Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cultivons la curiosité

Neuilly sa mère !

Neuilly sa mère !

Alors bon, en pleine semaine spéciale cinéma, balancer une comédie française n'est peut-être pas le meilleur hommage que l'on puisse faire à la grande toile. Cependant, derrière un titre tendancieux, dont on devine que les divergences de religions et de niveau social sera le point principal des rigolades à venir, il demeure une certaine sensibilité et surtout un point de vue assez inédit. La film est réalisé par Gabriel Julien-Laferrière, il est sorti en 2009, et voit sa suite sortir récemment au cinéma. Inversant les rôles 9 ans après l'original.

Vidéo cinemaetcie.

Chalon-sur-Saône, petite ville de banlieue dans laquelle Sami, 14 ans, s'épanouit et est heureux avec trois fois rien. C'est certes pas beau, les gens sont tous aussi laids, mais il aime bien cette ambiance où l'on peut voir la mère d'un de ses potes lancer de violentes injures auprès du dealer du coin, tout en lui assénant des coup de sac à main. Sami s'accroche à l'école, pas élève modèle mais pas fainéant pour autant, cette vie lui convient, et il veut s'en sortir sans jamais se plaindre.

 

Le petit Sami est d'origine Algérienne, et possède une histoire particulière avec Zinédine Zidane et la victoire de la France lors de la coupe du monde de football 1998. Son père (joué par Ramzy Bédia) fan de football, décédera d'un arrêt cardiaque lors du premier but de Zizou. Résultat, pour le jeune garçon, le football et plus particulièrement l'idole Zidane, sont synonymes de tristesse. Alors qu'il s'en sort avec sa maman, celle-ci trouvera un boulot sur un paquebot. Seulement, hors de question de laisser son fils unique seul, du coup, Sami va se retrouver chez sa tante, en banlieue parisienne.

 

Il n'y a qu'à entendre les films que ce font ses amis pour bien se marrer, dans le 9-3 ils utilisent des bazooka carrément, c'est fou. Les provinciaux (dont je fait partie) s'offusqueront un tout petit de cette façon très parisienne de voir les non parisiens, à savoir limite comme des bouseux ne connaissant rien à la capitale. Mais comme l'humour est bien mené, on pardonne aisément. Direction l'Île de France. Manque de chance, ce n'est pas St Denis ou tout autre ville de banlieue réputée « craignosse », mais bien Neuilly, « la ville de Sarkozy » comme le dit si bien le jeune ado.

 

Là, il faut connaître le contexte du film, Nicolas Sarkozy est le président de la France, et beaucoup de choses tourneront autour des frasques du mari de Carla Bruni-Sarkozy. Les phrases que l'on entend dès la bande annonce comme « ma chambre, tu l'aimes ou tu la quittes » en font partie. Et malgré cette politisation et le fait qu'un jeune garçon de banlieue de Province se retrouve dans un univers « riche », provoque des disparités bien menées qui s'avèrent hilarantes.

 

Je ne parle même pas de l'école. On se remet à peine les frasques du cousin (par alliance) de Sami, un pro-Sarkozy de 15 ans qui veut devenir président de la république, qu'on tombe sur l'école privée. Une Josiane Balasko impeccable dans le rôle de la directrice, mais surtout des élèves au look improbable. Coiffure façon Justin Bieber, qui kiffe le rap. Là c'est un passage où je me suis clairement pissé dessus de rire. Quand les 3 jeunes disent à Sami qu'ils connaissent le rap, et qu'ils adorent.... Tony Parker, TiPi vas-y balance balance balance. Honnêtement, si vous ne connaissez pas, vous avez de la chance, mais pour que la vanne soit parfaitement comprise, essayez d'écouter un minute de cette chose, un peu OVNI, qu'Eva Longoria adorait quand elle était mariée avec le basketteur Français, mais qui avoua rapidement (après le divorce) que c'était quand même bien pourri.

