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Cultivons la curiosité

Gaston Lagaffe (film)

Gaston Lagaffe (film)

J'en avais parlé lors de la chronique sur une BD de Gaston Lagaffe, il me fallait voir, par curiosité, ce que pouvait donner la licence dans les mains de Pierre-François Martin-Laval (PEF). L'ancien membre de la troupe comiques des Robins des bois avait réalisé deux beaux films, et deux mauvais. "Essaye-moi" et "King Guillaume" possèdent une sensibilité et un humour fin, simple, et drôle, qui me parle. Manque de chance, ces deux films ne connurent pas un grand succès.

Du coup, PEF se lança dans un style de film que les spectatrices et spectateurs Français.es apprécient. L'adaptation en réel d'une bande dessinée comique. Bon, les films marchèrent en salle plus pour la présence de Kev Adams que pour leurs qualités. Mais "Les Profs" et sa suite, "Les Profs 2", sont assez mauvais. D'un point de vue personnel, je les trouve indignes des capacités de PEF. Le 2 a réussi l'exploit de me faire regretter Christian Clavier, c'est vous dire.

Mais passons, car en 2018, Pierre-François Martin-Laval se lance dans l'adaptation d'un personnage débonnaire, flemmard, drôle, Gaston. Si la création de André Franquin fonctionne sur papier, avec ses gags, qui s'étendent parfois sur plusieurs pages, reconnaissons que la BD n'est pas immense. Pourtant, j'avoue avoir un brin de nostalgie. Je repense au fait que c'était mon genre de lecture quand j'étais petit. Du coup, on se regarde la bande annonce avant d'aborder ce film.

Vidéo de FilmsActu

Déjà, j'ai obtenu un code pour voir un film en HD gratuitement sur RakutenTV. Parfois, si vous faites un achat sur Rakuten (ex-Priceminister je rappelle), vous obtiendrez un code. Bien sympa. Du coup, je me risque souvent à voir des films ne m'attirant pas spécialement. Le genre de film que je veux voir une fois, sans plus. Il se trouve que "Gaston Lagaffe" correspond pile à cette catégorie.

Ensuite, il faut aussi savoir comment je l'ai vu. En le picorant. Presque en faisant autre chose. Oui, le film ne m'a pas passionné. C'est surtout sa structure sous forme de tranches qui m'a sorti. Et le fait que l'on voit venir la fin dès les premières minutes du film. Dire que le film ne dure que 1h24, alors qu'il m'en a paru le double.

L'adaptation est scénarisée par Mathias Gavarry et PEF. Elle est totalement huée par les ayants-droit de André Franquin. Et pourtant, il y a du monde à la production, comme si le film coutait des millions d'euros... hein ? 18,7 ? 18,7 quoi ? Millions ? Waaah, d'après sa fiche wikipédia, le film a couté 18,7 millions d'euros. Ils sont où ? Non pas dans mon arrière train, ça ne rentre pas voyons!

OK. Cessons de nous étouffer avec ce chiffre incompréhensible. Et concentrons-nous sur le cast. Théo Fernandez (alias Donald, le benjamin de la famille Tuche notamment) incarne un bon Gaston. Il a la position voutée, le côté flegmatique et posé, bon, son nez est trop petit, mais franchement, il s'en tire pas trop mal. Pierre-François Martin-Laval en Prunelle, non. Là ça ne passe pas. Quand il crie, j'entends monsieur Merdocu (un personnage qu'il a joué pour les Robins des bois). Il n'a aucune autorité, et en aucun cas on croit en PEF dans ce gérant. Arnaud Ducret, et pourtant j'aime beaucoup cet acteur, en Longtarin, le policier municipal, non plus.

