Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowter

12.10.2017

L'album.

Ils sont cools, vidéo de orelsan.

Après un titre fort sympathique dans Le chant des sirènes d'Orelsan (Ils sont cool), Les Casseurs Flowters sortent un album complet en 2013, avec chaque titre ayant un lien avec le suivant, à l'aide de petites scènes de fin de chanson en fait. Résultat l'album s'écoute d'une traite et raconte une histoire. Il n'est pas noté piste 1, 2, 3, comme on a l'habitude, non, ici ce sont des horaires qui font office de repères, en effet nous allons suivre le duo à travers une journée typique, qui débute à 14h58, normal pour des jeunes un peu perdus qui doivent bosser sur leur album, en commençant par un single. Leur producteur ne manquera pas de les harceler d'ailleurs. Il est à noter que cet album voit une suite avec la bande son du film Comment c'est loin. Oui, je sais, c'est un peu compliqué, mais sachez que ce disque, complété par le film Comment c'est loin mais aussi la bande son de ce dernier, ben ces trois œuvres racontent une histoire de jeunes artistes un peu paumés, et loin d'être désagréable, je reviendrai sur le film et son disque plus tard.

On débute donc par un Opening, façon anime, avec Mote Aoki pour la voix japonaise, ainsi le titre dure 1'44, un peu comment un vrai opening en fait, avec donc un passage final introduisant le titre suivant Regarde comme il faut beau (Dehors), en trio avec Izia, et on découvre un peu plus la personnalité des deux compères. Mince, j'ai aussi oublié de parler en complément de la mini série Bloqués, on retrouve cet humour un peu spécial, parfois geek, parfois de feignasse (ça plairait à notre président ^-^). Ainsi si l'on écoute pas Opening, on ne comprend pas trop d'où sort ce refrain rigolo, en effet cherchant de l'inspiration, Orelsan zappe sur les dessins animés histoire de choper un truc à sampler. Si Opening partait sur un son rock, ici c'est plus rap classique, même avec le sample marrant. Ce qui surprend le plus c'est qu'on se retrouve à vouloir suivre les paroles, oui, normalement le rap il faut suivre les paroles, mais excusez-moi, je trouve que dernièrement ce genre (du moins en France) n'offre pas de grands textes, seul Soprano arrive à m'intéresser, mais nous sommes loin, très loin des I Am et NTM je trouve, enfin bon, je ne vais pas débattre là dessus, sachez juste que Maître Gims, Black M ou JUL, bah je n'aime pas trop.

Donc, maintenant nous voilà devant Stupide ! Stupide ! Stupide ! , titre plaisant, où ils expliquent les conneries qu'ils peuvent faire. Si sur certain point on peut se reconnaître, disons que ça va un peu loin. Je n'aime pas trop cette chanson, ne lui trouvant rien de foufou. La chanson qui suit change de chanteur, c'est Ablaye qui s'y colle dans le rôle du producteur, avec des paroles très drôles « même moi j'me dois d'l'oseille », c'est une chanson intermédiaire disons, rigolote sans arriver à atteindre une playlist.

Deux connards dans un abribus est très bien découpée, décidant d'aller faire un tour au centre commercial pour manger un bout (après l'émotion de la branlée que le producteur vient de leur passer), ils attendent le bus et dialoguent, très brèves, et bien oui on dirait des brèves de comptoir en fait, le tout magnifiquement bien monté, et la chute ne manquera pas de vous faire sourire. Un titre très plaisant, à l'instru assez discrète. Prends des pièces par contre nous montre la difficulté de trouver un job convenable, avec ce texte incisif comme « quel différence entre les tueurs en série et ceux qui travaillent à l'abattoir ? », enfin bon, c'est ça tout du long, une fois de plus c'est le texte empreint de réalisme, ça sent le vécu, qui attire. Une excellente chanson. Avec des sons qui vous rappelleront Super Mario Bros.