 

Après avoir reprit mes esprits, on tombe sur une comédie française classique, mais un peu mieux menée que d'habitude tout de même. Jouant sur les codes du pauvre qui atterrit chez les riches, du fils d'immigré Maghrébin qui se retrouve face à la future élite Française. Ceci peut paraître délicat, mais le réalisateur ne sombre pas dans le surjeu ou la surenchère d'humour pas drôle. Oui, les personnages sont des clichés, mais ils passent bien. Notamment la tante de Sami qui est excellente et qui participera elle-même au lynchage de son neveu alors que celui-ci était innocent. Le savon qu'elle lui passe est encore plus abjecte que si c'était un vieux blanc qui gueulait sur Sami, surtout que l'on sait qu'il n'y est pour rien.

 

Comme souvent dans les comédies, tout s'arrangera, même les Picasso (dont on mettra un moment à comprendre d'où vient ce nom, et qui comporte un Booder qui s'amuse comme un fou) se calmeront. Et en fait ce seront plus les hautes classes de la société qui prendront une leçon que l'inverse. Ceci grâce au point de vue du film, qui se base exclusivement sur son personnage principal, Sami. Celui-ci n'est ni une « racaille », ni super intelligent donc pouvant faire partie de ce que l'on nomme parfois la discrimination positive, à savoir mettre un humain issu de classe inférieure ou de ce que l'on nomme « minorité » pour le mettre en avant et se dédouaner de tout racisme. Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais Hortefeux avait employé maladroitement ce procédé en mettant en avant un de ses collaborateurs d'origine Maghrébine, en disant qu'il en fallait, mais pas trop. Vous ne me croyez pas ? Bah si pourtant, des Ministres peuvent dire des propos aussi gerbants, sans rien craindre. C'est beau la politique Française. Mais passons.

 

Je pense que si Sami est finalement le plus « normal » du lot, son cousin Charles est le plus drôle. Il incarne ce que sont les « fils de » qui feront probablement Science Politique ou HEC, et seront nos futurs gouvernants. Mais alors l'entendre dire sur son lit d'hôpital, en larme, « je suis un looser, je suis Baladur », j'ai manqué à nouveau de m'étouffer de rire. Encore une référence, non pas d'époque, vu qu'il faut remonter à 1995 pour la comprendre, mais je pense que le terme « je vous demande de vous arrêtez » est connu, même par les plus jeunes. En gros c'était un homme politique qui était aidé (déjà) par Nicolas Sarkozy, et qui allait être élu, à coup sûr, président de la république en 1995. Selon tous les sondages, c'était lui le gagnant. Mais comme souvent, le second tour sera inattendu, entre Lionel Jospin du Parti Socialiste et Jacques Chirac (et son slogan « Mangez des pommes »). Le soir de sa défaite, Édouard Baladur, devant les sifflets de son camp (portés contre Jacques Chirac) demandera à toute son assistance de s'arrêter et mettra fin à sa carrière politique dans la foulée.

 

Enfin bon. Voilà une comédie française bien réalisée, jouant sur les clichés sans virer dans l'émotionnel à outrance. Oui, parfois les ficelles sont grosses, comme le fait que le mari de la tante de Sami gère une entreprise qui fait dans le cochon... mais honnêtement ça passe bien grâce à la fraîcheur des acteurs (Samy Seghir est incroyable de justesse malgré ses 14 ans), Valérie Lemercier et Denis Podalydès, en riches divorcés voisins ne pouvant pas s'encadrer, sont délicieux, leurs dialogues montrent à quel point la haine peut faire partie du quotidien des plus riches. Malgré ces ficelles, malgré un scénario « comédie » et un peu simple, on rigole et l'heure trente passe très rapidement. De là à aller voir la suite ? Non. Car comme pour « Les Indestructibles », je ne comprend pas l'intérêt d'une suite aussi tardive. Pour surfer sur la haine anti-Macron ? Je ne sais pas. Mais en attendant, soyez certaines et certains que je vous conseille ce film, marrant, et c'est déjà bien. Surtout il possède pas mal de jolies répliques, parfois hilarantes. J'ai adoré et c'est rare pour être signalé sur une comédie française.

 

@+

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article