En fait, Théo Fernandez semble être bien le seul à s'en tirer. Avant que l'on ne voit Alison Wheeler en la très jolie Mademoiselle Jeanne. La secrétaire débordée, maladroite et amoureuse de Gaston, sied à merveille à l'actrice/comique. D'ailleurs ceci me permet d'en venir aux nombreux changements effectués pour le film. Exit la maison d'édition, maintenant c'est une start-up du nom de Aupetitcoin, qui rend utile l'inutile. Souvent des choses que l'on croit invendables, mais qui, avec une bonne idée d'utilisation et une petite vidéo promotionnelle, se vend forcément bien. Par exemple, une bouteille d'eau sans bouchon, ou un pantalon gigantesque (on voit un exemple dans la bande annonce).

Du coup, si Gaston reste le stagiaire s'occupant du courrier, Jeanne occupe une place de responsable marketing, avec le nez sur sa tablette, et l'horrible De Mesmaeker devient un concurrent qui veut racheter la boîte à prix d'or au début avant que Gaston n'entre en jeu. En y repensant, Jérôme Commandeur, qui joue De Mesmaeker, se débrouille pas trop mal. Bref, on va retrouver ce jeu du contrat à signer, mais c'est une chose qui échouera systématiquement par la faute à Gaston.

On retrouve la mouette et son chat noir & blanc. Bon, il y a un côté réaliste des animaux de Gaston qui fait bizarre quand on constate qu'ils sont modélisés en images de synthèse. Mais d'un côté ceci permet de laisser tranquille de vrais animaux, donc on pardonne. On retrouve aussi la vieille Fiat jaune et noir de Gaston, fonctionnant à l'huile d'olive (euh, vu la fumée noire qui s'en échappe j'en doute), ou avec des panneaux solaires. Ceci offre des gags (quasiment tous mauvais) avec Longtarin.

Comment dire, scénaristiquement c'est un enchaînement de gags, souvent pathétiques, sans queue ni tête. On salue la volonté de moderniser la boîte, mais bon, là n'est pas le problème car ce point là est bien fait. Le problème c'est cette enchaînement. Parfois, Gaston fait une grosse bêtise, et on change de plan, bim, on s'aperçoit que nous sommes le lendemain. Nous avions quitté le héros à droite du plan, rentrant dans son bureau, et là on le voit dans le hall de réception, venant de la gauche. Il y a clairement un immense problème de montage, mais aussi de positionnement d’ellipse. On ne comprend rien, et notre cerveau se déconnecte tout seul.

D'autant que le rythme est assez intense, trop même. Comme si nous prenions les pages de la BD, et que nous les tournions à un rythme trop rapide pour en saisir les gags. On bondit de situation comique en situation comique. Du coup, j'ai parfois rigolé devant une vanne bien placée, mais ça allait tellement vite que j'ai aussitôt oublié ce qui m'avait fait rire devant le côté pathétique du gag suivant. J'ignore si j'arrive à me faire comprendre, mais il y a un souci de rythme qui ne laisse pas le temps de savourer une bonne blague. Comme pour nous noyer sous un torrent de gag, en espérant qu'un fera mouche et qu'on oubliera ceux qui ne fonctionnent pas. Sauf que c'est l'inverse qui se produit.

Effectivement, "Gaston Lagaffe", le film, mérite son échec cuisant. Cependant, la BD n'en devient que plus sympathique au final. Le duo Alison Wheeler/Théo Fernandez fonctionne bien, et c'est là la seule chose correcte de ce film. Tout le reste est raté. C'est encore pire que "Les profs" et sa suite. Comment un réalisateur aussi talentueux et sensible que Pierre-François Martin-Laval peut se louper à ce point. On dirait que le film a été écrit torché, avec un cumul de gags qui espère que le spectateur et la spectatrice seront submergé.e.s et ne se souviendront que des trucs drôles. Sauf qu'il y a trop peu de choses drôles pour oublier les nombreux échecs. "Gaston Lagaffe" est un film à éviter, trop rarement drôle, et qui maltraite la licence créée par André Franquin. Je n'ai pas aimé.

@+

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