Bloqué est la plus connue, très sympathique, pourtant le texte est moins poussé je trouve, un très bon titre pourtant. La mort du disque est hilarante, où Orelsan et Gringe ragent contre une musique de merde et s'amuse à défoncer des CD, on appelle ça cracher dans la soupe, mais ça fonctionne pourtant, une chanson marrante, surtout quand Gringe demande à son compère de se calmer avant de partir encore plus vénère qu'Orelsan. Euh, je n'ai pas grand chose à dire sur Dans la place pour être, ah si, c'est le background qui est positionné ici, ainsi chacun va raconter sa jeunesse, Orelsan à Alençon et Gringe sur Cergy-Pontoise, une chanson qui là est autobiographique, plaisante en fait, c'est juste que je ne me souvenais pas que cette chanson portait ce titre. La nouvelle paire par contre ne sert pas à grand chose, un son un peu lourd, toujours cet humour spécial « Si t'as des nouveaux implants, fais voir ta nouvelle paire ». Il s'écoute dans la continuité de l'album, mais seul non.

Fais les backs est une sombre histoire, avec tout ce qui est un peu bizarre que l'on peut faire, genre ne remplir que la réserve en faisant le plein de sa voiture, une fois de plus c'est le texte qui est intéressant même si la compo rythme bien le tout, encore un excellente chanson. Le titre suivant est un argumentaire contre-argumentaire sur la prostitution, avec le côté positif chanté par Gringe, le côté négatif par Orelsan, une sorte de rédaction très plaisante. Johnny Galoche se fout de la gueule des chanteurs de R'n'b français, avec les ouuuuuuooo ouuuuooo, avec des soupirs, sur l'histoire d'un mec qui ne rêve que de rouler des pelles, complètement hilarante, cette chanson très courte parodie donc les chanteurs français qui font ce type de chanson, le final avec la sonnerie Coin Coin est excellent. Ce titre permet d'introduire Change de pote, très rythmée aussi, cette chanson explique le côté délicat d'avoir un pote que ta meuf n'aime pas, très bien conçue, on retrouve Izia dans le rôle de la meuf lourde, pourtant avec des vérités, comme quand il part avec des fringues et ne les ramène jamais. Excellent titre.

Manger c'est tricher est donc l'histoire de potes qui se déglinguent à l'alcool, avec des phrases qui marquent méchamment, comme dans « Je fais comme l'état, j'expulse du Rhum (/Rom) », ou comment parler de fait de société camouflé sous un titre pouvant paraître simple à la première écoute, brillant, je ne surkiffe pas pourtant, mais ça s'écoute bien. Greenje et Orselane nous indique comment bien prononcer les surnoms des membres du groupe, ainsi, de façon un peu violente, ils jouent sur leurs surnoms, comme quand ils comparent Gringe avec Gweenje, Grinch, Grange ou Grunge, une fois plus ce titre est marrant. On termine cet album avec Des histoires à raconter qui clôt avec calme cet album, avec une scène de fin qui prouve que pas grand chose n'a bougé depuis le début de leur journée.

Ainsi s'achève moins de 24 heures dans la vie des Casseurs Flowters, où l'on nous aura exposé tous leurs maux, mais aussi une idée de la société refoulant quelque peu la jeune génération. Ce qui m'avait le plus surpris c'est de constater que Guillaume Tranchant et Aurélien Cotentin sont des trentenaires, mais à travers leurs expériences passées, ils arrivent à parler à la jeune génération, celle ci manquant de repère. Si l'on se reconnaîtra quelque peu dans les paroles, j'avoue que de constater que même avec 10 ans de plus que les jeunes actuels, les problèmes n'ont pas changé, soucis d'emploi, d'implication, d'adultes disant que les jeunes ne branlent rien, alors qu'ils ne sont pas foutus d'essayer de les intégrer. Plus surprenant le passage sur la prostitution est intriguant et abordé de façon frontale, sans détours. En gros, même si je ne m'y reconnaît dans les ¾ des paroles, j'estime qu'ils sont assez francs pour rendre l'écoute de cet album intéressante. Si les compo ne sont pas tout le temps marquantes, les textes sont bien tournés, et si on ajoute que Orelsan et Gringe ont deux caractères complémentaires, oui, si vous n'avez pas 40 ans cet album vous parlera indéniablement. Je vous le conseille fortement, j'adore, et si vous voulez aller encore plus loin dans cet univers, la mini série Bloqués, le film Comment c'est loin et sa bande son, devraient vous permettre d'approfondir tout ça, et de mieux comprendre certains textes. J'adore et vous conseille l'achat et l'écoute (sérieuse) de cet album.

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