son sans queue ni tête. Mais hormis ces deux points (qui arrivent lors de la même scène), c'est nickel. Je sais, vous me parlerez des Yakuza, mais je trouve que là aussi ça passe bien.

Il y a cette scène dans une salle d'arcade, avec un jeu de tir façon cowboy qui se retrouve bien réaliste quand Hubert se débarrasse des hommes en noir dont il ignore tout. C'est ici que Yumi découvrira la vérité, ayant une réaction normale pour le coup. Je reviens un cran en arrière, juste pour parler de Momo, qui, lorsque Yumi et Hubert vont chez cette première, se retrouve contraint de rejoindre la voiture alors qu'il a envie de pisser. Il dira de manière désinvolte à la dame, la grand-mère de Yumi (en fait je ne me souviens plus) qu'il va se « faire dessus ». Il faut voir sa tête quand il dit ça en faisant des courbettes, c'est hilarant.

Et on va alterner entre action, humour, et passages plus émouvants, entre la crémation de Miko, la peur de Yumi en apprenant qui est vraiment Hubert, son enlèvement, le duo que forme la jeune actrice Japonaise et Jean Reno fonctionne à merveille et rend le film encore plus attachant qu'il n'est déjà. Michel Muller apporte une grosse touche d'humour, mais pas lourde. Comme ce passage où Hubert déguste du Wasabi comme si c'était du Guacamole, ce qui intrigue son ancien collègue, qui en prendra une petit bout et manquera de s'étouffer devant la puissance piquante du condiment nippon. Ici c'est à se tordre de rire, on se croirait presque devant un dessin animé, c'est limite si on ne voit pas Michel Muller devenir tout rouge et avoir de la fumée qui lui sort par les oreilles.

Il y a aussi ce final dans la banque, avec Momo prenant la place du banquier ce qui amuse Yumi, le flic Français se retrouve à lui hurler dessus de signer car la jeune femme ne comprend pas ses intentions. La scène fonctionne admirablement bien. Et le final, me rappelant violemment « City Hunter » avec le coup des balles, est lui aussi parfait.

Je pense que vous aurez compris que, contrairement à ce que le laisse penser l'affiche laide ainsi que le titre pourtant bien choisit, ce film est excellent. Il faut dire que le mélange entre France et Japon fonctionne très bien. Et surtout, le trio d'acteur/actrice et juste parfait, ayant une alchimie parfaitement retranscrite à l'écran. Le film possède un bon humour, une bonne réalisation même, malgré quelques passages un peu moins bons, nous sommes en face d'un excellent divertissement, une surprise même. J'ai adoré et vous le conseille, une pépite produite par Europa Corp. c'est tellement rare, qu'il faut en profiter.

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