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Cultivons la curiosité

Akira – Édition originale (noir & blanc) - Tome 1

Akira – Édition originale (noir & blanc) -  Tome 1

C’est à la fin de l’excellente année 1982 que ÔTOMO Katsuhiro créera « Akira ». Une œuvre marquante et même moderne, qui mélangera habilement anticipation, science-fiction et cyberpunk. Ce que l’on retient avant tout de cette œuvre, c’est son adaptation cinématographique animée en 1988.

 

Une adaptation qui retardera la fin du manga, vu que ÔTOMO s’en chargera lui-même, alors qu’il n’avait pas encore terminé la série originale. Celle-ci se terminera en 1990, mais ne comptera que 14 volumes reliés. Il existe moult version de l’édition papier. La classique, qui comportes donc 14 mangas en couleur, mais aussi et surtout celle que nous voyons aujourd’hui, l’édition dite « originale », en grand format, et qui comporte 6 livres en tout.

 

Alors, vous allez vous dire que 14,95€ dans un tome c’est cher. Mais ce sont 360 pages qui vous attendent. Dans le sens de lecture japonais (contrairement à l’édition en noir & blanc de 1999), avec une nouvelle localisation. Mais c’est surtout ce format qui marque. Nous sommes plus en face du gros livre, bien connu des libraires, que du petit format du manga.

 

Ceci permet de donner aux sublimes dessins de l’auteur toute la place qu’ils méritent. L’œuvre a donc 38 ans, enfin, presque, au compteur. Et la finesse du dessin, les trames, la découpe des cases sont encore d’actualité. N’oublions pas qu’en 1982, TORIYAMA Akira n’en est qu’au pourtant excellent « Dr. Slump ». Pas encore de « Dragon Ball ». Pas de « City Hunter » non plus. Il en va de même avec « Jojo’s Bizarre Adventure ».

 

Mais, de quoi parle donc « Akira » ? Dans un monde alternatif, l’année 1982 a vu éclater la troisième guerre mondiale. Une guerre horrible qui anéantira les plus grands métropoles du monde. Une bombe à la puissance dévastatrice explosant dans le Kanto sera le point de départ de cette guerre. Nous en constatons la puissance dès les premières pages, en couleur, qui horrifient.

 

On se retrouve rapidement en 2019, un groupe de jeunes motards empruntent une autoroute interdite. Dans Néo-Tôkyô, les constructions pour les futurs Jeux Olympiques de 2020 côtoient les ruines des années 80. Ruines dans lesquelles tente de subsister une population qui semble délaissée.

 

Un peu comme ces jeunes, qui recherchent des sensations fortes à bord de leurs deux roues motorisés. Entre prise de drogue, vitesses beaucoup trop élevées, la bande s’amuse comme elle peut. Cependant, alors qu’il manque de choir dans un cratère, Kaneda, qui semble être le leader de la troupe, propose de faire demi-tour et de se retrouver au bar habituel.

 

Cependant, sur le chemin, Tetsuo, une forte tête, défi son chef à travers une course. Et alors que le jeune homme prend l’ascendant, il évitera de justesse un petit garçon planté en plein milieu de l’autoroute pourtant désaffectée. Tetsuo va se blesser, et tandis qu’une entité semblant être l’armée débarque, il est mené à l’hôpital.

 

On ignore qui est ce petit garçon qui ressemble plus à une personne âgée, mais ce que sait Kaneda, c’est qu’il est bizarre. En effet, le garçon a disparu sans laisser de trace. Pire, impossible de savoir dans quel hôpital est Tetsuo.

 

On découvre que Kaneda et sa bande sont des adolescents qui subissent un apprentissage scolaire un peu rude. Que dire de ce professeur d’EPS qui les passe à tabac sur ordre du directeur ? La scène est très choquante j’avoue, et montre l’état d’esprit de ce monde limite post-apocalyptique.

