Cultivons la curiosité
Juste avant de réaliser Les Profs, Pierre-François Martin-Laval (dit PEF) a fait un deuxième film après l'excellent Essaye-moi, vous aurez deviné que j'ai aimé ce King Guillaume, d'où sa présence dans cette semaine spéciale film que je considère à voir. Rares sont les films français que je chronique, encore plus rares sont ceux que j'aime. La présence de Florence Foresti n'est pas anodine au fait que j'apprécie ce film, mais c'est surtout cet humour sensible de PEF qui fait mouche, il co-écrit le scénario avec Jean-Paul Bathany et Frédéric Proust, de plus ce script est librement inspiré de Panique à Londres, une bande dessinée scénarisée par René Pétillon et dessinée par Jean-Marc Rochette. Ne connaissant pas du tout l'œuvre papier, je ne peux faire aucun comparatif. Le film est sorti en 2009 et voit le retour à l'écran, devant la caméra du réalisateur, de Pierre Richard, qui cette fois ci possède un rôle ayant un peu plus d'ampleur. On trouvera aussi Isabelle Nanty et Omar Sy. Je vous explique l'histoire et pourquoi c'est bien juste après la bande annonce.
Vidéo de BVI France.
Oui, il y a aussi Terry Jones, en professeur un peu déluré, qui va expliquer à ses élèves l'existence d'une petite île bien embêtante pour la Grande-Bretagne. Se nommant Guerreland, elle est indépendante suite à la trahison de Delagny, n'hésitant pas à trahir son pays d'origine (la France) au profit de l'Angleterre, en récompense de cet acte (datant de 1415), Delagny obtient une île et le royaume de Guerreland devient indépendant. Toute l'introduction est en VOSTFr, et on retiendra un procédé assez identique pour Les Profs 2. Et donc depuis le début du XVème siècle, l'île vit dans la paix et la trahison, avec l'hymne "trahir, trahir, tel est notre créneau" et je ne sais plus la suite, mais on devine aisément l'état d'esprit de l'île, où tout n'est que mensonge et traitrise, on ne se regarde surtout pas dans les yeux quand on trinque. Ah, petit détail, le nombre d'habitant de l'île, je vous le donnerai juste après la présentation de notre couple star. Guillaume et Magali ont une vie simple, leur rêve ? Acquérir une maison, parce que le truc moche dans lequel ils vivent n'est pas très, euh comment dire, loin d'une vie parfaite, merde, je ne sais plus comment dire, mais en gros ils économisent comme des fous pour s'offrir un joli pavillon. Lui conduit un petit train touristique (vous savez le truc sur roues), et elle fait partie de l'orchestre de la ville, seulement son Tuba n'est pas bien utile.
Autre point, après une fausse couche, Magali est enceinte de 2 jumeaux, disons d'un couple, comme le dit si bien la future mère. Il ne lui faut aucun choc émotionnel pour être sûr que tout se passe bien. Le truc, c'est que comme tout être normalement constitué, elle rêve d'une vie plus aisée, alors que Guillaume est plus pragmatique. Alors quand William-Fernand arrive en France pour notifier à Guillaume qu'il est l'héritier du trône de Guerreland, si lui arrive à garder la tête froide, elle au contraire se voit princesse. Cependant son mari arrive à la raisonner, histoire qu'elle ne s'emballe pas trop. Le détail que l'on connait d'entrée et que je ne vous ai pas dit, c'est que l'île est ridiculement petite, et que si l'on compte le roi mourant, la population de l'île est de 6 personnes et un Alpaga.
Les habitants de l'île sont bien pourtant, ils ne veulent en aucun cas se retrouver en Grande-Bretagne comme réfugiés, pour cela il va falloir convaincre Guillaume de signer, surtout qu'entretemps le roi est mort. Pour cela, les insulaires font devoir employer la trahison, le mensonge, et la fourberie, en poussant l'héritier à signer sans voir l'île. Quitte à l'emmener à un enterrement d'un haut dignitaire, le faisant passer pour le roi. Suite de quoi Magali va s'emballer, elle retirera tout l'argent, et fera une grosse fête. En même temps Guillaume découvre l'île, son palais inachevé, et en fait vite le tour. Ce qu'il ignore c'est que sa femme se voit reine "pliez les genoux pour voir, voilà, c'est comme ça qu'on salue une reine" et du coup se lâche complétement. Et ce qui aurait pu s'apparenter à un truc rigolo tourne au drame, sans argent, ils sont obligés de vivre dans une petite cabane, enfin là j'arrive déjà à la fin, je ne vais pas tout raconter.
Ne durant que 1h22, le film est court, ce qui n'empêche pas de se marrer. De plus, comme pour son film précédent, je vois ce film comme une fable, comme le fait que les gens simples doivent savoir être pragmatiques par moment, savoir se contenter de ce que l'on a, même si rêver n'est pas mal par moment, il faut toujours savoir rester les pieds sur terre. Si l'on pourrait penser que le couple à l'affiche pourrait porter le film, c'est en fait Pierre Richard qui est le plus intéressant ici, du moins je trouve. Oui, PEF et Florence Foresti sont parfaits en couple simple qui se retrouve roi et reine, même d'un bout de caillou, mais Pierre Richard est tout en sensibilité, en calme, tout en interprétant un personnage qui trahit, en se doutant que taire le million d'euros proposé par l'Angleterre à Guillaume pour l'île est une énorme trahison, ce que fera remarquer en rigolant le personnage de Jean Peter.
Ce n'est pas tout, car si on pense à la famille Adams qui se plait de chose normalement effrayante, ici on remplace l'horreur par la trahison, Guerreland aime trahir, jusqu'à en faire un chant national restant en tête même si j'ai paumé les paroles. On trouve des parodies aussi, Pretty Woman en tête. Et des plans bien trouvé, quand Guillaume part on ne sait où avec la locomotive roulante de son petit train, qu'il attend a un passage à niveau avec le panneau "Un train peut en cacher un autre", je trouve ça très drôle. Tout comme les personnages haut en couleur, voir la visite de la vraie-fausse île par la future reine, où les personnages sont d'une spontanéité incroyable, quand William demande de ne surtout pas faire comme si c'était chez eux et que Paméla lui répond "oui mais faire comme si ce n'est pas chez nous alors que c'est chez nous ce n'est pas facile non plus", il y a aussi le bar de l'île qui se situe dans un galion échoué et de travers, on voit la reine s'assoir et William la bloquer comme si de rien n'était en s'asseyant lui aussi, enfin bon, il y a plein de bons moments, drôles, pas tout le temps hilarant non plus, mais c'est efficace, simple et fort en émotion.
En fait, tout comme Essaye-moi, Pierre-François Martin-Laval nous offre une comédie touchante, avec des personnages simples, attachants, et dont certains ont cette particularité de trahir, mais n'y voyant pas quelque chose de mal. On savoure la façon dont Magali envoie tout valser quand elle sait qu'elle sera reine, cessant enfin de courber l'échine devant la chef de l'orchestre, chose que l'on rêve tous de faire, avoir la franchise de tout envoyer valdinguer mais que l'absence de status nous empêche de faire. Avec des guest sympathiques, Terry Jones et Yannick Noah, un cast qui fonctionne parfaitement (j'adore Pierre Richard et aussi Isabelle Nanty dans ce film). Bref, un film drôle et touchant, à voir et que j'ai adoré. En plus vous devriez le trouver pas trop cher en DVD voire en VOD.
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