Cultivons la curiosité
Découvert très tardivement, j'avoue avoir pris une claque en voyant ce film de Brian DePalma. Le film est sorti en 1983, dure bien 2h40, et les joueurs (et joueuses) de Grand Theft Auto : Vice City retrouverons là la source d'inspiration principale du hit de Rockstar North. Déjà le lieu, Miami (Vice City dans le jeu), et cette idée que parti de nulle part on peut arriver à un empire. Enfin bon, je sais que ceux l'ayant déjà vu n'ont pas besoin d'explication de sa présence dans cette semaine spéciale cinéma culte. Les autres, bah il va falloir trouver le DVD, le BluRay ou une plateforme VOD pour rattraper cet odieux retard tant l'œuvre est puissante, magistrale même. Regardons une vidéo.
Vidéo de UniversalMoviesFr.
Oui bon, là c'était la VF, mais j'ai vu le film en VOSTFr. Donc, scénarisé par Oliver Stone, on y voit Al Pacino interpréter Antonio Montana, un exilé cubain au lourd passé sur l'île de Fidel. El commandante qui a décidé en 1980 d'ouvrir un de ses ports pour extrader les ressortissants américains et leurs familles, il en profite au passage pour balancer des prisonniers parmi les pires de son pays, tranquille le mec. Du coup on assiste à l'interrogatoire de Antonio "Tony" Montana par les autorités ricaines. On constate que les représentants des forces de l'ordre ne sont pas dupes, ils voient bien que Tony n'est pas une jeune idol et qu'il a certainement fait de la prison vu son tatouage. Donc le voilà dans un camp de réfugié depuis un mois, quand son pote Manny trouve le moyen d'obtenir la fameuse Green Card, afin de bosser aux USA. Il suffit d'assassiner l'ancien bras droit de Castro que celui ci a éjecté car il devenait trop encombrant. Ce meurtre va enfin ouvrir les portes de la belle Amérique à Tony et ses amis.
Les débuts sont compliqués, obligé de faire la plonge, Tony s'impatiente, quand enfin une mission lui est confiée, qu'il refuse car mal payé, le mec est ambitieux et va vite rencontrer le boss de la région, Frank Lopez, c'est là que va débuter l'ascension de Tony dans le monde de la pègre. Ah, la scène du motel et des colombiens, ultra violente, avec une tension énorme, putain, la tronçonneuse vous marquera.
On voit Tony grimper les échelons, n'hésitant pas à court-circuiter Lopez en s'adressant directement à Sosa, qui de Bolivie, gère le marché de la cocaïne. À travers une tentative ratée d'assassiner Tony, Lopez va voir son plan se retourner contre lui, là aussi entre le night club, puis la concession automobile de Frank, la tension et l'ultra violence sont présentes et impressionnent. Le pire étant que nous n'avons pas encore atteint le sommet. À partir de là Tony va construire un empire immobilier, avec des banques, des agences de voyages, une baraque immense, il obtiendra même la belle Elvira (ex compagne de Lopez), bref tout roule pour lui.
Bien sur à un moment ça va partir en vrille, quand le banquier va se montrer trop gourmand pour blanchir l'argent, la fine équipe va se tourner vers un juif, moins gourmand, il va surtout piéger Tony car il s'agissait d'un flic. C'est là que la descente débute. Notre personnage principal ne voulant pas retourner en prison (sa période cubaine), il va trouver un arrangement avec Sosa qui a la solution, mais pour obtenir cette aide, Tony va devoir aider le nettoyeur du baron de la drogue à assassiner un homme un peu trop bavard et s'intéressant un peu trop à Sosa et ses amis. Dans une scène tendue à l'extrême, l'assassinat capote, et Tony se retrouve particulièrement énervé, il sait que Sosa va vouloir le buter, mais avant il doit retrouver sa sœur Gina. Là encore nous avons une scène dingue, quand il retrouve à la fois son associé Manny, et Gina. Dans son immense bureau Tony regrettera son geste, seul fois où l'on voit le personnage avoir des remords et avoir un semblant d'humanité.
Le final est grandiose, comme la baraque de Montana, une fusillade avec une fin iconoclaste, ça termine de façon brillante un film faisant preuve d'une violence extrême. Car oui, même si on peut regretter le fait que les cubains y sont présentés comme des mafieux revendeurs de drogue, c'est le personnage de Tony Montana (interprété avec génie par Al Pacino) qui fascine, n'hésitant pas à tenir tête au bras droit de Lopez alors qu'il n'est rien. Le mec à les crocs, il veut aller haut, il veut ce rêve américain. Seulement à force de vouloir tout contrôler, il va se retrouver à tout perdre. Sa femme Elvira (Michelle Pfeiffer), ne voulant pas d'enfants à cause du danger de la situation de Montana. Son copain de Cuba Manny, qui a fait l'erreur de vouloir être heureux avec Gina sans l'aval de Tony. Malgré le durée assez longue quand même (2h40), on reste captivé du début à la fin, par une réalisation propre de DePalma, je pense à ces plans de grues lents, avec le motel des colombiens, quand la caméra va voir ce que fait Manny et revient sur le lieu de l'horreur, mais aussi à la fin dans l'immense demeure de Montana, toujours ces plans de grues lents et beaux quoi. Nope, je me la joue pas étudiant en cinéma, mais ça apporte une douceur dans cette violence. Cette dernière est ultra présente, le téléspectateur n'est pas épargné, ah quand Tony bute le nettoyeur du bolivien, ou toujours la scène des colombiens dans le motel. La personnalité de Tony aussi, limite bouseux, pas d'éducation, parle cru (le nombre de Fuck dans ce film, c'est impressionnant), mais a une ambition sans faille, qui le mènera à sa perte. Mmmmh, mais concluons.
Puissant, violent, extrême même, ce film est juste l'histoire d'un personnage qui aurait dû croupir dans les geôles de Castro et qui voit dans son extradition chez l'oncle Sam, un nouveau départ, mieux, le moyen de devenir quelqu'un. Il aura souvent de la chance (les colombiens encore, mais aussi la tentative d'assassinat dans la boîte de nuit), mais elle disparaîtra à la fin, offrant un final incroyable et, allez je spoil, une mort iconique à l'un des plus charismatique gangster (ou truand) que le grand écran ait porté. Un film qui se doit d'être vu et même possédé en DVD ou BluRay. Une œuvre impressionnante, tendue, violente, j'ai adoré.
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