 

On y verra évidemment que le gouvernement essaie d’étouffer un peu tout afin de s’assurer de la bonne tenue des J.O. de Néo-Tôkyô. Et ce, alors qu’une partie de la population semble s’enfermer dans les paradis psychotiques. Nous constaterons assez vite qu’une sorte de rébellion s’est formée. Menée par un moustachu. Ryusaku et sa sœur Kei semblent mener un groupe qui s’interroge sur certaines activités de l’armée, dont le colonel dont j’ai perdu le nom, semble être le dirigeant.

 

Il y est question d’un futur réveil de Akira. Un être à la puissance psychique capable de servir d’arme meurtrière. D’ailleurs, si numéro 26 (le vieux garçon de l’autoroute) ne semble pas être celui-ci, il se pourrait que Tetsuo s’en rapproche. Le jeune homme va en effet développer des pouvoirs télé-kinésiques, lui offrant un mal de crâne que seule la drogue peut calmer.

 

Ainsi, nous allons suivre tout ce petit monde (déjà bien fourni) à travers la recherche d’une sorte de vérité, ou, tout du moins, de qui est Akira, et de son prochain réveil.

 

Ce manga peut se vanter de plusieurs choses. Proposer un monde apocalyptique, chaotique, et réaliste à la fois. Les décors sont glaçants de réalismes. La beauté du trait du mangaka impressionne. Tout comme les personnages créés. On s’attache immédiatement à Kaneda, bien qu’il semble désinvolte face à la grossesse d’une de ses conquêtes (l’infirmière de l’école). En plus de s’attacher aux personnages, on aura droit à beaucoup d’action. Des raids menés contre ce que je nomme la résistance, bien que ce ne soit pas tout à fait ça. Des courses poursuites, des fusillades. Bref, on ne s’ennuie jamais ici, et l’action est parfaitement lisible.

 

J’ignore si c’est grâce au grand format, mais la découpe des cases est impressionnante. Le dessin s’en retrouve magnifié, et l’action aussi. Je revois ce face-à-face, qui intervient assez tôt, entre Kaneda et un Tetsuo qui commence à prendre de l’assurance suite à son accident. On verra aussi de l’anticipation de ce qu’aurait pu être le futur. Une vision des années 2010 vues de 1982. Des motos aux looks futuristes, mais pas trop. Des hélicoptères fonctionnant comme dans les années 80, des automobiles au design un peu différent, mais restant proche de celles que nous connaissons (bon, plutôt Buggy que voiture). C’est ce qui me fait dire que nous sommes plus en face d’une œuvre d’anticipation que de science-fiction.

 

Et puis il y a cet aspect fantastique. Avec moult questions non résolues à la fin de ce premier tome. Pourquoi ces enfants portent-ils des numéros ? Pourquoi ont-ils l’air si âgés ? Pourquoi l’armée les garde sous haute surveillance ? D’où sorte ces pouvoirs télé-kinésiques ? Qui est Akira ? Enfin bon. D’ailleurs, le principe des pouvoirs offre des scènes d’action qui tiennent encore largement la route en 2020. C’est spectaculaire, les conteneurs, les grues, les camions. Les explosions aussi, les débris. Tout y est magnifique.

 

Si ce premier tome offre plus de question que de réponse, il faut le job. Il happe, et donne envie d’en savoir plus, de lire la suite. Le prix ne doit pas être un frein, les 14,95 € sont largement mérités. Attention cependant à ne pas vous faire avoir avec l’édition de 1999-2000 qui semble posséder une localisation bizarre, et surtout un sens de lecture occidental, ce qui gâcherait un peu le plaisir quand on connaît les mangas.

 

« Akira » est une œuvre majeure en film, ça, nous le savions (même si je n’ai pas compris grand-chose au long-métrage), mais en manga, elle semble être une œuvre fondatrice de la nouvelle vague qui arrivera au début des années 80, TORIYAMA, HÔJÔ, ARAKI, URASAWA et j’en oublie. ÔTOMO nous livre un manga parfaitement maîtrisé, captivant et de toute beauté. Il doit être lu et même possédé par tout.e fan de manga. J’ai adoré.

 

@+

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