Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?

Après avoir sauvé la Reine, le Président, c'est au tour de la cérémonie la plus importante du septième art de voir Franck Drebin lui porter secours. Du moins, c'est ce que laissent penser les titres français des adaptations cinématographiques de la série "Police Squad". Ici, le titre original sera "Naked Gun 33⅓ : The Final Insult". Car nous sommes bien là face à la dernière apparition du personnage de Franck Drebin. Conclusion d'une trilogie initiée en 1988, nous allons donc pendant 80 minutes voir ce que nous réserve David Zucker, Robert LoCash et Pat Proft au scénario.

C'est Peter Segal qui se charge de la réalisation de ce film sorti en 1994 dans les salles obscures. Humour bas du front, gags à la pelle, jeux de mots invraisemblables, voici ce qui nous attend. Si le territoire français voit énormément de "Y a-t-il... ?" exister, ce n'est pas pour autant qu'ils ont tous la qualité du très bon "Y a-t-il un pilote dans l'avion ?" qui parodiait les grands films catastrophes de l'époque, avec un humour allant très vite. Mais regardons les premières minutes en version française (c'est ainsi que j'ai vu ce film), qui parodie "Les Incorruptibles" de 1987.

Vidéo de Antoine Roger

Bien que Jerry Zucker et Jim Abrahams ne soient plus de la partie, l'esprit comique ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker) persiste. Aussi lourd qu'il peut être drôle par moment, il faut dire qu'ils restent producteurs. Mais voyons le scénario, qui sera très rapide à résumer. Franck Drebin (Leslie Nielsen) ne veut pas être père, il a peur d'on ne sait quoi et fait d'horribles cauchemars. Il est à la retraite, vit paisiblement avec Jane (Priscilla Presley). Cependant, alors que son couple bat de l'aile, ses anciens collègues ont besoin d'un coup de pouce.

Un terrible attentat doit avoir lieu, mais la Police ignore où. Franck va ainsi reprendre du service et devoir s'infiltrer en prison pour obtenir des informations du cerveau de l'opération, le terrifiant Rocco Dillon (Fred Ward). Une aventure qui va mener tout le monde à la cérémonie des Oscars, où Hollywood est donc en péril.

Voilà, après tout, pas besoin d'un scénario trop fouillé pour faire une bonne comédie. Ici, on constate que Franck reste très maladroit et accomplit par moment de grandes choses sans le faire exprès. On retrouve Ed (George Kennedy) et Nordberg (O. J. Simpson), ses anciens collègues. Ainsi qu'une ennemie en la personne de la pulpeuse Tanya Peters (Anna Nicole Smith), qui pourrait bien cacher son jeu.

Au début, Franck est un parfait homme au foyer, mais la paternité l'effraie tandis que Jane veut un enfant. On joue énormément sur cette échange des rôles, la femme travaille tandis que l'homme assure les tâches ménagères. Aujourd'hui cela n'offre pas un décalage ultra comique, mais au milieu des années 90, ça l'était. Reste que Franck est un homme d'action, et il va aider ses anciens camarades.

Ceci l'emmène à enquêter sur Tanya Peters. Le truc étonnant, et c'est voulu, c'est que l'on voit un flashback des années Disco où Franck aurait déjà rencontré la belle blonde. Qui, 20 ans après, n'a pas changé d'un pouce. Elle est aide soignante, et donc Franck va feindre un réveil d'une vieille blessure au bras. Tout ceci afin de trouver l'adresse de Tanya.

Seulement, c'est une partie surprenante de l'hôpital où travaille la dame. Un lieu où l'on regarde si les personnes sont stériles ou non. Cela donnera lieu à un dialogue limite pédophile avec l'infirmière du début. Franck parlant de sa blessure au bras alors que l'infirmière pense qu'il parle du fait qu'il a mal au zizi. "On faisait des passes derrière la maison avec mon oncle quand j'étais petit". Avouez que, si le sens sexuel est horrible, le quiproquo fonctionne et offre un humour glauque, mais qui m'a fait sourire j'avoue.

Après, on passera sur le fait que pour obtenir l'adresse de Tanya, il faut qu'il regarde dans l'ordinateur, donc reste autant qu'il le faut, se masturbant plusieurs fois. Le jour-même où il doit passer une nuit torride avec sa femme afin de rabibocher son couple. On devine ainsi ce qu'il va se passer. Jane étant vexée que Franck reprenne du service et ait passé l'après-midi avec une femme. Elle fera ses valises en 30 secondes chrono, ayant appelé le taxi qui patiente déjà devant la porte.

Enfin, vous voyez le genre d'humour je suppose, ça n'est pas ultra recherché, mais dans l'enchaînement, ça porte à sourire voire carrément à se marrer. Ensuite Franck va devoir aller en prison pour faire parler Rocco, avant finalement de se retrouver à tout faire pour chercher l'enveloppe dans laquelle est cachée la bombe qui pulvérisera tout Hollywood.

La cérémonie sera ainsi gâchée par Franck, ainsi que le spectacle de Pia Zadora (dans son propre rôle). Le final propose un rythme assez dingue au niveau des gags, ce qui fait qu'il y en a toujours un qui fonctionne. Mais avouons-le, une fois le générique de fin terminé, on a tout oublié. Un générique long qui offre de belles pépites humoristiques. Se moquant de sa propre longueur, et parlant même des actrices et acteurs coupé.e.s au montage ("mais on les aime bien quand-même" est-il précisé).

Comment dire, si, plus jeune, j'aimais énormément ce genre de comédie, j'avoue qu'actuellement, ça fonctionne beaucoup moins bien. En fait, l'enchaînement est tellement intense, que l'on se sent gavé. Pire, certains gags ont très mal vieilli et peuvent être mal perçus. Mais Leslie Nielsen et sa tête de mec surpris, naïf ou qui n'y comprend rien, il est tellement drôle, qu'il sauve presque le film.

Presque car il me semble difficile de vous le conseiller. Même en ayant grandi dans les années 80-90, je ne connaissais aucune star de la cérémonie des Oscars. L'humour passe parfois mal, trop simpliste et allant beaucoup trop vite par moment. Reste un Leslie Nielsen très drôle, qui porte le film. J'ai aimé voir ce long métrage, mais ne compte pas le revoir de sitôt. C'est sympa mais sans plus.

@+

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